L'Encyclopédie sur la mort


Les attentats suicides

Valentine Werner

Travail de fin d'études à l'Institut-Saint-Jean-Baptiste, Wavre, Belgique, dans le cadre du cours de Sciences sociales (Prof. M. Delor) avec l'autorisation de l'auteure, cet article relate les détails d'un fait social qui prend toutes les allures d'un phénomène international dont les dimensions sont non seulement d'ordre ethno-national, politique, religieux, mais aussi d'ordre psychologique et psychosocial.
1. Présentation du thème

Tout d’abord, le terme « terrorisme » est fixé pour la première fois dans le supplément de 1798 au Dictionnaire de l’Académie française. C’est la Révolution française qui est à l'origine du mot et renvoie de manière évidente à un événement historique et précis, celui du « régime de la Terreur ».

Le terrorisme fut pendant les cinquante ans de la guerre froide un jeu aux règles clairement établies. Ce fut un phénomène assez rationnel. On savait identifier les acteurs et on comprenait leurs motivations ainsi que leurs méthodes. Le terrorisme était alors un instrument de diplomatie coercitive relevant plus du dialogue que de la guerre pure. Les organisations terroristes quant à elles, souvent liées à des Etats, évoluaient dans des cadres théoriques et opérationnels contrôlés. Ces acteurs avaient des objectifs nettement politiques. La menace était lourde, lente, explicable et en partie prévisible.

Ensuite le terrorisme s’est banalisé, démocratisé et déstructuré. Ces nouveaux acteurs sont désormais plus imprévisibles, et leur violence a pris une dimension en partie irrationnelle. C’est désormais la forme moderne de la guerre. La terreur est désormais brutale, fugace et irrationnelle. L’attentat terroriste moderne est un acte qui cherche à imposer une réforme, une situation et veut provoquer la peur ou l’intimidation au sein d’une communauté déterminée. C’est donc un geste d’attaque, qui vise davantage un état de fait qu’un personnage qui n’en est que le symbole.

Les terroristes sont convaincus du caractère légitime de leurs revendications. Le candidat à l’attentat suicide utilise des ceintures d’explosifs ou commet un détournement d’avion visant des bâtiments et celui-ci se tue en même temps qu’il tue les autres. Il est motivé par une colère profonde face à une injustice. Beaucoup de candidats ne sont pas laissés à eux-mêmes. Ils sont principalement stressés et n’auront pas dormi les derniers jours. Ceux-ci sont dans un état de transe et sont en prière. N’oublions pas que la majorité des candidats ont un complice, qui apporte un réconfort et désigne la cible. L’acte terroriste utilise aussi les médias* à cause de ses retombées. Cet acte n'a pas tant besoin de victimes* que de spectateurs ou de témoins, car il s'agit avant tout d'attirer l'attention pour lui donner un maximum d’ampleur. On les considère comme des personnes barbares et fanatiques religieux sans véritable cause politique mais est-ce vraiment réel? Pourquoi ces kamikazes veulent-ils se faire sauter et perdre leur vie? Est-ce vraiment un acte fanatique?

J’ai choisi ce thème sur les attentats suicides car nous ne savons pas clairement le but d’un terroriste et les motivations qui le poussent à se faire sauter. L’injustice serait-elle la véritable raison qu'il utilise pour justifier son acte? Veut-il suivre les impératifs de l’Islam? Est-il réellement endoctriné? À toutes ces questions on ne trouve pas réellement une réponse car la seule et véritable personne qui aurait pu y répondre est la personne qui s’est fait tuée par sa propre bombe. Je me suis demandé depuis quelques années, au fur et à mesure que le temps passe et que le monde évolue, quelles étaient les raisons qui les poussaient à en arriver à cet extrême? J’ai voulu faire mon travail de fin d’étude sur ce thème-là afin d'essayer de mieux comprendre le phénomène du terrorisme et les mobiles des terroristes.

2. Présentation de faits divers liés au thème

Trois faits divers illustrent le thème des attentats suicides : un attentat suicide au Pakistan lors d’un rassemblement chiite, un attentat à la voiture piégée au Pakistan et un attentat suicide à Bagdad visant un centre de recrutement de l’armée irakienne. Les premier et troisième faits ont été accomplis contre les israéliens. Dans le deuxième fait, le terroriste intervenait en réaction à une opération militaire.

1) Plus de 50 morts dans deux attentats suicides au Pakistan

Un kamikaze s'est fait exploser au milieu d'un rassemblement de chiites à l'occasion d'une manifestation anti-israélienne et de soutien aux Palestiniens, à Quetta, vendredi 3 septembre. Au moins 53 personnes ont été tuées et 197 blessées, le vendredi 3 septembre, dans deux attentats suicides visant les minorités religieuses chiite et ahmadie, cibles fréquentes des talibans alliés à Al-Qaida et autres radicaux dans une campagne de terreur qui ensanglante le Pakistan depuis trois ans.
Un précédent bilan faisait état de 43 morts et 70 blessés. Le bilan aurait pu être bien plus lourd sans la présence d'esprit de policiers qui gardaient un lieu de culte ahmadi à Mardan, petite ville du Nord-Ouest non loin des fiefs talibans : ils ont ouvert le feu sur un suspect qui tentait de forcer l'entrée du bâtiment où priaient une trentaine de fidèles. L'homme a fait exploser sa bombe sur le trottoir, tuant un passant et en blessant quatre autres, a déclaré le chef de la police locale. Un peu plus tard, à Quetta, la grande capitale de la province du Baloutchistan, dans le Sud-Ouest, un autre kamikaze a déclenché sa veste remplie d'explosifs au beau milieu d'un rassemblement de chiites à l'occasion d'une manifestation anti-israélienne et de soutien aux Palestiniens, selon le chef de la police criminelle de la ville. Plus de 3 600 personnes ont été tuées en trois ans dans près de 400 attentats suicides pour la plupart perpétrés par les talibans alliés à Al-Qaida ou des groupes qui leurs sont liés. Ils ont déclaré à l'été 2007 la « guerre sainte » à Islamabad pour son soutien à Washington, et visent régulièrement les forces de sécurité, les bâtiments officiels, mais aussi, de plus en plus, les civils.

2) Attentat suicide au Pakistan

Sept personnes ont été tuées et 21 autres blessées dans un attentat suicide à la voiture piégée aujourd'hui à Kohat, ville du nord-ouest du Pakistan, a annoncé la police, au lendemain de deux attentats suicides meurtriers dans la même région.

« Il s'agissait d'un attentat suicide qui visait un poste de police », a indiqué Diwalar Khan Bangash, chef local de la police. « Le kamikaze a fait exploser son véhicule contre l'arrière du poste de police ».

« Sept personnes ont été tuées et 21 blessées », a ajouté Abdullah Jan, responsable de la police dans le district. « Ces incidents interviennent en réaction à l'opération militaire dans les zones tribales », a-t-il ajouté. Selon un autre responsable policier, une charge de 200 kg a explosé.


3) Attentat suicide mardi à Bagdad : 48 morts et 129 blessés

Le bilan de l'attentat suicide qui a visé un centre de recrutement de l'armée irakienne à Bagdad s'est élevé à 48 morts et 129 blessés, a affirmé un officier supérieur de l'armée irakienne. Le général de division Qassim Atta, porte-parole du Commandement des opérations de Bagdad, a expliqué que l'attaque avait été menée par un kamikaze portant une ceinture d'explosif et d'autres engins explosifs de 30 kg. Il a précisé que le kamikaze ne serait pas un Irakien bien que rien n'avait été trouvé sur le lieu de l'attentat pour montrer son identité. Le Premier ministre irkaien Nuri al-Maliki a ordonné l'ouverture d'une enquête sur l'attentat, qui a eu lieu à 07H30 heure locale (04H30 GMT) dans le quartier de Bab al-Muazem. La plupart des victimes étaient des recrus mais trois soldats chargés de protéger le centre de recrutement étaient aussi parmi les morts, a affirmé à Xinhua une source du ministère irakien de l'Intérieur sous couvert d'anonymat. Aucun groupe n'a revendiqué cette attaque alors que les autorités irakiennes l'ont attribuée à la branche d'al-Qaïda en Irak.

3. Justification du choix : fait social

« Les attentats suicides dans la politique et la religion islamique au Moyen Orient » est un choix justifié. En effet, on peut considérer comme fait social toute manifestation de la vie sociale (c’est-à-dire qui concerne les individus dans leurs rapports avec les groupes ou l’ensemble de la collectivité).

Un fait social

• n’est pas un événement isolé, ponctuel mais a une certaine régularité, une certaine ampleur,
• suscite un étonnement propice au questionnement et à la recherche,
• est susceptible d’être éclairé par les concepts, théories et méthodes de recherche en sciences sociales.

Or, le fait social que nous avons choisi répond à ces trois facteurs car celui-ci s’est produit plusieurs fois, a beaucoup d’impact sur la société et fait l’objet d’études et de méthodes de recherche en sciences sociales.

4. Formulation d'une question de départ

« Quels sont les facteurs qui ont pu contribuer au phénomène des attentats suicides dans la religion islamique et la politique actuellement au Moyen-Orient? »

La question doit être une question d’explication de la réalité sociale (pas seulement de description d’un fait social). Elle doit être réaliste, c'est-à-dire la réponse doit être possible à trouver et les éléments pour y répondre accessibles. Elle doit être ouverte et permettre de faire intervenir différents facteurs d’explication. Elle doit être brève, précise dans le temps et l’espace, claire et univoque. Elle ne doit pas comporter de jugement de valeur, ni être d'ordre psychologique, ni d'ordre philosophique. Or, notre question de départ répond aux qualités requises, car c’est une question d’explication réaliste, ouverte et datée, située dans un lieu et appartenant à la réalité sociale.

5. Recherche, analyse et synthèse des informations

a. Construction des concepts

Premier concept : l'attentat suicide

Mort de l'auteur : endoctrinement permanent et long.
Motivations divines et mystiques (défense de la religion) : mourir pour Allah.
Les martyrs sont particulièrement dangereux et ont un potentiel d’agressivité et de destruction hautement supérieur. Ils sont initiés en fonction de cette forme de mort volontaire.
Capacité au sacrifice : Le salut est atteint par le sacrifice.
Perfection morale que peut incarner un homme.
Sacralisation d’une cause perçue comme plus importante que la vie de l’individu
La mort devient ainsi le lieu de la réalisation de soi.

Autodéfense nationale (ordre ethnonationaliste) : Les organisations laïques : Opérations dans des zones de crise en réponse à des contextes politiques et culturels similaires ou encore contre des cibles militaires (ex : système injuste). Des organisations islamistes fondées à l'encontre d'Israël et d'une population jugée complice d’un système injuste. Leurs objectifs sont la restauration de la foi en Dieu et de la mondialisation de l’Islam. Leur stratégie consiste à tuer un plus grand nombre de personnes et semer ainsi la terreur par la destruction. Ils utilisent des jeunes qui ne savent pas qu’ils sont utilisés. On tente de leur inculquer la haine. Ce sont généralement des femmes grâce à la facilité avec laquelle elle peuvent dissimuler du matériel explosif.

Femme : désir de se racheter pour leur peuple. Vengeance et haine.
Elles veulent être récompensées (les plus belles) + égalité des sexes.
Ce sont généralement des femmes ayant des conditions de vie intenables.

EXEMPLES

• Le 3/09/10, un kamikaze se fait exploser au milieu d’un rassemblement de chiites au Pakistan.
• Attentat suicide de Lakki Marwat le 1er Janvier 2010 qui fait au moins 90 morts dans une foule rassemblée pour voir un match de volley-ball au Pakistan.
• Le 8 mars 2010 au Pakistan, un kamikaze fait exploser sa voiture piégée près d’un immeuble de la police.
• Un kamikaze portant une ceinture d'explosif et d'autres engins explosifs de 30 kg fait un attentat suicide à Bagdad le 17/08/10 et fait 48 morts et 129 blessés.

DÉFINITION : Attentat à la bombe impliquant la mort de son auteur touchant des populations civiles, militaires, religieuses ou encore des personnes impliquées dans la politique dont le but est la revendication d’un territoire, la mondialisation de l’Islam, l’autodéfense nationale, une envie de vengeance et de haine pour une question d’idolâtrie, de polythéisme, de nationalisme et de fanatisme.

[...]

2ème concept : Le fanatisme

• Foi exclusive en quelque chose.
• Recul de la personne dans la vie politique ou sociale et mise à l’écart dans la vie privée.
• Prendre en main un changement : aspirations nouvelles que le fanatisme veut mettre en œuvre.
• Passion irrationnelle : excès émotionnel et passionnel.
• Qui se croit inspiré par la divinité.
• Intolérance et violence.
• Le fanatique se réclame de dogmes salvateurs irrationnels indiscutables : ils sont sensés changer les choses en bien mais ces principes n’ont aucun sens éthique pour la société mais il les considère comme juste et indiscutable.
• Autorité.
• Usage d’armes de destruction massive, mettre en danger l’humanité entière s’il le faut; obsessions, haine, fureur.
• Inversion de la raison, de l’esprit philosophique.
• Désir de domination, il n’accepte aucun obstacle : ni les lois de la nature, ni les droits de la vérité ou de la justice.
Toutes les sortes de fanatisme présentent à peu près les mêmes caractères.

EXEMPLES

• Les églises évangéliques extrémistes aux USA.
• Les croisades.
• Le 11 septembre 2001 au World Trade Center.
• Un hooligan qui utilise la violence lors d’un match de foot.

DÉFINITION : Foi exclusive en une doctrine, religion, cause qui devient le principal moteur de l’individu conduisant à l’intolérance et la violence.

[...]

3ème concept : Endoctrinement

• La manipulation mentale.
• Soit la relation d’autorité : une hiérarchie qui s’affiche.
Des règles intransigeantes.
Une doctrine déstabilisante. (la personne ne sait pas quelles pensées sont mauvaises ou bonnes).
Peur : menaces, punitions, obéissance et accusations.
• Le renforcement de l’adhésion au groupe : La pression d’un groupe
chaleureux : On crée un pseudo-esprit de famille et d’appartenance.
L’annonce de dangers imminents : cela renforce l’adhésion au groupe (qui se pose en protecteur).
La psalmodie et le chant.
L’hypnose : Ils déguisent ou masquent l’hypnose pour que la personne ne résiste pas.
• L'atteinte à la vie personnelle : on pousse à l’aveu des faiblesses, sentiments intimes et doutes. On pourrait ultérieurement s’en servir contre la personne.
Faire perdre l’analyse critique personnelle.
Mauvaises conditions de vie : alimentation médiocre, gestion abusive de la vie sexuelle, fatigue et privation de sommeil.
• La rupture avec le monde extérieur : accusation du monde extérieur; la personne se persuade que le groupe détient la seule vérité.
Isolement : perte de contact avec le réel (remplacement des relations).
L’individu aura plus de mal à quitter le groupe puisqu’il a déjà fait l’expérience douloureuse de se couper de sa vraie famille.

EXEMPLES :

• La période préparatoire de formation d’un militaire aux USA.
• Endoctrinement dans la secte des Témoins de Jéhovah.
• Des parents évangélistes entraînent avec eux leurs enfants pour reprendre le pouvoir en Amérique au nom du Christ.
• Al-Qaïda qui endoctrine les enfants pour qu’ils commettent un attentat suicide.

[...]

DÉFINITION : Manipulation mentale par une personne qui consiste à utiliser divers moyens de pressions psychologiques afin d’inculquer une doctrine, une attitude ou une méthode à une autre personne.

[...]

b. Recherche et analyse documentaire

Explication de la typologie durkheimienne sur les suicides

Comme nous pouvons le constater dans ces documents, les candidats aux attentats suicides se battent pour une cause qu’ils estiment juste. Ils commettent ce sacrifice pour montrer leur désaccord face à une injustice. Nous voyons que les terroristes au Moyen-Orient n’ont pas tous le même profil ainsi les sociologues n’interprètent pas tous les suicides de la même manière. Nous pouvons donc, par exemple, expliquer ces différents profils à l’aide de la typologie Durkheimienne des suicides.

Durkheim* s’est posé la question de savoir « ce qui fait qu’un être humain en vient à attenter ses jours? » Il existe, selon Durkheim, quatre types de suicides. Le premier est le suicide égoïste. Cela signifie que la personne a un défaut d’intégration, ne se sent pas rattachée aux autres. C’est caractéristique d’une société individualiste. Le second est le suicide altruiste. A l’inverse du suicide égoïste, le suicide altruiste est déterminé par un excès d’intégration. L’individu ne s’appartient plus, le pôle de sa conduite se situe en dehors de lui. Dans ce type de suicide, nous avons le suicide obligatoire (par exemple la veuve après la mort de son mari), le suicide volontaire (le soldat qui se bat pour son pays) et le suicide mystique (l’individu aspire à se dépouiller de son être personnel pour s’abîmer de cette autre chose qu’il regarde comme sa véritable essence). Ensuite, nous avons le suicide anomique. Cela intervient lors d’un défaut de dérégulation générale de la société où les individus sont moins tenus et leurs désirs ne sont plus limités ou cadrés. Pour terminer, il y a le suicide fataliste. Cela intervient dans les cas d’excès de régulation. La vie sociale est extrêmement réglée, les marges de manœuvre individuelles sont réduites. Le contrôle social et les normes sont trop importants. Les sociologues interprètent donc les suicides de différentes manières selon les causes. Certains mettent en avant le contexte. Par exemple, dans le cas palestinien, certains sociologues pencheraient plutôt pour le suicide fataliste. D’autres mettent en avant l’individualisation ou la dérégulation sociale ce qui signifierait donc un suicide semi-égoïste et anomique. Pour finir, certains encore mettent l’accent sur le caractère altruiste, dans sa dimension mystique et sa dimension avec la catégorie du don.

Mort de Ben Laden, chef d’Al-Qaïda

Il est intéressant de parler d’Oussama Ben Laden dans ce travail. Celui-ci a été tué par les services spéciaux américains au Pakistan, ce qui a bien sûr provoqué des manifestations de joie partout dans le monde. Il est important de signaler que Ben Laden est l’auteur présumé des attentats suicides commis le 11 septembre 2001 et le leader d’Al-Qaïda, un mouvement islamiste qui rassemble plusieurs groupes terroristes à l'oeuvre partout dans le monde. Barack Obama précise que « Le monde est plus sûr, c’est un endroit meilleur après la mort d’Oussama Ben Laden. » Sa mort est un tournant dans la lutte mondiale contre le terrorisme. Bien sûr, les organisations affiliées ou inspirées d’Al-Qaïda vont continuer à s’impliquer dans des attaques terroristes à travers le monde.

5. Choix des théories

[...]

6. Formulation des hypothèses de recherche

En reprenant la question de départ : « Quels sont les facteurs qui ont pu contribuer au phénomène des attentats suicides dans la religion islamique et la politique actuellement au Moyen-Orient? », nous avons identifié quatre facteurs estimés importants :

Facteur d’ordre ethno-nationaliste : une stratégie utilisée comme extrême recours face à une occupation du territoire jugée inacceptable. Il y a une rage envers des soldats étrangers présents sur le territoire occupé accompagnée d'une volonté de triomphe de l’univers arabe sur le monde occidental.

Facteur d’ordre politico-religieux : une volonté de détruire Israël afin d'accomplir la création d’un État palestinien. Les Israéliens veulent, eux, évacuer les Palestiniens. Chacun, des deux côtés, veut la souveraineté de Jérusalem pour en faire leur capitale incontestée. Il y a aussi l’influence des imams et la récompense divine.

Facteur d’ordre social : la crise identitaire est présente chez les jeunes. Certains adolescents scolarisés ne se reconnaissent pas dans les règles de l’Islam ni dans leurs normes familiales. D’autres se sentent étrangers dans leur pays d’adoption en Occident. Ils veulent définir leurs propres valeurs, imposer leur éthique et leur culture dans le monde entier. Les femmes* sont concernées car elles cherchent à déterminer leur place dans la société.

Facteur d’ordre économique* : le chômage* chez les jeunes intellectuels sortant des études supérieures.

Il convient de préciser le lieu d’élaboration d'une conduite efficace qui suppose une bonne motivation et une logique implacable. Une forte organisation est indispensable à la mise en oeuvre pratique d'un attentat suicidaire tout en gardant le secret de celui-ci.

7. La mise en place d'une vérification empirique permettant de vérifier vos hypothèses sur le « terrain »

a. les données existantes

Les victimes de la seconde Intifada*

En 2004, 137 Israéliens ont été tués dans des attentats terroristes. L’année précédente 218 personnes avaient été tuées. 673 est le nombre de personnes ayant péri dans des attentats depuis le début de la seconde Intifada en octobre 2000. Pendant cette même période, 6330 personnes ont été blessées, dont 18 pour cent d’enfants, dans 720 attentats. Ces attentats ont été commis par des Palestiniens,en opposition et en révolte contre la poursuite de l’occupation israélienne.

Ces statistiques ont été éditées en 2004 par le Journal chrétien lors de la seconde Intifada et publiées sur Internet le mardi 15 mai 2007. Les rédacteurs de ce journal sont K. Dossou (président de l’Eglise Protestante Méthodiste du Bénin depuis 2000), B. Leroy (diplômé de théologie pratique et politique), R. AKL (rédacteur en chef de la revue Europe & Orient), D. Ozoukou (journaliste indépendant et analyste politique), I. Goepp (secrétaire générale de la Mission Chrétienne Globale) , A. Lawson (journaliste gabonais bilingue), G. Govier (journaliste) et E. Kendal (chercheur et auteur principal pour la commission évangélique de liberté religieuse et d’alliance du monde). Nous ne pouvons pas mettre en doute la crédibilité de ces auteurs à cause de leur expertise sur le terrain. Cet article a d’ailleurs été écrit initialement pour The World Evangelical Alliance Religious Liberty News. L'Alliance évangélique du monde est un ministère global fonctionnant avec les églises locales à travers le monde pour s'associer au souci commun de vivre et de proclamer la bonnes nouvelle de l'évangile.

Terrorisme global

Nous voyons que les attaques anti-américaines sont fortement présentes au Moyen-Orient en 2002. Le Moyen-Orient est en 2e place sur 16 après l’Amérique latine, en nombre d’attaques. En 2002, la plupart des attaques terroristes (66 sur 77) se faisait par des bombes humaines. La totalité des équipements a été détruite par ces attaques. C’est le monde des affaires qui a été le plus sévèrement touché.

Cette analyse a été réalisée le 30 avril 2003 par l'Office of the Coordinator for Counterterrorism », c'est-à-dire le Bureau de coordonateur pour l’anti-terrorisme. Il est d’ailleurs publié sur le site :
« 2002 (Patterns of Global Terrorism) »
< http://www.state.gov/s/ct/rls/crt/2002/index.htm >

Patterns of Global Terrorism
The annual "Patterns of Global Terrorism" report, released April 2003 by the Secretary of State and the Coordinator for Counterterrorism, is submitted in compliance with Title 22 of the United States Code, Section 2656f(a), which requires the Department of State to provide Congress a full and complete annual report on terrorism for those countries and groups meeting the criteria of Section (a)(1) and (2) of the Act.

Le rapport annuel du « modèle de Terrorisme global », émis en avril 2003 par le secrétaire d'État et le coordinateur de contre-terrorisme, est soumis en conformité avec le titre 22 du Code des Etats-Unis, section 2656a qui réclame du Département d’État de fournir un rapport annuel complet sur le terrorisme pour ces pays et groupes qui correspondent aux critères de la section (a) (1) et (2) de l'Acte. Il est d’ailleurs inscrit : « Le Département d'État des États-Unis est intéressé par vos perspectives et entrées sur une série de questions importantes de politique extérieure. »

Les relations diplomatiques d’Israël

Tous les pays du Moyen-Orient n’ont pas de relations diplomatiques avec Israël. Le Qatar et Oman ont suspendu leur relation suite à la seconde Intifada en 2000. (voir carte du ministère israélien des affaires étrangères confectionnée en octobre 2007 par l’atelier de cartographie de Sciences Po pour l'article « Israel soixante après, entre singularité et banalité » dans La documentation française. Questions internationales n°28, novembre-décembre 2007).

Conflit Israël/ Palestine

Jérusalem est la ville qui est le point de litige entre Israël et la Palestine. Toutes ces colonies, territoires d’Israël et Palestine, routes interdites aux palestiniens, mur de séparation,… nous indiquent bien les raisons pour lesquelles ces attentats suicides sont commis là. Ils se battent pour cette ville afin d'en exercer la souveraineté et d'en faire leur capitale. Cette rivalité, religieuse à la base, est devenue un conflit politique où les israéliens et les palestiniens s'accusent mutuellement selon le point de vue que l'on adopte. Un conflit qui détruit militaires, habitants, enfants par des attentats suicides.

Jérusalem au cœur du conflit israélo-palestinien

Jérusalem est la ville de toutes les compétitions. Antériorité de l'occupation du site, évaluation de sa place dans la géographie spirituelle des trois religions du Livre, legs archéologique et patrimonial réciproques... tout est sujet à thèses et antithèses, à des controverses sans fin. Mais ces querelles servent en fait à recouvrir d’un pudique voile spirituel une lutte éminemment politique pour savoir qui des israéliens ou des palestiniens exercera à terme la souveraineté sur cette ville et en fera sa capitale incontestée. Avec, au cœur de cet affrontement, un enjeu concret qui déterminera l’issue de cette rivalité bien plus sûrement que les débats théologiques : la bataille de la démographie et de la topographie.

© La Documentation française. Source : Questions internationales , n° 28, 2007.

Résistance à l’occupation

« Pour 96% des auteurs d'attentats suicides, m'a expliqué Robert Pape au téléphone, il s'agissait de commettre un acte de résistance nationaliste contre une occupation militaire étrangère ». Robert Pape, politologue américain connu pour ses travaux géopolitiques sur la sécurité internationale, explique à F. Kaplan que 96% commettent un attentat suicide contre l’occupation militaire étrangère. Ce qui confirme l’hypothèse du nationalisme des musulmans.

« Sur les 2668 attentats suicides de la base de données de Robert Pape, seuls 255 - même pas 10% - relevaient du terrorisme «transnational », c'est-à-dire que leurs auteurs étaient des militants venus d'autres pays ou qu'ils avaient commis une attaque dans leur propre pays pour soutenir une cause étrangère. Et parmi ces 255, 200 ont fait exploser leur bombe en Irak. Robert Pape détaille son enquête dans un livre qui sortira à l'automne - Cutting the fuse: The Explosion of Global Suicide Terrorism and How to Stop It. Ces statistiques nous expliquent donc que même pas 10% des candidats faisaient un attentat suicide hors de leur pays pour soutenir une cause étrangère.

Cet article a été publié par Fred Kaplan le dimanche 18 avril 2010. Fred Kaplan écrit la chronique "War Stories" pour Slate.com. Ancien du Boston Globe, il a été en charge du bureau de Moscou, de New York, et correspondant militaire. L’auteur explique pourquoi ces attentats suicides ont été commis à Moscou et non pas aux États-Unis. Les statistiques qu’il a obtenu proviennent de Robert Pape. Celui-ci les a obtenus en préparant son livre Dying to Win : The Strategic Logic of Suicide Terrorism qui reprend nombre des thèses de son article célèbre sur « la logique stratégique des attentats suicides » en 2003 où il a examiné les centaines d’attentats suicides des années 1980 à 2003.

Auteurs des attentats suicides

« Si l'on s'en tient aux statistiques des attentats suicides commis entre 1980 et 2000, on s'aperçoit que ce sont les «Tigres tamouls » du Sri Lanka qui arrivent en tête avec un record de 168 attentats suicides réalisés. A côté de cela, le Hezbollah libanais en a commis 52; le Hamas, 22 et le PKK, 15. Il convient en outre de souligner que ceux qui ont commis les attentats de New York et Washington vivaient de façon « moderne » et il s'avère même qu'ils ont bu de l'alcool. En fait, Ben Laden leur a servi de canal pour vomir leur haine. »

Cet article a été publié le 20 septembre 2001 par Taha Akyol à Milliyet à Istanbul et traduit du turc par P. Vanrie. Il fait partie du « dossier spécial MEDEA n°6 : Turquie : un modèle démocrate-musulman? » et a été écrit pour l’Institut Européen de Recherche sur la Coopération Méditéranéenne et Euro-Arabe. Le mot du président est : « L’Union Européenne se donne, comme l’un de ses défis prioritaires dans le cadre de sa politique extérieure, d’organiser sa coopération avec ses voisins, et notamment ceux du sud et du monde arabo-musulman. »

Le rôle de l’Institut MEDEA est clair. En suivant de près la coopération enclenchée dans le processus de Barcelone en 1995 et les nouvelles définitions en cours, il s’agit de développer un réseau de dialogue permettant un climat de connaissance et de compréhension des réalités, des idées et de la culture de nos voisins du Sud ». L’auteur de l’article, Taho Akyol, est lui un auteur et journaliste dont la pensée s'oriente vers la ligne du nationalisme turc. Celui-ci est aussi traducteur et travaille sur le terrain.

Statistiques sur le nombre de morts en Irak

« L'Organisation mondiale de la santé en Irak (OMS) et le ministère irakien de la santé ont également mené leur propre enquête en 2007. Il en ressort que 151 000 civils irakiens seraient morts de façon violente durant les trois premières années de l'occupation américaine (avril 2003 à juin 2006), soit 120 par jour, c'est-à-dire deux fois plus qu'au cours des deux dernières années du règne de Saddam Hussein. L'OMS donne une fourchette comprise entre 104 000 et 230 000, mais même l'estimation la plus basse est deux fois plus élevée que celle de l'IBC, qui est de 47 000 pour les trois premières années. George Bush avait évalué ce nombre à 30 000 morts ». En rapport avec notre hypothèse selon laquelle il y a une rage envers des soldats étrangers présents sur un territoire occupé, ces statistiques montrent bien que la cause du nombre de morts en Irak pendant cette période est dû à la révolte contre l'occupation américaine.

L'article en question a été publié par Soren Seelow, journaliste dans le journal Le Monde.fr , le 19.03.08. Ces statistiques ont été publiées par l’Organisation mondiale de la santé en Irak et le ministère irakien de la santé en 2007. Le but de cette recherche était tout simplement d’obtenir des chiffres au niveau de la santé des gens, la circonstance dans laquelle ils sont morts, pourquoi, comment?

Statistiques selon les différents pays

Si l'on considère tous les attentats suicides survenus de 1981 à 2006, la moitié d'entre eux ont eu pour cadre l'Irak. Un classement par nombre d'attentats suicides aboutit aux résultats suivants :

Irak, 652
Israël / Palestine, 217
Sri Lanka, 93
Pakistan, 49
Liban, 48
Afghanistan, 35
Russie / Tchétchénie, 32
Turquie, 19 »

Ces données proviennent de « Terrorisme.net » du 14 décembre 2008.

« Sur le thème Radicalisation Crossing Borders: New Directions in Islamist and Jihadist Political, Intellectual and Theological Thought and Practice, le colloque organisé par le Global Terrorism Research Centre (GTRC) s'est déroulé dans la salle du Parlement de l'Etat de Victoria les 26 et 27 novembre 2008. Le GTRC est issu de la Global Terrorism Research Unit, formée en 2002. En 2006, le GTRC a reçu un crédit de 1,2 millions de dollars australiens dans le cadre d'une initiative de l'Etat de Victoria pour développer les activités de contre-terrorisme ».

Auteurs des attentats

R. Pape, cité ci-dessus dans « résistance à l’occupation », indique « que, d’après son enquête, les adolescents âgés de 15 à 18 ans représentent environ le cinquième des kamikazes. La participation d’enfants moins âgés est rare, mais non inexistante, car les groupes terroristes expérimentent constamment de nouvelles tactiques destinées à déjouer les mesures de sécurité. Le recrutement de femmes, qui représentent, elles aussi, le cinquième environ des auteurs d’attentats suicides, et d’adolescents suit la stratégie fondamentale qui est d’éviter de se faire rapidement repérer par les forces de l’ordre ».

b. Essai de compréhension des faits

Afin de mieux comprendre l’origine des attentats suicides, il est important de remonter à la naissance de l’Islam. L’islam naît au VIIe siècle et était alors sunnite. Ali (gendre du prophète) est nommé 4e calife. Celui-ci est rejeté par l’entourage du prophète ainsi que ses partisans. Les partisans d’Ali créeront après sa mort le parti d’Ali qui deviendra par la suite le mouvement chiite. Plus tard, cette guerre de succession deviendra un conflit au niveau théologique entre les chiites et les sunnites. Les chiites ont beaucoup souffert. Cette histoire est douloureuse pour eux. Cela provoquera chez eux une culture du sacrifice. Ce sont donc les chiites qui ont propagé les attentats suicides.

L’attentat suicide revient au Moyen-Orient au début des années 80 avec la guerre au Liban. On commence à avoir des attentats suicides contre les chrétiens, les libanais, ainsi que les forces américaines,… Les autres groupes à partir de là vont voir que cela fonctionne car c’est tactiquement plus facile, et que cela provoque la peur car les attentats répandent la terreur chez les personnes visées. Les attentats suicides ne sont pas majoritaires dans les pratiques terroristes car c’est difficile de trouver une personne qui acceptera ce sacrifice*.

Le chantage et la manipulation sont fortement présents. On peut faire chanter une personne. L’honneur est très important dans une famille. Donc si une personne de la famille a fait quelque chose de mal, contraire à sa religion, on va faire chanter une autre personne de la famille pour que celle-ci puisse défendre l’honneur de sa famille, par exemple en commettant un attentat suicide.

Concernant les jeunes musulmans, ceux-ci sont beaucoup plus influençables et manipulables. Ils ont tout d’abord un problème d’identité. La personne n’a pas d’avenir ou a l’impression de ne pas en avoir. On peut comprendre que le jeune qui n’a pas d’avenir ou n’est pas très cultivé peut faire un attentat car c’est une occasion pour lui de sortir de l’impasse, en se donnant un statut héroïque*.

Ensuite, les partisans sont prêts à mourir pour leurs causes et leurs idées. L’homme est récompensé par les vierges au paradis lorsqu’il accomplit un acte d’attentat suicide. La femme est récompensée et sera la plus belle femme pour son mari.
Nous n’avons pas fait tout ce qu’il fallait pour accepter complètement les musulmans en Europe. Ceux-ci veulent donc se venger. Par ailleurs, d’autres musulmans qui commettent un attentat suicide se sentaient bien en Europe. Les terroristes du 11 septembre ont été occidentalisés et étaient aussi très privilégiés, ils avaient un avenir,… C’est donc une technique de manipulation. On appelle cela une humiliation par procuration. Il y a des spécialistes de recrutement qui vont convaincre des gens musulmans, des jeunes dans notre société et ils vont essayer de les ramener à la religion*.

La présence de non-musulmans sur la terre de musulmans est un problème qui provoque des attentats. Il faut faire un djihad pour ceux qui sont sur notre territoire. Le djihad à l’origine est la voie, le chemin de Dieu. Dans le droit musulman classique c’est une guerre* défensive (guerre uniquement pour défendre son territoire car l’islam interdit les guerres de conquête) qui est l’explication historique en tant que guerre. Aujourd’hui, c’est une guerre offensive. Le djihad aujourd’hui est violent, c’est un détournement de l’histoire.

Les candidats à l’attentat suicide sont tous passés par les mêmes mosquées (ex : New Jersey, New-York, Hambourg) et sous l’enseignement des mêmes Imams donc cela prouve l’endoctrinement. Tous ceux qui sont passés dans le terrorisme ont été endoctrinés. Avant, l’âge des candidats étaient de 27 à 45 ans. Aujourd’hui, dans le djihad au Moyen-Orient, c’est rarement au-dessus de 30 ans et c’est majoritairement en dessous de 20 ans.

8. Réponse à la question de départ

Nous nous sommes rendus compte, au fur et à mesure de nos recherches, que le triomphe de l’Islam était une hypothèse faisant partie du facteur ethno-nationaliste. Par la suite, nous avons constaté que les motivations divines et mystiques sont provoquées par une volonté religieuse. Nous avons donc rejoint cette hypothèse à celle d’ordre politico-religieux. Nous avons finalement rajouté les facteurs sociaux et économiques. Selon nous, les attentats suicides qui sont commis au Moyen-Orient actuellement sont causés par des facteurs d’ordre ethno-nationaliste, politico-religieux, social et économique.
Tout d’abord, en se fondant sur des sources officielles, nous pouvons constater que de nombreux auteurs ont tenté de répertorier les profils des candidats aux attentats suicides. J’ai, pour ma part, choisis les terroristes du Moyen-Orient mais il est important de dire que ce phénomène n’est pas spécifique au monde musulman, comme nous pouvons le constater avec la secte des Assassins ou les Kamikazes*.

Au fur et à mesure de mes recherches, j’ai constaté que cet acte terroriste a une dimension psychologique très forte car il y a une imprévisibilité dans le temps et l’espace. Nous ne savons jamais quel sera le lieu où le terroriste sévira. L’acte se fait bien sûr en majorité dans la ville car c’est, d’une part, là que se trouvent les pouvoirs politiques, économiques, médiatiques, et d’autre part, c’est en ville qu’il y a la plus grande concentration démographique.

Concernant la 1re hypothèse qui est d’ordre ethno-nationaliste, cet acte est une stratégie utilisée car il y a une occupation de territoire qui est jugée inacceptable. Les musulmans ont une rage envers les soldats étrangers qui sont présents sur leurs terres. Ils veulent une libération des lieux saints de l’Islam. Ils ne veulent donc pas d’étrangers, en général des américains, sur leurs territoires. La puissance militaire et la politique occidentale osent les attaquer.

Ensuite, nous avons la 2e hypothèse d’ordre politico-religieux. Dans ce point-là, il est important de parler du conflit Israël/Palestine, de l’influence des imams, des martyrs et des récompenses divines. Tout d’abord : les israéliens voulaient confisquer toujours plus de terres et construire toujours plus de colonies. Israël poursuivait donc toujours sa politique oppressive. Entre-temps, pour la grande majorité de la population palestinienne, leur condition économique continuait à se détériorer. Le Djihad Islamique a convaincu la majorité des palestiniens que leurs opérations martyres étaient l’unique moyen pour que les israéliens réfléchissent avant de s’attaquer à des villes palestiniennes. Les palestiniens veulent la destruction d’Israël et donc la création d’un état palestinien. Tandis que les israéliens veulent évacuer les palestiniens. C’est évidemment un conflit politique car les palestiniens et les israéliens se font la guerre pour Jérusalem. Ils veulent la souveraineté sur cette ville et en faire leur capitale, cela provoque donc une rivalité entre eux depuis des siècles. N’oublions pas de dire que les palestiniens veulent Jérusalem car c’est là que se trouvent la 3e grande mosquée nommée Al-Aqsa, là où le prophète s’était rendu.

Ensuite, les terroristes sont aussi manipulés et endoctrinés par les imams. En effet, ceux-ci vont manipuler et essayer de ramener les musulmans, en général de jeunes personnes, vers leur religion. Certains candidats sont tous passés par les mêmes mosquées et sous l’enseignement des mêmes imams. Ces mosquées sont souvent extrémistes, et tous ceux qui y passent sont devenus terroristes.

Le martyre*en Islam* n’est pas un échec ni un perdant, mais bien un être humain rempli d’espoir qui sacrifie sa vie à quelque chose de bien plus valable et, en même temps, d’éternel. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les martyrs sont hissés aux rangs les plus élevés. Le prophète Muhammad est d’ailleurs cité pour avoir dit que « le djihad le plus noble est de prendre la parole contre un gouvernement injuste » et que « Hamza (l’oncle du prophète et l’un des plus anciens martyrs de l’Islam) est le maître des martyrs, et qu’il en est ainsi de chaque homme qui s’élève contre un gouvernement injuste, pour l’enjoindre au bien ou à condamner le mal, et qui meurt pour une telle cause ». Le martyr est une personne qui s’offre à une cause noble et qui obtiendra les plus hautes récompenses, aux rangs les plus élevés du Paradis. C’est donc un acte juste et apprécié.

Continuons avec la 3e hypothèse qui est d’ordre social. Nous parlons donc de crise d’identité, de la place de la femme dans la société et du patriarcat. La majorité des gens qui commettent un attentat suicide sont jeunes, influençables et manipulables. Il y a différentes cultures et ils ne s’y retrouvent pas. La personne n’a pas d’avenir ou a l’impression de ne pas en avoir, soit pour des raisons sociales économiques, soit parce que le pays est occupé. La crise identitaire est très intéressante dans le contexte social. Le jeune a des difficultés à se reconnaître dans sa culture et sa religion. Par exemple, certains musulmans scolarisés ne se retrouvent pas dans les règles de l’Islam ni dans les normes familiales. Il y a aussi les musulmans habitant en Occident qui se sentent étrangers car ils ne se retrouvent pas dans les modes occidentaux. Ils veulent définir leurs valeurs et mettre en avant la culture de leur communauté, que ce soit en Occident ou dans les pays Arabes.

Il nous semble qu’il est aussi important de parler spécifiquement de la femme musulmane. Selon des analyses des femmes kamikazes en Palestine, ces femmes ont une position marginale au niveau social. Elles veulent donc mourir en martyres pour se racheter. Elles apparaissent toutes comme ayant des conditions de vie intenables au sein de leur société. Elles veulent donc mourir en shahida, qui signifie mourir pour se racheter, pour racheter l’honneur de la famille. C’est une société patriarcale et l’honneur, dans cette société, est très important. La femme n’a rien à dire, elle est soumise et est d’une certaine manière uniquement instrumentalisée. En 2003, le cheikh Ahmad Yassine, pour promulguer une fatwa, indiquait que « Les femmes qui commettent un attentat suicide et tuent des Juifs sont récompensées au paradis en devenant encore plus belles que les soixante-douze vierges promises aux hommes martyrs ». Il ajoute que si la femme est célibataire, elle épousera un homme pur et susceptible de faire entrer au paradis soixante-dix membres de sa famille en leur épargnant les tortures de la tombe. Si la femme est mariée, elle est certaine que son mari la rejoindra au paradis à sa mort, qu’il meure ou non en martyr*.

Pour terminer, nous avons la 4e et dernière hypothèse d’ordre économique*. Les jeunes sont scolarisés et ont un profil relativement élevé grâce à cela. Ces jeunes intellectuels sont formés dans de grandes universités occidentales et se situent donc désormais dans la modernité. Ceux-ci ont une sorte de désespoir et de frustration car leurs revendications de justice égalitaire et de liberté politique n’aboutissent à rien à cause de la puissance économique américaine, des classes favorisées ou encore des dirigeants politiques qui sont à l’origine de la désagrégation, décomposition de l’Etat et de ses institutions. Les jeunes révolutionnaires veulent donc rétablir l’ordre et l’honneur perdu de leur communauté et vont donc sacrifier leur vie pour cette cause. Ils veulent un ordre mondial plus égalitaire. Ils se rendent compte que ce désir ne se réalisera pas durant leur vie et qu’ils n’arriveront pas à changer ce monde, ils choisissent donc la mort avec détermination.

Bibliographie

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Liens

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LE FIGARO.fr, « Attentat suicide au Pakistan »

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Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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