L'Encyclopédie sur la mort


La piété de Plutarque

Jean-Paul de Lagrave

Le texte ci-dessous est emprunté à l'ouvrage de Jean-Paul de Lagrave, Isis et Moïse. Des secrets de la Déesse du bonheur à la vengeance du Dieu jaloux, Trois-Pistoles, Québec, Éditions Trois-Pistoles, 2009, p. 54-55. Nous remercions l'éditeur et l'auteur de l'autorisation de reproduction qu'ils nous ont accordée. Plutarque insiste dans ce texte sur la quête de vérité, le plus grand don que nous puissions recevoir de la déesse Isis au service de laquelle Cléa, amie de Plutarque, est vouée comme prêtresse.
Le Traité d'Isis et d'Osiris est dédié à la prêtresse Cléa qui exerçait le service de la déesse Isis à Delphes. Amie de Plutarque, elle avait été consacrée dès l'enfance aux mystères osiriens par son père et sa mère. Ceux-ci s'étaient conduits amicalement avec Plutarque qui, de son côté, respectait grandement le savoir et les connaissances de Cléa. Elle était une adoratrice éclairée d'Isis et une lectrice ardente en mesure de s'intéresser aux croyances d'origine égyptienne. Le Traité d'Isis et d'Osiris, que Plutarque lui a dédié, a été classé comme l'un des ouvrages les plus difficiles en grec qui nous soient parvenus; or, Cléa a été jugée capable d'en saisir parfaitement le sens. Ce fut d'ailleurs à sa requête que Plutarque rédigea son traité. Dans celui-ci , l'auteur s'adresse directement à la prêtresse d'Isis, qui a «voué un culte particulier» à «cette déesse sage et amie de la sagesse» (Commentaire de Guy Rachet dans Plutarque, Traité d'Isis et d'Osiris, Dominique Ricard, traduction, Paris, Sand & Tchou, «Sagesse et spiritualité», 1995, p. 9, 10; Plutarque, Isis et Osiris, Mario Meunier, traduction, Paris, Guy Trédaniel, 1992, p. 23, 118).

«Il faut sans doute, ô Cléa, écrit Plutarque, que les esprits sensés demandent aux dieux tous les biens, mais surtout à la connaissance des dieux qu'il faut, autant que l'homme en est capable, s'attacher, en les priant vouloir bien eux-mêmes nous l'accorder. L'homme, en effet, ne peit rien obtenir, de plus grand, et la divinité ne peut rien concéder de plus auguste que la vérité. Tous les autres biens, les dieux les cèdent aux hommes pour subvenir à leurs besoins; mais, en leur communiquant l'intelligence et la sagesse, c'est à des attributs qui leur sont propres et dont ils font un usage constant qu'il leur permettent de participer.»

Plutarque rappelle ici à la prêtresse que c'est à l'aide de l'intelligence et de la sagesse qu'on peut mieux connaître les dieux. «C'est ainsi Cléa, ajoute Plutarque, qu'il faut accueillir et accepter sur les dieux, ce qu'en rapportent et en expliquent les esprits qui unissent le sens religieux au sens philosophiques.» (Isis et Osiris, traduction Meunier, o. c., p. 21, 51, 52) Le philosophe compte sûrement Cléa au nombre de ces «esprits», puisqu'il la définira dans son ouvrage ultérieur sur les vertus féminines comme «une femme qui se tient assidûment dans la compagnie des livres», «une femme de lettres familière de la théologie égyptienne, des ouvrages sur la nature des dieux.» («Conduites méritoires des femmes» dans Oeuvres morales, Tome IV : Traités 17 à 19. Texte établi et traduit par J. Boulogne. Paris, Les Belles Lettres, 2002, p. 42)
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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