L'Encyclopédie sur la mort


Lumière silencieuse

Lumière silencieuse

Réalisé par Carlos Reygadas
Avec Cornelio Wall, Miriam Toews, Maria Pankratz
Film mexicain, français. Genre : Drame
Durée : 2h 16min. Année de production : 2006
Titre original : Stellet Licht
Distribué par Bac Films
Johan et les siens sont des mennonites du nord du Mexique. En contradiction avec la loi de Dieu et des hommes, Johan, marié et père de famille, tombe amoureux d'une autre femme.

L'intérêt de ce film, dans le cadre de notre encyclopédie, se situe au niveau de la stratégie cinématographique de la «préfiguration» ou du rêve prémonitoire. Dans le contexte de la religion* et de la foi d'une communauté de croyants, un retour de la mort à la vie a lieu qui semble effacer un passé récent et assurer la survie de la tradition. La grâce ou l'intervention gratuite sont à l'oeuvre dans le cours des choses et le destin des hommes.

«Le film s’ouvre d’ailleurs sur un plan prodigieux : la caméra part des étoiles pour descendre sous les arbres et s’avancer vers le lever du soleil à l’horizon. Nous arrivons ensuite à la table d’une famille fraîchement sortie du sommeil, où les petits mangent leurs céréales au son de la pendule de l’horloge. Le film fut tourné chez les Mennonites, mouvement protestant maintenant présent un peu partout dans le monde, organisé en communautés souvent agraires, autosuffisantes, hospitalières par devoir mais en principe fermées au monde extérieur et n’adoptant que le minimum nécessaire de la technologie moderne. Les Mennonites du Nord du Mexique parlent une langue faite d’un mélange d’allemand et de néerlandais. Tout le film se déroule dans cette langue, étrange contraste sonore au paysage mexicain. Dans cette communauté sereine, bien réglée par les lois de Dieu et par l’ordre des rapports sociaux, le père de cette famille que nous rencontrons à l’aube est amoureux d’une autre femme. Son tourment est insoluble, il ne sait que faire. Qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce qui est bien ? Pour qui ? Sa femme, ses amis et son père sont au courant. Son père lui dit que c’est l’œuvre du Diable, pourtant, il lui dit aussi qu’il "l’envie".

[...]

Dans Lumière silencieuse, Johan et sa femme Esther sont en auto sur la route (encore par mauvais temps, sous un orage diluvien), quand celle-ci lui dit : « si seulement on pouvait revenir en arrière… me réveiller comme si tout n’avait été qu’un cauchemar… ». Peu après, saisie par un malaise, elle sort du véhicule et court sous la pluie. Elle ira s’effondrer sous un arbre, frappée par un mystérieux arrêt cardiaque, dira le médecin. Son vœu était prémonitoire, il sera exaucé à son « réveil »… Elle est entourée par sa famille, son mari à ses côtés… Comme si tout n’avait été qu’un cauchemar.»

(Nicolas Renaud, «L’ombre de Dreyer dans Lumière silencieuse, Envoûtement et déception» dans Hors champ, Médias et société, le 19 octobre 2008: http://www.horschamp.qc.ca/)

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-19