Vers la fin de sa vie, Alphone Picher, poète québécois, élabore un lyrisme tendre et mélancolique. Au rythme des saisons, la vie de volupté et de promesse se rétrécit lentement et se dénude pour s'ensevelir sous la froidure d'un suaire hivernal. «Furent» les saisons! «Repérées» les aires de la mort!
SAISONS
Furent
la boue
les vases initiales
Nuit de germe rompu
ô terre matricielle
dans le pas éternel des verdures grand largue
vulvaire printemps
d’inextricable effort
Furent
des bruits de soleil
et de large lumière
le chaste été aux mille midis
comme un enfant blotti en son mystère
repu d’oiseau et d’herbe
et de sable aux lèvres d’eau
s’endort
d’or
Furent
rétrécies la courbure du jour
et la tombée des heures
l’humilité des lampes
la horde des labours
fenêtre d’éternité
aux lueurs anéanties d’automne
Furent
les hâves rapaces
descendus du froid aux angles grêles
leurs griffes dans le suaire déchiré des neiges
repérées les aires de la mort
dénudé le lieu chaud des viscères
ô vieillesse rendue d’hiver
Dernier profil, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1982, p. 10
Furent
la boue
les vases initiales
Nuit de germe rompu
ô terre matricielle
dans le pas éternel des verdures grand largue
vulvaire printemps
d’inextricable effort
Furent
des bruits de soleil
et de large lumière
le chaste été aux mille midis
comme un enfant blotti en son mystère
repu d’oiseau et d’herbe
et de sable aux lèvres d’eau
s’endort
d’or
Furent
rétrécies la courbure du jour
et la tombée des heures
l’humilité des lampes
la horde des labours
fenêtre d’éternité
aux lueurs anéanties d’automne
Furent
les hâves rapaces
descendus du froid aux angles grêles
leurs griffes dans le suaire déchiré des neiges
repérées les aires de la mort
dénudé le lieu chaud des viscères
ô vieillesse rendue d’hiver
Dernier profil, Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1982, p. 10