Nous avons souvent le mot paix à la bouche. Nous sommes pour la vertu. Nous édifions des idées pacifiques, mais sans construire un monde de paix. Nous nous complaisons dans notre bonne conscience. «Le moralisme consiste à tout juger et condamner du point de vue de son sentiment et de sa morale propre et particulière (la loi du coeur) sans se soucier des réalités, sans voir que, par exemple, une décision politique ou un phénomène social ne font pas immédiatement sentir leurs effets favorables et que les détours de l'histoire réservent de mauvaises surprises du point de vue moral. Le moraliste condamne moralement le monde tel qu'il est: il ne prend pas la peine de le changer.» La morale, textes choisis et présentés par É. Blondel, Paris, G. F. Gaillimard, «CorpusX, 1999, p. 179-180) Hegel se moque de la bonne conscience, de sa présomption, de son culte de soi et de son inefficacité.
[...] de telles essences idéales, de tels buts idéaux s'écroulent comme des phrases vides qui exaltent le coeur et laissent la raison vide, qui édifient sans rien construire; ce sont là des déclamations qui dans leur déterminabilité expriment seulement ce contenu: l'individu qui prétend agir pour des fins si nobles et a sur les lèvres de telles phrases excellentes, vaut en face de lui-même pour un être excellent; il se gonfle, et gonfle sa tête et celle des autres, mais c'est une boursouflure vide. La vertu antique avait une signification précise et sûre, car elle avait son contenu solide dans la substance du peuple, et elle se proposait comme but un bien effectivement réel, un bien déjà existant, elle ne se révoltait donc pas contre la réalité effective entendue comme perversion universelle, et contre un cours du monde. Mais la vertu que nous considérons est en dehors de la substance, elle est privée d'essence, elle est une vertu seulement de la représentation et de mots, privée de ce contenu. [...]
Ainsi, dans la majesté de son élévation au-dessus de la loi [....), la bonne conscience met un contenu arbitraire dans son savoir et son vouloir [...]. Elle est également le service divin à l'intérieur de soi-même, car son action est la contemplation de sa propre divinité. [...] quand même que cette félicité consisterait seulement dans la vanité morale intérieure, dans la jouissance qu'a la conscience de sa propre excellence et dans l'avant-goût de l'espérance de sa félicité future. [...]
Il n'y a pas de héros pour son valet de chambre; mais non pas parce que le héros n'est pas un héros, mais parce que le valet de chambre est un valet de chambre, avec lequel le héros n'a pas affaire en tant que héros, mais en tant que mangeant, buvant, s'habillant, en général en tant qu'homme privé dans la singularité du besoin et de la représentation. De même pour le jugement il n'y a aucune action dans laquelle ne puisse opposer le côté de la singularité de l'individualité au côté universel de l'action, et à l'égard de celui qui agit jouer le rôle de valet de chambre de la moralité. [...] Dans son ineffectivité et dans sa vanité bien et mieux [cette conscience jugeante] se place elle-même au-dessus des faits qu'elle déprécie et veut que son discours inopérant soit pris pour une effectivité excellente.
Ainsi, dans la majesté de son élévation au-dessus de la loi [....), la bonne conscience met un contenu arbitraire dans son savoir et son vouloir [...]. Elle est également le service divin à l'intérieur de soi-même, car son action est la contemplation de sa propre divinité. [...] quand même que cette félicité consisterait seulement dans la vanité morale intérieure, dans la jouissance qu'a la conscience de sa propre excellence et dans l'avant-goût de l'espérance de sa félicité future. [...]
Il n'y a pas de héros pour son valet de chambre; mais non pas parce que le héros n'est pas un héros, mais parce que le valet de chambre est un valet de chambre, avec lequel le héros n'a pas affaire en tant que héros, mais en tant que mangeant, buvant, s'habillant, en général en tant qu'homme privé dans la singularité du besoin et de la représentation. De même pour le jugement il n'y a aucune action dans laquelle ne puisse opposer le côté de la singularité de l'individualité au côté universel de l'action, et à l'égard de celui qui agit jouer le rôle de valet de chambre de la moralité. [...] Dans son ineffectivité et dans sa vanité bien et mieux [cette conscience jugeante] se place elle-même au-dessus des faits qu'elle déprécie et veut que son discours inopérant soit pris pour une effectivité excellente.