L'Encyclopédie sur la mort


Diderot Denis

Diderot DenisDenis Diderot, né le 5 octobre 1713 à Langres et décédé le 31 juillet 1784 à Paris, est un écrivain, philosophe et encyclopédiste français. Auteur présumé de l’article « Suicide » dans l’Encyclopédie, il admet que la Bible* rapporte sans réprobation les suicides de Samson et d’Éléazar, que les martyres* de sainte Pélagie et de sainte Apollonia sont de « vrais suicides », que certains pénitents accélèrent leur mort « à force d’austérités ». Il fait l’analyse du Biathanatos de John Donne* et se contente de dire que cet ouvrage « ne sera certainement pas approuvé par les théologiens orthodoxes ». Il résume les arguments classiques contre le suicide: Dieu nous a donné la vie; se détruire est détruire son œuvre; personne n’est inutile dans la société; la vie n’est pas nécessairement un malheur plus grand que la mort. Dans ce texte, il prône le devoir d'une vie heureuse et ascendante : « La première obligation où l'homme se trouve par rapport à soi-même, c'est de se conserver dans un état de félicité, et de se perfectionner de plus en plus ».

Dans son Essai sur les règnes de Claude et de Néron, il estime que les pensées de Sénèque* en faveur du suicide de Caton* et du suicide sous le coup de la nécessité* portent à la méditation. Il loue « la noble résolution de Pauline » qui a voulu suivre son mari dans la mort. D’après lui, les Romains ne se donnaient pas la mort par dégoût ou par ennui; c’est qu’ils « craignaient la mort moins que nous et qu’ils faisaient moins de cas de la vie ». Cependant, il trouve « qu’il est rare qu’on ne fasse du mal qu’à soi ».

Dans La marquise de Claye et de Saint-Alban, il s’oppose au suicide dit philosophique, provenant du taedium vitae*: « Le dégoût de la vie est faux et n’existe que dans une tête dérangée ou mal organisée. Encore n’est-il que momentané ». Afin de réduire le nombre des suicides, il faut connaître leurs causes. Voici les causes principales du suicide, selon Diderot, qui affectent aussi bien les riches que les pauvres: « Si les opérations du gouvernement précipitent dans une misère subite un grand nombre de sujets, attendons-nous à des suicides. On se défera fréquemment de la vie partout où l’abus des jouissances conduit à l’ennui*, partout où le luxe et les mauvaises mœurs nationales rendent le travail* plus effrayant que la mort, partout où des superstitions lugubres et un climat* triste concourront à produire et à entretenir la mélancolie*; partout où des opinions moitié philosophiques, moitié théologiques, inspireront un égal mépris de la mort » (Œuvres complètes, iii, Assézat et Tourneux, 1875-1877, p. 244). Malgré ces positions fermes de Diderot contre le suicide, Bayet* (Le suicide et la morale, p. 646) estime que celui-ci prône une morale nuancée, ce que Georges Minois, met en doute (L’histoire du suicide, p. 274). Dans La religieuse, Diderot montre que l’hostilité de l’entourage, qui désire la mort d’une victime* injustement opprimée, peut inspirer à celle-ci le désir de vivre : « On me dégoûta de presque tous les moyens de m’ôter la vie, parce qu’il me semble que loin de s’y opposer, on me les présentait. Nous ne voulons pas apparemment qu’on nous pousse hors de ce monde, et peut-être n’y serais-je plus si elles avaient fait semblant de m’y retenir. Quand on s’ôte la vie peut-être cherche-t-on à désespérer les autres et la garde-t-on, quand on croit les satisfaire; ce sont des mouvements qui se passent bien subtilement en nous. En vérité je ne vivais que parce qu’elles souhaitaient ma mort ».

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-03

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