Dans toute sa carrière, Dalida n'a signé qu'un seul titre. Il s'agit de l'adaptation d'une chanson de Luigi Tenco: Lontano, lontano. En français: Loin dans le temps, Éditions Atalante, 1967. «Elle n'a pas écrit ses chansons, c'est vrai. Mais on lui a offert des textes qui correspondent si bien à ce qu'on sait d'elle que c'est comme si elle en était l'auteure. Créées par d'autres,pour elle, ils portent sa signature» (Michel Rheault, Dalida, une oeuvre en soi, Québec, Va bene, 2002, p. 159).
LA CHUTE
L'histoire continue. En 1983, la chute se dessine de plus en plus prévisible. Quelques mois avant de couper ses cheveux, elle enregistre un disque qui compte non pas une, mais trois chansons autobiographiques. Des chansons qui, de surcroît, ont une allure explicitement testamentaire. Dans Bravo, elle se projette dans le futur, s'imagine en l'an 2000, oubliée du public qui l'a jadis idolâtrée: «Donnez-moi un bravo/ Comme au temps des rappels/ Si quelqu'un se rappelle...(11)». Sinistre reflet d'elle-même que celui-là. Au lieu de se confronter à la Yolanda de sa jeunesse, elle affronte le miroir d'une Dalida vieillissante qui n'existera jamais. Une Dalida qui se souvient, la voix blanche et la main tremblante. Le double, encore.
C'est sur le même disque qu'elle chante Mourir sur scène, sans doute la plus connue de ses chansons autobiographiques. ici, elle s'adresse à la mort., l'interpelle directement, fait de nouveau allusion à son suicide manqué: «Toi et moi on se connaît déjà/ On s'est vues de près souviens-toi...». Par la même occasion, elle fait savoir à la faucheuse qu'elle seule décidera du moment où l'une et l'autre se rejoindront: «Moi qui ai tout choisi dans ma vie/ Je veux choisir ma mort aussi...(12)». [....]
...Téléphonez-moi, une chanson si troublante qu'on se demande ce qui a pu la pousser à l'interpréter, sinon le désir de lancer un cri de détresse, d'en appeler à l'intervention d'une main secourable susceptible de la tirer du marasme dans lequel elle s'enlise: «Sans vous toute ma vie ne tient qu'à un fil (13)». De nouveau, elle fait état de sa solitude, en des termes qui rappellent encore et toujours l'événement traumatisant qu'on ne risque plus d'oublier: «les pilules d'espoir/ J'en prends tous les soirs». De nouveau, elle laisse entrevoir un suicide éventuel, en usant pour cela d'un stratagème inattendu. Au dernier couplet, elle s'identifie ouvertement à l'héroïne d'un roman américain adapté pour le cinéma: La vallée des poupées, de Jacqueline Susann. L'histoire d'une vedette qui, la chanson nous le rappelle, s'enlève la vie un soir de 31 décembre. Un autre effet de miroir, un double de plus; l'intrusion chez Dalida d'une nouvelle messagère de la mort pour donner à la chanson une allure tristement prophétique.
Notes
11. Bravo, texte de Michel Jouveaux, musique de Patrick Roffe et Marc Hillman, éd. EMI Songs France, 1983,
12. Mourir sur scène, texte de Michel Jouveaux, musique de Jeff Barnel, éd. Tabata Music/EMI Songs France, 1983.
13. Téléphonez-moi, texte de Jean-Michel Bériat et Orlando, musique de Bernard Estardy, éd. Mandarine/EMI Songs France, 1983.
L'histoire continue. En 1983, la chute se dessine de plus en plus prévisible. Quelques mois avant de couper ses cheveux, elle enregistre un disque qui compte non pas une, mais trois chansons autobiographiques. Des chansons qui, de surcroît, ont une allure explicitement testamentaire. Dans Bravo, elle se projette dans le futur, s'imagine en l'an 2000, oubliée du public qui l'a jadis idolâtrée: «Donnez-moi un bravo/ Comme au temps des rappels/ Si quelqu'un se rappelle...(11)». Sinistre reflet d'elle-même que celui-là. Au lieu de se confronter à la Yolanda de sa jeunesse, elle affronte le miroir d'une Dalida vieillissante qui n'existera jamais. Une Dalida qui se souvient, la voix blanche et la main tremblante. Le double, encore.
C'est sur le même disque qu'elle chante Mourir sur scène, sans doute la plus connue de ses chansons autobiographiques. ici, elle s'adresse à la mort., l'interpelle directement, fait de nouveau allusion à son suicide manqué: «Toi et moi on se connaît déjà/ On s'est vues de près souviens-toi...». Par la même occasion, elle fait savoir à la faucheuse qu'elle seule décidera du moment où l'une et l'autre se rejoindront: «Moi qui ai tout choisi dans ma vie/ Je veux choisir ma mort aussi...(12)». [....]
...Téléphonez-moi, une chanson si troublante qu'on se demande ce qui a pu la pousser à l'interpréter, sinon le désir de lancer un cri de détresse, d'en appeler à l'intervention d'une main secourable susceptible de la tirer du marasme dans lequel elle s'enlise: «Sans vous toute ma vie ne tient qu'à un fil (13)». De nouveau, elle fait état de sa solitude, en des termes qui rappellent encore et toujours l'événement traumatisant qu'on ne risque plus d'oublier: «les pilules d'espoir/ J'en prends tous les soirs». De nouveau, elle laisse entrevoir un suicide éventuel, en usant pour cela d'un stratagème inattendu. Au dernier couplet, elle s'identifie ouvertement à l'héroïne d'un roman américain adapté pour le cinéma: La vallée des poupées, de Jacqueline Susann. L'histoire d'une vedette qui, la chanson nous le rappelle, s'enlève la vie un soir de 31 décembre. Un autre effet de miroir, un double de plus; l'intrusion chez Dalida d'une nouvelle messagère de la mort pour donner à la chanson une allure tristement prophétique.
Notes
11. Bravo, texte de Michel Jouveaux, musique de Patrick Roffe et Marc Hillman, éd. EMI Songs France, 1983,
12. Mourir sur scène, texte de Michel Jouveaux, musique de Jeff Barnel, éd. Tabata Music/EMI Songs France, 1983.
13. Téléphonez-moi, texte de Jean-Michel Bériat et Orlando, musique de Bernard Estardy, éd. Mandarine/EMI Songs France, 1983.