L'Encyclopédie sur la mort


Sima de los Huesos

Sima de los HuevosPlateau de la Castilla y León. «Si le chemin de fer n’avait pas éventré la colline, à la fin du XIXe siècle, peut-être n’aurions nous jamais eu accès à de tels trésors archéologiques ! En tout cas, pas aussi facilement». Nous sommes dans une tranchée, creusée au cœur de la Sierra de Atapuerca, qui culmine à 1085 mètres à peine, à une quinzaine de kilomètres à l’est de la ville de Burgos, au nord de l’Espagne (province autonome de Castilla y León). «Cette gigantesque entaille, tracée pour relier Burgos aux mines voisines de fer a en effet mis au jour des gisements préhistoriques» raconte, feutre vissé sur la tête, le Catalan Eudald Carbonell, l’un des co-directeurs des équipes de recherche.

Ce site est aussi connu pour receler un puits aux morts, la Sima de los Huesos. Il y a 400.000 à 500.000 ans, les hommes qui peuplaient la région semblent avoir jeté intentionnellement leurs morts dans cette cavité. Est-ce pour qu’ils ne soient pas dévorés par les bêtes sauvages, lions, loups qui hantaient la colline? L’un après l’autre, des hommes, des femmes, des enfants ont été jetés dans cet aven de 13 mètres de profondeur, formant l’un des plus grands dépôts paléontologiques au monde.

«Le plus émouvant est que l’on a retrouvé aux côtés ces restes, un magnifique biface rouge» raconte Eudald Carbonell. Il s’agit du seul outil taillé –n’ayant jamais servi- trouvé dans le puits, et les chercheurs pensent qu’il a été également jeté sciemment avec les morts. Est-ce la preuve d’un début de pensée symbolique ? Les corps appartiennent à l’espèce Homo heidelbergensis, réputée être l’ancêtre de l’espèce Homo neandertalensis. Une espèce capable, en tous cas, de solidarité :les chercheurs ont en effet retrouvé un crâne, le plus complet au monde pour cette espèce, qui montre que son propriétaire a survécu des années malgré une terrible infection dentaire. Preuve que d’autres lui mâchaient la viande crue, principale source de nourriture de ces chasseurs solidement charpentés et dont les hommes pouvaient atteindre 1,90 m.

Un bouchon de sédiment occulte aujourd’hui l’aven préhistorique de la Sima de los huesos. «Les paléontologues ne l’ont découvert qu’en se transformant en spéléologues et en rampant 500m dans un tunnel» raconte Eudald Carbonnell, en ouvrant la grille de fer forgé qui donne accès à la grotte Cueva de mayor, sorte de portail d’accès à ce monde souterrain. «Cette sierra est une vraie fourmilière, conclut-il. Au bout de ce boyau, là, il y a un cimetière néolithique, que nous n’avons même pas le temps d’étudier. De l’autre côté de cette paroi, il y a une salle couverte de peintures rupestres". Et de se réjouir : «Nous avons des siècles de fouilles devant nous !».

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Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-20

Notes

Source: Rachel Mulot, «Du site d'Atapuerca»,
Sciences-et-Avenir.com
Texte édité le 20/01/09 par Cécile Dumas,
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/20090120.OBS0531/sur_les_traces_des_premiers_europeens.html