CUI-CUI #10 : Recension : effets indésirables des politiques de confinement

Pierre Biron

On l’attendait depuis longtemps. Une synthèse méthodique avec méta-analyse sur la bienfaisance et la malfaisance des contraintes, que ce soients les « assignations à domicile », les fermetures commerciales précarisantes, l’isolement des gens fragiles déjà esseulés, l’éducation et les soins virtuels, ou les coupures dans les rencontres administratives, associatives, artistiques, sentimentales, professionnelles, humanitaires, amicales et familiales.

 

Qui a effectué l’analyse ?

Jonas Herby, Lars Jonung & Steve H. Hanke. Trois économistes chevronnés qui ont publié en janvier 2022 dans le numéro 200 de la série Studies in Applied Economics (JHIAE). Respectivement, un chercheur en droit et économie à Copenhague, un professeur à l’Université de Lund et conseiller en économie auprès du gouvernement suédois et de la Commission Européenne, et un américain directeur du Johns Hopkins Institute for Applied Economics à Baltimore, conseiller monétaire et économique, détenteur de 7 doctorats honorifiques et 4 titres de professeur honoraire à l’étranger, nommé en 1998 parmi les 50 personnes les plus influentes par le World Trade Magazine.

 

On est loin ici des amateurs qui monopolisent inlassablement nos écrans. L’article est intitulé : A Literature Review and Meta-Analysis of the Effect of Lockdowns on COVID-19 Mortality.

Une traduction du résumé

« Existe-t-il des preuves empiriques pour soutenir l'idée que les contraintes réduisent la mortalité liée au C19? Les confinements y sont définis comme :

a) l'imposition d'au moins une intervention obligatoire et non pharmaceutique,
b) les mandats gouvernementaux qui restreignent directement le comportement des personnes,
c) les politiques qui limitent les mouvements internes, ferment les écoles et les entreprises, et interdisent les voyages internationaux.

Cette étude commence par un filtrage systématique dans laquelle 18 590 études sont recensées pouvoir potentiellement répondre à la question posée. Après trois niveaux de filtrage, seulement 34 études se sont finalement qualifiées. Sur ces 34 études éligibles, seulement 24 ont pu être incluses dans la méta-analyse. Elles ont été séparées en trois groupes :

a) les études sur l'indice de rigueur du confinement,
b) les études sur l'interdiction de sortir
c) les études sur des mesures sanitaires non pharmaceutiques spécifiques.

Une analyse de chacun de ces trois groupes permet de conclure que les confinements ont eu peu ou pas d'effet sur la mortalité liée au COVID-19.

Plus précisément, les études sur l'indice de rigueur montrent que les confinements en Europe et aux États-Unis n'ont réduit la mortalité due au COVID-19 que de 0,2 % en moyenne [un cinquième de un pour cent]. Les interdictions de sortir ont également été inefficaces, ne réduisant la mortalité due au COVID-19 que de 2,9 % en moyenne. Les études spécifiques sur les interventions non pharmaceutiques ne révèlent pas non plus d'effets notables sur la mortalité due au COVID-19.

Si cette analyse conclut que les confinements ont eu peu ou pas d'effets sur la santé publique, elle suggère aussi qu’ils ont imposé d'énormes coûts économiques et sociaux là où ils ont été adoptés. En conséquence, les politiques de confinement sont mal fondées et doivent être rejetées en tant qu'instrument de politique pandémique. »

Une question de valeurs

De nombreux épidémiologistes ne sont pas d’accord avec ces conclusions tandis que d’autres le sont. Certains choisissent la mortalité hors-contexte plutôt que la perte d’espérance de vie ajustée pour sa qualité. D’autres n’insistent pas assez sur les critères confirmant la cause d’un décès, ainsi que sur la façon trompeuse de rapporter l’efficacité en présentant le degré relatif de protection au lieu de son degré absolu (Montastruc et collègues, Fundamental & Clinical Pharmacology, 2021).

Les confinements ont fait des victimes personnelles. Qu’il s’agisse de précarité (surtout féminine), isolement, anxiété, dépression et fatigue chez une majorité des adultes, ou de cette « génération sacrifiée » (nos enfants). On déplore les fermetures de PME, les congédiements de personnalités jugées trop critiques, les abandons de carrières, l’interdiction de contacts pourtant essentiels.
La firme Deloitte a confirmé à l’Association médicale canadienne que des milliers de décès supplémentaires non covidiens seront bientôt dénombrés (Alain Vadeboncoeur, L’Actualité, Mars 2022). On entrevoit chez les moins nantis l’effet de l’inflation et des restrictions des dépenses publiques découlant de la dette engendrée par la gestion de la pandémie.

Les confinements ont été accompagnés de sérieuses régressions sociétales : affaiblissement de la démocratie, judiciarisation de la santé, progression de la censure et distorsion de la science.

Le ‘cas’ québec

Depuis le début de la pandémie, donc depuis 693 jours, soit du 17 mars 2020 au 6 février 2022, le taux de mortalité attribuée au c19 fut respectivement de 0,00156 ou 0,156% de la population au Québec et de 0,00091 ou 0,091% au Canada (Calculé depuis la documentation officielle).

On se demande comment se fait-il que le taux québécois fut de +70% (ou 1,7) comparé au Canada. Est-ce que ce surplus de fatalités résulte d’avoir inclus des « morts AVEC le c19 » parmi les « morts À CAUSE du c19 » ? Ou se pourrait-il que le bon respect des consignes ne soit pas aussi efficace qu’annoncé ? La réponse viendra un jour.

En fin de compte, même si les décès rapportés covidiens étaient l’étaient entièrement, c’est un Québécois sur 641 qui en serait décédé sur une période de 693 jours et un canadien sur 1099 dans le même horizon temporel.

Le mot de la fin

Il semble que non seulement « Pour la santé à tout prix, la grande entreprise a pris notre argent, les autorités ont restreint nos libertés et la politique a capturé la science » (Chroniques Cui-Cui 1 à 9, agora.qc.ca, 2021), mais aussi, que chez les responsables des Santés publiques la maladie covidienne se soit auréolée de lettres de noblesse au détriment des autres afflictions imposées par la Nature et nos comportements envers elle. 

 

Pierre Biron, Février 2022

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