L'Encyclopédie sur la mort


Ray Jean (John Flanders)


Né à Gand (Belgique) le 8 juillet 1887 et décédé à Gand, le 17 septembre 1964, Raymond Jean-Marie De Kremer s'inventa en 1950 une autobiographie largement diffusée et dont la fantaisie contribuera à le faire entrer vivant dans la légende. Nadine Morisset de Leener a construit, à partir de ses archives personnelles et de sources bibliographiques, une biographie parue dans Jean Ray, Oeuvres choisies, Tournai, La Renaissance du Livre, «Les Maîtres de l'Imaginaire», 2001, p. 9-12. Sous la signature de Jean Ray et de John Flanders ou anonyme, il publia en néerlandais ou en français ses articles de critique littéraire, ses fascicules, ses romans , ses recueils de contes et ses feuilletons. Outre sa participation à la rédaction d'un grand nombre de revues, il rejoint en 1931 l'équipe littéraire de l'abbaye de l'Ordre de Prémontré à Averbode (Brabant) et poursuivra cette collaboration jusqu'à la fin de sa vie. Il y publia quelque 250 fascicules, romans de jeunesse et scénarios de bande dessinée. Il collabore à Tintin de 1948 à 1955. Son premier livre, Les Contes du whisky, paraît en 1925. Son chef d'oeuvre est Malpertuis paru en1955, parue une année après la mort de son épouse Virginie Bal, artiste de revue connue sous le nom de scène de Nini Balta qui lui a donné une fille, appelée Lucienne, surnommée « Lulu». C'est chez sa fille qu'il s'est installé dès 1954 et où il succombera à une crise cardiaque dix ans plus tard.

«Dès 1925, il obtient le succès avec ses Contes du whisky qui lui vaudront bientôt le surnom, lourd à porter, d' «Edgar Poe belge» ! Cependant, c'est à partir de 1942 que vont paraître, dans une collection que lui-même a créée ses œuvres les plus notoires: Le Grand Nocturne, Les Cercles de l'épouvante, Malpertuis, La Ciré de l'indicible peur, Les Derniers Contes de Canterbury, Le Livre des fantômes. Quelles que soient les inégalités de la narration, Jean Ray attache toujours par sa capacité à créer une ambiance où le maléfique et l'étrange trouvent toutes leurs raisons d'être: vieilles cités de Flandre abritant une superstitieuse bourgeoisie, bars mal famés des ports anglais, auberges fatidiques. Certes le jeu est souvent forcé, le souci de frapper le lecteur l'emporte sur toute vraisemblance... [...] La plupart du temps, l'univers quotidien s'ouvre sur des perspectives imprévues, bien signifiées par cette «ruelle ténébreuse» que le héros est seul capable de voir et d'emprunter. Abondamment nourrie de références, l'œuvre de J. Ray se plaît à répéter des thèmes qu'elle module avec bonheur. Un érotisme inquiet. [...] De cette production imposante, le roman Malpertuis (la «maison de la malice») se détache. La donnée, telle qu'on l'a découvre peu à peu, relève d'un imaginaire exubérant. En effet, les dieux de l'ancienne mythologie, réfugiés sur une île grecque, en auraient été ramenés au XVIe siècle par un navigateur. Ils poursuivraient désormais leur existence dans la maison bourgeoise d'une petite ville belge. Déguisés ou plus exactement «naturalisés» en hommes, ils n'en auraient pas moins conservé certains de leurs pouvoirs et continueraient de les exercer sur les vivants. Terrifiant, traversé de scènes démentes, le livre suit le mouvement d'une imparable catastrophe. (Jean-Luc Steinmetz, La Littérature fantastique, Paris, PUF, «Que sais-je?», 2008, p. 118-119)

photo Henskens
Abbaye d'Averbode (Ordre de Prémontré), Belgique
photo Henskens
 
 

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-02

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