«La socio-anthropologie de la mort [...] explore des horizons de sens qui jamais ne se laissent assigner à des lieux réels ou symboliques, mais qui débordent sans cesse toute forme de lieux, la mort étant en effet le hors-lieu par excellence.» (J.-M. Brohm). Jean-Paul Sartre* parle en termes de «hors du monde».
Nulle part en tant qu'essence, puisqu'elle n'est que coupure, béance, transition entre le vivant et le cadavre. Jamais isolée sur un territoire spécifique, elle est indiscernable au niveau du temps: il n'y a pas un instant du décès. Et l'on meurt toujours par degrés, car la mort est un processus, et par morceaux ou par organes, progressivement. Justement, en tant que processus, la mort réside partout dans le flux vital [...] En tant qu'elle se retrouve partout au cours de l'existence, elle est au coeur du discours dans l'art, la philosophie, la religion, la biologie et la médecine [...]. En tant qu'elle est nulle part elle cesse d'être un objet empirique: ce n'est qu'un point insaisissable dont on ne peut rien dire sinon qu'il y a un avant (vieillesse, agonie, coma) et un après (rites funéraires*, culte des morts et des ancêtres, deuil*). La mort, à la limite, n'est pas. Seuls existent ceux qui tuent, ceux qui vont mourir, meurent et sont déjà morts. (cité par J.-M. Brohm, Figures de la mort, p. 46)