Tocqueville Alexis de

29 / 07 / 1805-16 / 04 / 1859
Tocqueville est un auteur beaucoup cité, ou pour le moins invoqué, de nos jours, mais l’on éprouve souvent quelque embarras à le classer: philosophe, moraliste, penseur politique, (proto)sociologue? Il n’entre bien dans aucune de ces catégories, et pourtant relève un peu de toutes. Cette indistinction est certes liée à l’époque à laquelle il appartient: cette première moitié du XIXe siècle, où les «sciences humaines» sont encore en gestation, et où philosophie, sociologie et politologie ne sont pas encore des «spécialités» séparées. Mais c’est aussi le mouvement singulier de la réflexion de Tocqueville qui le pousse sans cesse à penser la politique par rapport à la morale, et la philosophie par rapport à l’une et à l’autre. Et peut-être est-ce là aussi une nécessité de l’ordre démocratique qui n’a rien perdu de sa force et qui, pour cela même, nous attache à la pensée et à la parole tocquevilliennes.

Les quelques témoignages que nous possédons des lectures philosophiques de Tocqueville nous le montrent attiré surtout par les spéculations philosophiques appliquées à la politique: dès 1835, il prend des notes sur Platon, Plutarque, Machiavel et s’en entretient par correspondance avec le philosophe Royer-Collard. Mais la spéculation pure, et tout spécialement les théories, métaphysiques ou autres, qui ne se soucient pas de leur effet sur les hommes et sur les sociétés, non seulement ne l’intéressent guère, mais entraînent carrément sa désapprobation. C’est ce qui ressort nettement de la correspondance qu’il échange avec Gobineau, l’auteur de l’Essai sur l’inégalité des races. Dès leurs premiers rapports, en 1843, Tocqueville confie à Gobineau:
«J’étais naturellement porté par les habitudes de mon esprit à ne m’attacher en matière de morale qu’aux choses nouvelles qui pouvaient avoir un effet direct sur les actions des hommes. Mais il ne m’est pas permis de négliger les nouveautés morales qui même n’auraient pas cette tendance [...], que je me permettrai d’appeler des rêveries improductives, si je ne travaillais pas pour une académie.»


Quelques notes biographiques
1805
Naissance à Paris d’Alexis de Tocqueville, issu d’une famille de très ancienne noblesse normande.
1826
Licencié en droit à Paris.
1833
Publication, en collaboration avec son ami Gustave de Beaumont, du rapport sur le système pénitentiaire américain sous le titre : Du système pénitentiaire aux États-Unis et de son application en France.
1835
Publication du premier volume de De la démocratie en Amérique.
1838
Élu membre de l’Académie des Sciences morales et politiques.
1840
Publication du deuxième volume de De la démocratie en Amérique.
1841
Élu à l’Académie française.
1849
Élu à l’Assemblée législative en mai. Ministre des Affaires étrangères du prince Louis-Napoléon (président de la République depuis décembre 1848) de juin à octobre.
1856
Publication de L’Ancien Régime et la Révolution, son second ouvrage majeur après De la Démocratie en Amérique.
1859
Décès à Cannes

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