L'Encyclopédie sur la mort


Revue Frontières

Luce Des Aulniers

À l'origine, la revue Frontières se voulait un prolongement aux activités académiques du Programme en études interdisciplinaires sur la mort à l'Université du Québec à Montréal et un relais de formation pour les étudiants. En 1993, elle devient une revue spécialisée de transfert de connaissances en études sur la mort. Aujourd'hui, elle est une revue d'information, de recherche et de transfert de connaissances en études sur la mort.
Fernand Couturier, fondateur de la revue Frontières, écrit : «Pourquoi ce nom de Frontières? Parce que la mort elle-même, peut-être, est frontière. Personne ne peut lui cacher, semble-t-il, son identité. Rien de l'humain ne lui est étranger. Sa manière d'interpeller laisse apparaître selon tous les degrés de l'imprécision et de la clarté les traits qui décrivent et délimitent la vie et le visage humain. Ils annoncent tous une finitude fondamentale. Par ailleurs, la mort apparaît comme l'instant et le lieu où on laisse en arrière son monde familier dans un sentiment de séparation différemment ressenti. Elle laisse aussi surgir la pensée de l'au-delà, d'un quelque chose d'autre, plus ou moins totalement autre, vers lequel peuvent s'élancer des espoirs variés. Une pensée qui peut aussi ne pas provoquer cet élan et se boucher de suite par l'hypothèse opaque de la suppression totale de la conscience, individuelle ou cosmique.» (1)

À sa fondation en 1988, Frontières voulait «offrir aux praticiens de la santé, des services sociaux et de l'éducation un relais de formation afin de poursuivre leur démarche de ressourcement intellectuel et de meilleur ancrage de leurs pratiques quotidiennes, au sein de problématiques complexes, offrir aux chercheurs une assise leur permettant de mettre à jour leurs données et autorisant également la stimulation de traitement de nouveaux sujets. Frontières était alors une revue d'information, de réflexion et de vulgarisation scientifique sur la mort.»

En 1993, Frontières devenait une revue spécialisée de transfert de connaissances en études sur la mort. Elle «a affermi certains traits, notamment en termes de divulgation de connaissances scientifiques: déclôturer le discours savant, le porter là d'où il est issu, bref, ouvrir les frontières des savoirs. Bien plus, elle tient compte de l'évolution de notre société dans ses pratiques, ses représentations et ses affects devant la mort en les posant dans un cadre scientifique qui dépasse l'intervention en situation de proximité de mort. Car on le sait bien désormais, la «ghettoïsation» ou l'encerclement de la mort dans des lieux est la façon la plus sûre de tuer tranquillement celles et ceux que nous prétendons aider, dans des rapports de pouvoir feutrés par l'expertise. Encercler par des frontières événementielles (le juste avant, le juste après) serait la plus sûre façon d'assassiner la capacité de penser les rapports entre la vie et la mort. Voilà pourquoi nous ne parlons pas que d'euthanasie, de rites funéraires, de deuil, de suicide - thèmes essentiels et à toujours reposer plus largement dans nos cultures - mais tout autant de morts symboliques bien avant la Faucheuse, par exemple d'éducation qui serait socialisation de la mort, des liens à la vie à la mort visibles dans la souffrance, dans l'art, dans l'investissement affectif avec les animaux.» (2)
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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