L'Encyclopédie sur la mort


Eugène Onéguine

Alexandre Pouchkine

Eugène Onéguine est un long poème en vers dont l'auteur Alexandre Pouchkine (1799-1837) dit lui-même qu’il est un tableau de la société russe des années 20. Eugène Onéguine, jeune noble, séduisant et vaniteux, affecte l’indifférence et souffre de taedium vitae (ennui)* partout. Il quitte la ville pour s'installer à la campagne où il vient d'hériter d'une maison. Son ami Lenski, jeune homme romantique sincère l'amène en visite dans la maison voisine où la propriétaire demeure avec ses deux jeunes filles. Lenski est amoureux de la cadette, Olga. Sa sœur Tatiana, dont les Russes feront une sorte d’héroïne nationale, s’éprend d’Onéguine et se croit sincèrement aimée de lui. «Elle s’ouvre à lui de son amour dans une très célèbre lettre, Onéguine la repousse et fait même la cour à Olga. Lenski se sent obligé de provoquer son ami en duel. Onéguine tue son ami. Plus désabusé que jamais, il quitte alors la campagne et s’en va voyager. Quelques années plus tard, il revoit Tatiana à un bal de Saint-Pétersbourg. Elle est devenue l’épouse sage d’un vieux général. Onéguine tombe amoureux. A son tour de lui écrire une lettre. Tatiana, calme, lucide et résignée, rejette son amour avec une grande dignité et se soumet à son destin. Le roman s’achève sur ce refus. Au début, Pouchkine traite ses héros avec une certaine ironie. Mais l’œuvre se transforme ensuite en une peinture lyrique et nostalgique de la vie russe. Eugène Onéguine n’est pas seulement un personnage romantique, prisonnier de son rôle, et pour qui l’ennui est devenu un art de vivre, il est aussi le poète lui-même, son parcours de l’insouciance de la jeunesse à la gravité de la maturité.»
http://langues2.ups-tlse.fr/Beatrice/pouchkine/Oneg.Pouch.htm

Anecdote.
Pouchkine mourut, à l'instar de Lenski à la suite d'un duel au pistolet. Le poète et son personnage ont été provoqués par un dandy qui s'amusait à séduire leur bien-aimée. Piotr Ilitch Tchaïkovski, qui tira un opéra de l'œuvre de Pouchkine, épousa Antonia Milioukova, une ancienne élève qui lui avait déclaré sa flamme, et de peur de finir comme Onéguine, rongé de remords, ne la rejeta pas. Le mariage fut un désastre.
Eugène Onéguine (lettre de Tatiana à Onéguine, extrait)

Je vous écris, est-ce assez clair ?

Que reste-t-il encore à dire ?

Il se pourrait que je m'attire

Ainsi votre dédain amer.

Pourtant si vous pouviez comprendre

Mon triste destin d'ici bas,

Vous ne m'abandonneriez pas.

D'abord j'ai pensé me défendre,

J'aurais voulu dissimuler,

Pour vous mes sentiments sincères.

Sachez que j'aurais su me taire

Si de vous voir, de vous parler,

J'avais l'espoir. J'eusse révé

Toujours, toujours à nos rencontres,

Mais dans ce pays isolé

Vous semblez être un exilé.

C'est trop distant que l'on vous montre,

Et bien qu'heureux vous accueillant,

Nous n'avons rien de très brillant.


Lenski (avant le duel)


Vous avez fui, jours d'allégresse,

O jours dorés de ma jeunesse !

Hélas ! que m'apprête demain ?

Il est baigné de brume épaisse,

De l'entrevoir j'essaie en vain,

Mais quel que soit pour moi le sort,

Que sa flèche me frappe à mort,

Ou passe au loin sans me blesser,

Veiller, dormir, tout est tracé ...

béni soit le jour, ses soucis !

Que la nuit soit bénie aussi !

Demain, lorsque l'aube aura lui,

Quand sonnera l'heure fatale,

Descendrai-je seul dans la nuit,

En ma demeure sépulcrale ?

Les flots rapides du Léthé

Emporteront mon souvenir !

Mais, ô toi, vierge de beauté,

Sur ma tombe vas-tu venir ?

Sur mon urne, chère pleureuse,

verser une larme en pensant :

Il m'aimait en me dédiant

L'aube de sa vie orageuse ?

Mon épouse, mon adorée,

Viens,viens à moi, ma désirée !

http://jmgue.pagesperso-orange.fr/pagehtml/Poepouch.htm#tatiana
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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