Génoéthique

Branche de la biotéhique ayant pour objet la génétique et ses diverses applications.

Essentiel

Toujours, sous des formes de plus en plus audacieuses, le même projet d'une humanité accédant par la technique à la perfection, au paradis sur terre. «Pour être en mesure de dire non à un tel progrès, il faudrait que nous acceptions de sacrifier l'espoir du paradis sur terre au risque d'une éternité dans une autre dimension. Un tel choix paraît insensé. Renoncer à une journée de soleil sur la terre pour une éternité dont on ne sait rien? Pourquoi?

Mais si l'homme de l'éternité choisit ce qu'il ignore, on peut dire que l'homme du paradis sur terre ignore ce qu'il choisit. Il est persuadé d'avoir préféré la proie à l'ombre. L'une et l'autre risquent de lui échapper. Puisqu'il attend tout de la vie, cette dernière ne peut à la longue que s'affadir à ses yeux. Puisque tout lui est dû, tout ne peut que le décevoir. Son existence a d'autant moins de sens en elle-même qu'elle est le seul sens de tout ce qu'elle contient. Tandis que pour celui qui, tourné vers la mort, vit chaque instant comme s'il était le dernier, le moindre rayon de soleil est une occasion d'émerveillement. Devant les événements heureux de sa vie, l'homme de la terre n'est qu'à demi satisfait: «Encore une chose qui est en-deçà de mes espérances», soupire-t-il. Devant les mêmes événements heureux, l'homme de l'éternité déclare, émerveillé et reconnaissant: «Encore une chose que je n'ai pas méritée». Devant le mal et le malheur, le premier s'estime floué par la vie, le second dit, comme Marc-Aurèle: «Encore une chose que nous ne regretterons pas!»Tout compte fait, c'est au second et non au premier que la terre elle-même se révèle dans toute sa grâce.»

Source: Perséphone, déesse des semences.

Enjeux

Les 22 et 23 octobre 2004 se tiendra à l'Université de Montréal un colloque ayant pour thème: Génomique, génoéthique et anthropologie. Les documents relatifs à ce colloque précisent bien les enjeux devenus l'objet d'une nouvelle discipline: la génoéthique. Les organisateurs de l'événement sont MM. Gilles Bibeau et Jean-Michel Vidal, Mme Delphine Roigt. Ils travaillent en collaboration avec le groupe d'Euro-Cos de l'Université de Montréal.

«Au cours des 10-15 dernières années, le développement fulgurant des biotechnologies et des tests génétiques ont posé des questions inédites à la génoéthique (disponibilité des profils génétiques individuels; création de génobanques; marchandisation des produits stockés dans les biothèques; multiplication des tests génétiques; discrimination génétique). Il est urgent de mettre au point une génoéthique ancrée dans une réflexion anthropologique sur l’être humain et sur le type de civilisation que nous souhaitons pour l’humanité de demain, et dans un questionnement philosophique au sujet du statut des (bio)technologies. Face à l’extraordinaire puissance des tests génétiques et des bio-technologies, on n’a plus le droit de proposer des réponses toutes faites appartenant à un âge dépassé : nous sommes en effet confrontés à la nécessité de nous pencher sur notre identité en tant qu’être humain et sur l’humanisme qu’il convient de faire prévaloir. Dans un contexte marqué par les excès potentiels de la génétisation, nous avons cru utile de nous interroger sur le statut des (bio)techniques dans l’humanisme contemporain en approchant la question des tests génétiques en référence aux thématiques suivantes : histoire de la prédiction, prédestination, prédétermination; de la religion à la science; santé publique et médecine prédictive; les mythes de la génétique; la prédiction en psychanalyse; le déterminisme et la liberté de choix; les liens entre thérapie et génétique; environnement et pharmacogénétique; aspirations sociétales ; dérives de la génétique. Nous rappelons que ni le Canada ni le Québec ne se sont donnés des comités nationaux d’éthique, comme c’est le cas de la France qui en possède un depuis 1983, qui auraient, entre autres, pour mission d’examiner les implications morales et sociales de l’application des nouvelles biotechnologies. Nos débats pourraient éventuellement contribuer à discuter des conditions de mise sur pied de tels comités nationaux de bioéthique.» [...]

«Le champ de la génoéthique s’organise de nos jours dans la tension entre, d’un côté, les approches juridique et légale qui s’imposent de plus en plus, et, de l’autre, l’entrée en scène de bioéthiciens qui s’interrogent, dans des perspectives sociologiques, anthropologiques et politiques, sur la dimension techniciste de nos sociétés. Entre ces deux groupes, l’immense espace jadis occupé par les bioéthiciens humanistes, des philosophes et des théologiens, s’est rétréci, leurs considérations semblant correspondre de moins en moins à notre contexte intellectuel laïcisé. La génoéthique est aussi travaillé par le souci de démocratiser les débats, par le désir de contrôler davantage les activités biotechnologiques et par l’évaluation critique de la dimension techniciste de notre médecine. Tout le monde est convaincu qu’il est urgent de dépasser le formalisme procédural, nourri de légalisme, qui structure la génoéthique si l’on veut pouvoir poser les questions de fond que soulèvent les activités des généticiens, depuis les tests de dépistage à l’intervention sur les génomes, depuis la collecte des spécimens biologiques à leur stockage dans des biothèques. Le thème proposé pour ce colloque est celui des implications actuelles et futures de la médecine prédictive (génétique) et de ses enjeux sur la pratique clinique et sur la santé des populations. On se demandera, entre autres, si nos services de santé seront en mesure de s’adapter, et à quel rythme, à la médecine prédictive et si ce nouveau virage de la médecine viendra renforcer les inégalités sociales en matière d’accès à la santé.»

Source: documentation du colloque Génomique, génoéthique et anthropologie

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