L'Encyclopédie sur la mort


Simon Maïa

Maïa Simon, née le 10 novembre 1939 à Marseille et décédée le 19 septembre 2007 à Zurich en Suisse*, est une actrice française. Elle avait débuté au théâtre, jouant sous la direction de Maurice Béjart, Jean-Louis Barrault ou Jorge Lavelli, avant d'apparaître dans de nombreux téléfilms et feuilletons comme Thierry la Fronde, La famille Boussardel, Commissaire Moulin. Au cinéma, elle a joué dans Nous irons tous au paradis, dirigée par Yves Robert et dans Les témoins d'André Téchiné.

Atteinte d'un cancer généralisé incurable, Maïa Simon se rend en Suisse en septembre 2007 pour «abréger ses souffrances» par un suicide médicalement assisté par l'association suisse Dignitas*, en absorbant du pentobarbital avec l'aide de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD*) à laquelle elle avait adhéré en octobre 2006. Le 15 septembre 2007, elle répond aux questions du journaliste de RTL, Olivier Geay dont voici un extrait:

O. G.: Est-ce que vous savez déjà comment se dérouleront les derniers moments que vous allez vivre? Est-ce que vous y avez déjà pensé?

M. S.: Ce à quoi j'ai pensé, c'est qu'on va rejoindre ma famille, on va passer la soirée tous ensemble, on va dîner ensemble - oh, moi, je ne mange pas beaucoup - mais mes amis seront autour de moi. Le lendemain, on reprend la voiture, on repartira, on aura encore une nuit tous ensemble, et puis, après, comme je vous dit, c'est le grand saut dans l'inconnu. Alors, comme mes amis ont beaucoup d'humour, et moi aussi, ils m'ont dit «Qu'est-ce que tu vas faire avec tes cendres? - Eh bien, moi rien, mais vous peut-être. Qu'est-ce que vous avez envie de faire?» Alors, ils m'ont dit: «Toi, tu voulais les mettre sur la Méditerranée - puisque je suis né dans le Sud de la France - mais c'est quand même pas là où tu auras envie d'aller le plus?»
Eh bien, j'ai dit: «Non, c'est vrai» Et un de mes copains m'a dit; «Ça te ferait plaisir qu'on les amène au Kenya?» Et j'ai dit: «Oui, oui, oui.» Donc, ça c'est une image qui me restera dans la tête c'est-à-dire que le prolongement, c'est qui partent là-bas, dans cet endroit où j'ai travaillé et que j'ai tant aimé, et qu'on fasse une cérémonie avec les masaïs et les éléphants pour mettre mes cendres. C'est une chose un peu magique et ça m'a beaucoup touchés. Ça serait peut-être ma dernière image, oui. Là je suis un peu émue en vous parlant, mais je ne pense pas qu'il y aura de la nostalgie. C'est quelque chose qui me comble.

O. G.: Lorsque les gens entendront ce témoignage, vous serez partie. Est-ce qu'il y a un message que vous aimeriez donner, faire passer?

M. S. : Le message c'est que, quand on vous permet d'accomplir ce que vous désirez profondément, on vous accorde une grande joie et vous trouvez une sérénité que je n'aurais jamais eue si j'avais dû aller dans un hôpital, ou finir dans la dépendance et la déchéance. Ça c'est quelque chose que je ne supporterais pas. Donc, si on m'accorde ce que je désire, eh bien je pars en toute sérénité, et quoi de mieux? (Propos recueillis par Olivier Geay, grand reporter à RLT., Jean-Luc Romero*, Les voleurs de liberté, Florent Massot, 2009, 219-228)

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-14