Le peintre Nicolas de Staël est né à Saint-Petersbourg en 1914 tandis que son père était vice-gouverneur, jusqu'en 1917, de la forteresse Pierre-et-Paul de la même capitale russe. La révolution de 1917 contraint sa famille à s'exiler dès 1919 en Pologne, où meurent ses parents. Orphelin, il est recueilli par un couple russe de Bruxelles, les Fricero, en 1922. À seize ans, il s'inscrit à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles où il aura comme compagnon de classe Willy Anthoons (1911-1982), qui deviendra sculpteur non figuratif. Dans les années 1930, il découvre Matisse, Braque, Soutine et Cézanne. Il voyage en Espagne, en Italie, en Algérie et au Maroc où il rencontre sa future compagne, la peintre Jeannine Guillou. Il rejoint la Légion étrangère en 1939 et est démobilisé en 1941.
Arrivé à Nice, de Staël peint, sous l'influence d'Alberto Magnelli, Jean Arp, Sonia et Robert Delaunay, ses premières toiles abstraites, appelées «Compositions». En 1943, il s'installe à Paris où il souffre de la faim et du froid. Jeannine tombera malade et mourra en 1946. Mais Nicolas continuera à peindre et en 1944, en pleine occupation allemande, il expose avec Kandinsky et Magnelli à la Galerie Jeanne Bucher. «Il se tourne de plus en plus vers l'abstraction, et ses oeuvres constituées d'un enchevêtrement de lignes et d'arabesques, révèlent une palette pétrie d'angoisse.» Entre 1950 et 1952, il se lance dans la composition de paysages, de natures mortes, sans doute sous l'influence de Braque, de Lapicque ou de Lanskoy. De ces tableaux émergent alors la couleur, la lumière, la vie, l'espace.
Nicolas de Staël, L'orchestre , 1955
« Assailli en permanence par le doute, tiraillé entre l'illumination et le désespoir », il s'installe à Antibes en1954, dans un atelier ouvert sur la mer. En six mois, il réalise plus de 300 toiles: des natures mortes, des paysages, des scènes sur le port, un bateau, un vol de mouettes, une carafe sur une étagère. Solitaire et n'ayant plus la force d'achever ses tableaux parmi lesquels « Le Grand concert », il se jette du haut de la terrasse de son immeuble à Antibes le 16 mars 1955.
En 1951, une grande amitié naît entre le poète René Char et Nicolas de Staël. Le 9 mars1965, René Char écrit un texte, pour le Nouvel Observateur intitulé « Témoignage », célébrant le dixième anniversaire de la mort de Staël. Char donne à son «Témoignage » le titre définitif de «Il nous a doté.
La correspondance entre René Char et Nicolas de Staël de 1951 à 1954 a été publié en 2010 par les Éditions des Busclats avec un Avant-propos d'Anne de Staël et des notes établies par Marie-Claude Char.
Le Monde des Arts, http://www.lemondedesarts.com/DossierDeStael.htm
Le parcours et l'œuvre de Nicolas de Staël ressemblent quelque part aux péripéties de Vincent Van Gogh*. Comme Vincent, étranger accueilli en France où il s'inspire de maîtres contemporains rénovateurs de l'art pictural, il cherche dans le Midi de la lumière et de la couleur pour ses toiles. Seul et en lutte contre ses démons, il cherche fébrilement une issue à ses angoisses à travers une panoplie d'oeuvres, réalisée dans une brève période de sa vie.
Sa dernière oeuvre : Le concert