Mystique

Essentiel

Tout se résume dans cette phrase de Nietzsche: « Quand le scepticisme s'allie au désir, naît le mysticisme. » Le désir du vrai trahi par l'illusion, le désir du bien meurtri par le mal n'ont pas d'autre issue que l'envol vers une transcendance à l'image de leur voeu. C'est dans cette dimension divine qu'a lieu la rencontre nuptiale entre la lucidité qui fait les sceptiques et l'amour qui veut des croyants. Car « la lucidité est le pire des aveuglements si l'on ne voit rien au-delà de ce qu'on voit »: le visible amputé de l'invisible n'est plus que le masque du néant.

Ou, pour reprendre la distinction chère à Jean Guitton, l'homme qui va jusqu'au bout de la lucidité n'a plus le choix qu'entre le choc mortel contre l'absurde et l'éblouissement devant le mystère - intuition obscure par la disproportion entre la puissance de la lumière et l'infirmité de notre regard : on voit le soleil parce qu'on est ébloui et, pour la même raison, on ne le voit pas - qu'entre le désespoir, nu ou fardé de mirages, et l'espérance surnaturelle qui plane au-dessus de l'égarement des contraires parce que sa source n'est pas dans le temps où tout se sépare, mais dans l'éternel où tout s'unit.

Enjeux

« Double réaction contre l'indifférence religieuse de notre époque : la prolifération des sectes et de leur spiritualité de pacotille et la purification de la foi à travers le filtre de l'athéisme ambiant. - Religion qui se dégrade en magie ou qui se dénude en pure adoration du mystère - mystification ou vrai mysticisme, crédulité aveugle ou foi éblouie... »

GUSTAVE THIBON, L'illusion féconde, Paris, Fayard, 1995.

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