Vie publique

La vie publique est formée d'un ensemble de personnes privées rassemblées pour discuter de questions d'intérêt commun. Le résultat d'une telle discussion serait l'opinion publique en tant que consensus sur le bien commun.

Essentiel

De l'obéissance volontaire à la soumission
«La pureté dans la vie publique, c'est l'élimination poussée le plus loin possible de tout ce qui est force, c'est-à-dire de tout ce qui est collectif, de tout ce qui procède de la bête sociale, comme Platon l'appelait. La Bête sociale a seule la force. Elle l'exerce comme foule ou la dépose dans des hommes ou un homme. Mais la loi comme telle n'a pas de force; elle n'est qu'un texte écrit, elle qui est l'unique rempart de la liberté. L'esprit civique conforme à cet idéal grec dont Socrate fut un martyr est parfaitement pur. Un homme, quel qu'il soit, considéré simplement comme un homme, est aussi tout à fait dépourvu de force. Si on lui obéit en cette qualité, l'obéissance est parfaitement pure. Tel est le sens de la fidélité personnelle dans les rapports de subordination; elle laisse la fierté tout à fait intacte. Mais quand on exécute les ordres d'un homme en tant que dépositaire d'une puissance collective, que ce soit avec ou sans amour, on se dégrade. Théophile de Viau encore, grand poète et à plusieurs égards héritier authentique de la tradition occitanienne, comprenait comme elle le dévouement à un roi ou à un maître. Mais quand Richelieu, dans son travail d'unification, eut tué en France tout ce qui n'était pas Paris, cet esprit disparut complètement. Louis XIV imposait à ses sujets une soumission qui ne mérite pas le beau nom d'obéissance.

SIMONE WEIL, Le Génie d'Oc, février 1943.



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L'identification du vivant humain aux sons qui est à la base du langage est le modèle de l'harmonie que nous devrions rechercher dans la vie publique, car c'est elle qui fait la loi aussi bien à l'harmonie de la pensée avec le réel qu'elle la fait à l'harmonie avec autrui.

Enjeux

À chaque moment de l'histoire, il y a une ressemblance entre tous les phénomènes auxquels nous associons le mot vie: vie publique, vie privée, vie des manuels de biologie, vie des arts, vie des lettres, toutes ces formes de vie ont en commun une même intuition. Là où on réduit la vie dans la nature au passage mécanique d'un gène à une protéine, on calcule aussi ses calories en avalant des hamburgers, on mesure la vie d'une maison à sa pureté hygiénique et celle d'un colloque au nombre de conférences que l'on peut entasser dans une journée de huit heures.

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