«L'oiseau captif ne cherche qu'à s'évader, qu'à sortir d'un corps qui n'est plus qu'une geôle. [...] Avec cette "Cage d'oiseau", et à cause de l'utilisation d'un "on" détaché, observateur, c'est de l'extérieur que le poète peut se représenter mourir sans crainte ni révolte.» (François Charron, La part incertaine. Poésie et expérience intérieure chez de Saint-Denys Garneau, Montréal, Les Herbes Rouges, 2005, p. 101-103)
Cage d'oiseau
Je suis une cage d'oiseau
Une cage d'os
Avec un oiseau
L'oiseau dans sa cage d'os
C'est la mort qui fait son nid
Lorsque rien n'arrive
On entend froisser ses ailes
Et quand on a ri beaucoup
Si l'on cesse tout à coup
On l'entend qui roucoule
Au fond
Comme un grelot
C'est un oiseau tenu captif
La mort dans ma cage d'os
Voudrait-il pas s'envoler
Est-ce vous qui le retiendrez
Est-ce moi
Qu'est-ce que c'est
Il ne pourra s'en aller
Qu'après avoir tout mangé
Mon cœur
La source de sang
Avec la vie dedans
Il aura mon âme au bec.
Hector de Saint-Denys Garneau,
Regards et jeux dans l'espace, 1937.
Je suis une cage d'oiseau
Une cage d'os
Avec un oiseau
L'oiseau dans sa cage d'os
C'est la mort qui fait son nid
Lorsque rien n'arrive
On entend froisser ses ailes
Et quand on a ri beaucoup
Si l'on cesse tout à coup
On l'entend qui roucoule
Au fond
Comme un grelot
C'est un oiseau tenu captif
La mort dans ma cage d'os
Voudrait-il pas s'envoler
Est-ce vous qui le retiendrez
Est-ce moi
Qu'est-ce que c'est
Il ne pourra s'en aller
Qu'après avoir tout mangé
Mon cœur
La source de sang
Avec la vie dedans
Il aura mon âme au bec.
Hector de Saint-Denys Garneau,
Regards et jeux dans l'espace, 1937.