L'Encyclopédie sur la mort


Sponde Jean de

Sponde Jean deJean de Sponde (1557 - 1595), homme politique et célèbre poète baroque dont la vie entière fut marquée par les guerres de religion : « Je sens dedans mon âme une guerre civile ». Né à Mauléon en pays basque, il est élevé dans la foi réformée. Il fait de brillantes études, qui le conduisent de Lescar à Bâle, où il rencontre François Hotman (1524-1590), jurisconsulte et écrivain polémiste français converti au calvinisme en 1547. En 1585, Jean de Sponde devient agent politique d'Henri de Navarre, futur Henri IV, puis conseiller et maître des requêtes d'Henri IV après son accession au trône. Il est prisonnier de la Ligue en 1589 puis, lorsqu'il est libéré, il devient lieutenant général de La Rochelle. Il tente de convaincre Henri IV qu'« il n'est pas bienséant de changer de religion », dans l'Avertissement au Roi, 1589. Mais en 1593, Jean de Sponde se convertit à son tour au catholicisme. Pour se justifier, il publie Response d'un catholique apostolique romain au Protestant (1593) et Déclaration des principaux motifs qui induisent le sieur de Sponde, conseiller et maître des requêtes du roi à s'unir à l'Église (1594). Ce retournement suscite dans le Sud-Ouest une réaction violente parmi les protestants et d'une manière générale, un débat théologique virulent, notamment avec Théodore de Bèze. Agrippa d'Aubigné, qui n'a jamais admis l'abjuration d'Henri IV, s'en prend également à Jean de Sponde « ayant sacrifié son âme pour l'Église ».


Surtout connu pour son recueil de poèmes Amours, publié en 1598, il est aussi un poète religieux : Méditations sur quatre Psaumes dédiées en 1588 au roi de Navarre, et Essay de quelques Poèmes Chrestiens, contenant notamment les Douze sonnets de la mort, superbe exemple du style baroque, publié en 1588, oublié pendant deux siècles et demi réédité en 1949.

Jean de Sponde, « Stances de la Cène »

« Ta mort fut notre mort, ta vie est notre vie,
Puisqu'elle est de ta chair et de ton sang nourrie :
Vivant ainsi, Seigneur, craindrons-nous de mourir? »

Sources

« Jean de Sponde »

http://www.museeprotestant.org/Pages/Notices.php?noticeid=207&scatid=5&lev=1&Lget=FR

Bibliographie

Livres


BOASE, Alan, Vie de Jean de Sponde, Droz, Genève, 1977
PINEAUX, Jacques, La poésie des protestants de langue française (1559-1598), Klincksieck, Paris, 1971
SPONDE, Jean (de), Œuvres littéraires, Droz, Genève, 1978

Mais si faut-il mourir

Le poème est paru en 1588. C’est un sonnet issu du mouvement Baroque, où Jean de Sponde développe le thème de la mort. Il s’appuie sur un texte imagé. Il traite le thème de l’instabilité de la vie, c'est-à-dire de sa fragilité. Il s’y rattache le thème fréquent de la mort avec l’idée que « la vie est un éclair ». Dans ce dernier recueil, il évoque la mort à l'œuvre dans le monde qui entoure l'homme.

Mais si faut-il mourir, et la vie orgueilleuse,
Qui brave de la mort, sentira ses fureurs,
Les Soleils hâleront ces journalières fleurs,
Et le temps crèvera cette ampoule venteuse.

Ce beau flambeau qui lance une flamme fumeuse,
Sur le vert de la cire éteindra ses ardeurs,
L’huile de ce Tableau ternira ses couleurs,
Et les flots se rompront à la rive écumeuse.

J’ai vu ces clairs éclairs passer devant mes yeux,
Et le tonnerre encor qui gronde dans les Cieux,
Où d’une ou d’autre part éclatera l’orage,

J’ai vu fondre la neige et ses torrents tarir,
Ces lions rugissants je les ai vu sans rage,
Vivez, hommes, vivez, mais si faut-il mourir.

 

 

 

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-11