L'Encyclopédie sur la mort


El Deschidado

Gérard de Nerval

Ce poème est pour Nerval « le lieu d'une interrogation sur son identité. Le "je suis" initial [v.1] se transforme en un qui "suis-je?" Mais qui sera finalement l'Eurydice sauvée des enfers par Orphée? La Vierge Marie (la "sainte") ou quelque "fée" païenne? La quête de la femme idéale peut-elle cependant suffire à chasser l'angoisse du poète? » (op. cit., p. 34) El desdichado est un mot espagnol dérivé par le privatif des de dicha qui signifie chance, bonheur. Le desdichado serait donc le malchanceux, le malheureux. Les commentateurs ont retenu en fait "déshérité", terme emprunté par Nerval au roman Ivanhoe de Walter Scott. Nerval, en bon romantique, est fasciné par le Moyen-âge. Dans cette évocation de l’Angleterre médiévale, un mystérieux chevalier, compagnon de Richard Cœur de Lion, dépossédé de son château par Jean Sans Terre, se présente sans armoiries dans un tournoi ; son bouclier, à côté d'un chêne déraciné portait le mot espagnol Desdichado.

Source: Études littéraires: < www.etudes-litteraires.com/nerval-desdichado.php >

Dans El Desdichado, le poète écrit : «Je porte le soleil noir de la Mélancolie ». Le soleil noir de la Mélancolie* se trouve aussi dans son Voyage en Orient : « Le soleil noir de la mélancolie, qui verse des rayons obscurs sur le front de l'ange rêveur d'Albert Dürer, se lève aussi parfois aux plaines lumineuses du Nil, comme sur les bords du Rhin, dans un froid paysage d'Allemagne. J'avouerai même qu'à défaut de brouillard, la poussière est un triste voile aux clartés d'un jour d'Orient » (Paris, Gallimard, 1998, II Les Esclaves, 1. Un lever de soleil, p. 195). Voir aussi: Alice Machado, Figures féminines dans le Voyage en Orient de Gérard de Nerval, Lanore, « Littératures », 2006, p.84.
El Desdichado
Je suis le Ténébreux - le Veuf - l'Inconsolé
Le prince d'Aquitaine à la Tour abolie:
Ma seule Étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé.
Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus? Lusignan ou Biron?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine;
J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Syrène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron:
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Les Chimères, 1854.

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Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

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