L'Encyclopédie sur la mort


Le Coeur régulier

Olivier Adam, Le Coeur régulier, Paris, Éditions de l'Olivier, 2010.

Ce livre nous est raconté par l'auteur lui-même dans : Jean Morzadec présente Les écrivains préférés des libraires, Préface de Jean-Luc Hees, Paris, Hoëbeke, 2011.

Le Coeur régulier a démarré par l'idée d'une femme française toute seule dans une petite station de bord de mer, au Japon « [...] Dans le Libération de ce jour-là, alors que j'avais déjà commencé à écrire sur cette femme, dans cette auberge, je vois le portrait d'un homme qui s'appelle Yukio Shige, un ancien policier qui officiait è Tojimbo. Tojimbo, c'est [...] un site de falaises extrêmement spectaculaire, mais c'est un lieu un peu funèbre, un peu maudit puisque depuis des années, sans qu'on sache vraiment depuis quand d'ailleurs, assez massivement, les Japonais viennent s'y suicider en sautant des falaises. Longtemps, ce policier a eu pour mission assez macabre, et aussi de son point de vue inutile parce qu'il arrivait toujours trop tard, de recueillir les corps, de les identifier et de prévenir les familles. Quand il est arrivé à la retraite, il était tellement touché par le phénomène du suicide qu'il s'est demandé comment il pourrait être utile. Il a d'abord fondé une association de prévention contre le suicide, il a essayé d'alerter les pouvoirs publics. Mais cela ne sert à rien, au sens où on nous renvoie toujours à deux extrêmes : soit le suicide est une question psychologique personnelle [..., soit on considère que le suicide est un phénomène massif et sociologique au Japon [...]. Devant cette impuissance, il s'est dit : "Je vais faire ce qu'un homme peut faire, c'est-à-dire je vais agir à mon niveau". Il s'est donc mis en tête d'arpenter tous les jours ces falaises, et quand il repère un candidat au suicide, quelqu'un qui est sur le point de sauter, il met sa main sur son épaule, et il lui demande de lui accorder une minute. [...], la personne lui accorde beaucoup plus, car à ce moment-là, il interrompt le mouvement par lequel la personne allait sauter, il la ramène chez lui, et il ne la relâche que quand il estime qu'elle s'est suffisamment retapée pour retourner dans la vie. Il l'héberge, il la nourrit, il lui offre un endroit, il l'écoute, parfois il l'aide à trouver du travail, à renouer avec ses proches, etc. Il a ainsi sauvé deux cents personnes aujourd'hui "dans la vraie vie". Quand j'ai lu cet article, c'est une évidence : cette femme était à la recherche de cet homme-là, qui avait des choses à lui délivrer sur son frère et sur elle-même (o.c., p. 11-12) ».

Au sujet du policier, sauveur de vies, on peut toujours discuter sur sa méthode de prévention du suicide, mais on ne connaît pas assez sa personnalité et ses attitudes pour savoir dans quelle mesure, dans ses interventions, il respecte la personne et la liberté de la personne suicidaire. Son comportement est-il répressif? À première vue, non (main sur l'épaule, dialogue). On ne connaît pas non plus la qualité de la survie de ces personnes sauvées, le risque de leurs possibles récidives. Mais, au plan quantitatif, les résultats semblent probants et indiquent une tendance plutôt bénéfique.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30