Decimus Valerius Asiaticus appartenait à une des plus puissantes familles allobroges de la Gaule Transalpine (aujourd'hui la Savoie). Né à Vienne (Isère, France) et envoyé assez jeune à Rome, il a su pénétrer le cercle de la famille impériale. Ainsi fréquenta-t-il assidûment la maison d'Antonia*, nièce d'Auguste, mère de Claude, grand-mère de Caligula. Sans doute le premier gaulois à être admis au Sénat de Rome, Valerius fut deux fois consul, une première fois sous le règne de Tibère (en 35 ap. J.-C.) et une deuxième fois en 46 ap. J.-C. sous le règne de Claude. Intime de Caligula, il compta parmi les instigateurs de son assassinat et il fut question de sa candidature à la succession impériale. Proche de Claude, il le suivit dans la campagne de 43 contre les Bretons (en Angleterre). Sa richesse et sa brillante carrière lui permirent de devenir propriétaire de la villa et des jardins créés à Rome vers 60 avant J.-C. par Lucullus, le général vainqueur de Mithridate. Ces magnifiques jardins architecturés organisés en terrasses se développaient sur l'éperon méridional du Collis Hortulorum (la colline des Jardins) qui dominait le Champ-de-Mars.
Messaline, l'épouse de Claude, jalouse et intrigante, voulut s'approprier les célèbres jardins. Il ne fut pas difficile de convaincre Claude que Valerius Asiaticus était dangereux pour son pouvoir : très influent à Rome mais aussi dans la cité de Vienne où il fut compter sur l'appui de sa famille nombreuse et puissante et aurait pu soulever les Gaules. Sur de faux témoignages Claude le condamna au suicide en 47 ap. J.-C. , mais il lui laissa le choix de sa mort. Valerius optait pour une mort dans ses jardins qu'il avait fait embellir. En 48 ap. J.-C., dans un discours prononcé devant le sénat, Claude lui vouait encore une haine féroce au point de refuser de dire son nom. Ce discours, gravé sur bronze, a été retrouvé à Lyon: «Voici la très honorable et très puissante colonie des Viennois : combien longtemps il y a déjà qu'elle fournit des sénateurs à cette curie ! [...] Je veux taire le nom sinistre du brigand [D. Valerius Asiaticus], et je le hais, ce prodige de palestre, qui apporta le consulat dans sa maison, avant que sa colonie n'eut acquis le bénéfice intégral de la cité romaine» (Traduction Ph. Fabia).
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Voici le récit de sa mort selon Tacite*: «Claude délibéra s'il absoudrait Asiaticus. Alors Vitellius, après avoir rappelé en pleurant son ancienne amitié avec l'accusé, les respects qu'ils avaient rendus ensemble à Antonia, mère du prince puis les services d'Asiaticus envers la république, ses exploits récents contre la Bretagne, enfin tout ce qui semblait capable de lui concilier la pitié, conclut à lui laisser le choix de sa mort; et Claude se déclara aussitôt pour la même clémence. (2) Les amis d'Asiaticus l'exhortaient à sortir doucement de la vie en s'abstenant de nourriture: il les remercie de leur bienveillance; puis il se livre à ses exercices accoutumés, se baigne, soupe gaiement; et, après avoir dit qu'il eût été plus honorable de périr victime de la politique de Tibère ou des fureurs de Caïus, que des artifices d’une femme et de la langue impure de Vitellius, il s'ouvrit les veines. Il avait auparavant visité son bûcher, et ordonné qu'on le changeât de place, de peur que l'ombrage de ses arbres ne fût endommagé par la flamme: tant il envisageait tranquillement son heure suprême! » (Tacite, Annales, XI, 3, 1-2, Bibliotheca Classica Selecta
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