L'Encyclopédie sur la mort


Piso Gnaeus Calpurnius

Gnaeus PisoGnaeus Calpurnius Piso(n) (ca. 44/43 av. J.-C. - 20 ap. J.-C.) appartenait à une famille sénatoriale importante, alliée à la maison impériale grâce au mariage de Jules César avec Calpurnia, la fille de Lucius Calpurnius Piso. Gnaeus lui-même fut un confident de Tibère avec qui il fut co-consul (7 av. J.-C.) et qui, dès qu'il devint empereur, le nomma gouverneur de la province de Syrie (16 ap. J.- C.). Lorsque Germanicus (fils adoptif de Tibère et fils de Drusus, frère de Tibère) fut nommé vice-régent des provinces orientales en l'an 17 après avoir mené une campagne victorieuse contre Arminius, il devint un rival à la fois de Pison et de Tibère. Quand Germanicus meurt subitement en l'an 19, Pison est accusé formellement d'avoir trempé dans ce meurtre et est rappelé à Rome afin de se présenter devant le Sénat. En effet, Germanicus aurait été empoisonné par la femme de Pison, tandis que l'empereur Tibère lui-même est soupçonné de complicité par jalousie à l'égard de son fils adoptif. Après avoir proclamé devant le Sénat sa loyauté à l'égard de Tibère, Pison s'ouvrit la gorge à l'aide de son épée. Selon Tacite*, la «damnatio memoriae» à l'endroit de Pison (l'annulation de ses honneurs post mortem, l'effacement de son nom des monuments) fut votée par le Sénat romain.

References

«Calpurnius Piso» < http://virtualreligion.net/iho/piso.html >
Tacite, Annales, II, 67- III,17.
Suetonius, Les douze Césars: «Tiberius», 52.

Dans son traité de la Colère, Sénèque* (De Ira 1,18.) trace de Pison un profil peu flatteur d'un autocrate prêt à éliminer tous ceux qui osèrent lui résister:

«Gnéius Pison fut dans ses derniers temps un homme exempt de beaucoup de vices; mais c'était un esprit faux, qui prenait la dureté pour de la fermeté. Dans un moment de colère, il avait ordonné de conduire au supplice un soldat qui était revenu du fourrage sans son compagnon, l'accusant d'avoir tué celui qu'il ne pouvait représenter. Le soldat le conjura de lui accorder quelque temps pour aller aux recherches; il refusa. Le condamné fut donc conduit hors des retranchements, et déjà il tendait la tête, quand soudain reparut celui qu'on le soupçonnait d'avoir tué. Le centurion chargé de l'exécution ordonne au spéculateur [soldat chargé de l'exécution] de remettre son glaive dans le fourreau, ramène le condamné à Pison, pour rendre au juge son innocence; car la fortune l'avait déjà rendue à l'accusé. Une foule immense escorte les deux camarades, qui se tiennent l'un l'autre embrassés, à la grande joie de tout le camp. Pison s'élance furieux sur son tribunal, et ordonne de les mener au supplice l'un et l'autre, et celui qui n'avait pas tué, et celui qui n'avait pas été tué. Quoi de plus indigne? parce que l'un se trouvait innocent, tous deux périssaient. Pison ajouta une troisième victime: le centurion lui-même, qui avait ramené le condamné, est envoyé à la mort. Il fut décidé que trois hommes périraient au même endroit à cause de l'innocence d'un seul. Oh! que la colère est ingénieuse à inventer des prétextes à sa fureur. Toi, dit-il, je te fais mourir parce que tu as été condamné; toi, parce que tu as été cause de la condamnation de ton camarade; toi parce que, ayant l'ordre de tuer, tu n'as pas obéi à ton général. Il imagina le moyen de créer trois crimes, parce qu'il n'en trouvait pas un.» (Sénèque, Traités de la colère, de la brièveté de la vie, de la tranquillité de l'âme, de la clémence, de la vie heureuse, présentation et notes de Guy Rachet, Paris, France Loisirs, «Bibliothèque de la sagesse», 1994, p. 70-71)

 

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Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-09