L'Encyclopédie sur la mort


Le don et son refus

Jacques T. Godbout

Tout au long de son ouvrage, l'auteur présente les travaux des chercheurs de plus en plus nombreux utilisant le modèle du don pour comprendre des phénomènes sociaux. Il conclut son étude par une «invitation au don». Il essaie d'atteindre le sens ultime du don par un recours aux mythes de la culture judéo-chrétienne ne refusant pas de s'exposer à un doute ou à une nouvelle interrogation, à partir d'une préférence de Dieu, difficile à justifier, pour un don en refusant l'autre.
Cet ouvrage est une sorte de quête de sens de ce qui circule aujourd'hui. Or «la quête du sens ne s'explique pas, elle se raconte» (Thierry Hentsch, Raconter et mourir, Montréal, Les Presses de l'université de Montréal, 2002, p. 350). Ultimement, le don ne s'explique donc pas puisque tout est dans son sens. Ce sont les grandes histoires que sont les mythes qui atteignent le sens ultime des choses. Pour ceux qui doutent encore de l'importance du don, rappelons en terminant que, selon le mythe de l'origine de la culture judéo-chrétienne, le mal est introduit dans le monde par un don qu'Ève aurait dû refuser. Et le premier meurtre de l'humanité est la conséquence d'un don que Dieu a refusé. Caïn et Abel ont offert à Yavhé ce qu'ils avaient de plus beau. Dieu a accepté le don d'Abel et refusé celui de Caïn. Fou de rage, Caïn tue son frère. Les théologiens ne savent pas pourquoi Dieu rejette le sacrifice de Caïn alors qu'il accepte le don d'Abel. Abel, pasteur, sacrifie certes son agneau le plus beau, mais Caïn, l'agriculteur, offre ses plus beaux fruits et légumes. «Que Dieu préfère la viande aux légumes n'a jamais semblé une explication adéquate de ce refus divin» (Bremner, Charity and Philanthropy in History, p. 11). Sur cet événement capital, sur ce premier don non accepté de l'histoire de l'humanité, la Bible est silencieuse. Et pourtant ce refus entraîne le premier meurtre, un meurtre fratricide. En outre, à la demande de Caïn, Dieu accepte d'adoucir sa peine. Rien n'est clair. Rien n'est donné dans le don. Mais cet épisode met en évidence que le principal danger du don, c'est, pour le donneur, que le don soit mal reçu. Cette affirmation est valable pour tous les types de don, et depuis le début de l'humanité.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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