Lacan et la mort
Un petit passage de l’intervention de Lacan à Louvain est assez instructif sur sa position philosophique au sujet de la mort. La mort est un produit de la pensée et de la croyance:
« La mort… est du domaine de la foi. Vous avez bien raison de croire que vous allez mourir, bien sûr. Ca vous soutient ! Si vous n’y croyez pas, est-ce que vous pourriez supporter la vie que vous avez ? Si on n’était pas solidement appuyé sur cette certitude que ça finira… est-ce que vous pourriez supporter cette histoire ? Néanmoins, ce n’est qu’un acte de foi. Le comble du comble, c’est que vous n’en êtes pas sûr ! Pourquoi il n’y en aurait pas un ou une qui vivrait jusqu’à cent cinquante ans. Mais, enfin quand même, c’est là que la foi reprend sa force.
Alors au milieu de ça, vous savez que ce que je vous dis là, c’est parce que…et bien, c’est que j’ai vu ça, hein. Il y a une de mes patientes, il y a très longtemps, de sorte qu’on en entendra plus parler, sans ça, je ne raconterais pas son histoire. Elle a rêvé un jour, comme ça, que « l’existence rejaillirait toujours d’elle-même » ! Le rêve pascalien d’une infinité de vie se succédant à elles-mêmes sans fin possible. Elle s’est réveillée presque folle ! Elle m’a raconté ça, bien sûr que je ne trouvais pas ça drôle. Seulement voilà, la vie, ça s’est solide. C’est sur quoi nous vivons justement. La vie alors, dès qu’on commence à en parler comme telle. Bien sûr, nous vivons, ça c’est pas douteux, on s’aperçoit même à chaque instant. Il s’agit de la pensée, prendre la vie comme concept ».
Source : sur vidéo (extraits):
bibliosuicide.blogspot.com/ vidéo (le 30 mars 2007)