Né le 7 octobre 1900 à Munich et décédé par suicide le 23 mai 1945 à Lüneburg. Chef de la Gestapo et des ss, persécuteur acharné des homosexuels* dans les camps des nationalistes. Il est célèbre pour ses manœuvres hostiles à Ernst Röhm, capitaine des chemises brunes de la sa, afin de servir ses propres ambitions. Il acquit la réputation non enviable de persécuteur des Juifs et des Gitans. Il participa activement à la tuerie de Minsk (1941) dont son adjoint Reinhard Heydrich semble avoir été le maître d’œuvre. Il fut à l’origine de la solution finale et des chambres à gaz à Auschwitz, comme il ordonna aussi le nettoyage du ghetto de Varsovie (1943). Cependant, son attitude dans de nombreux massacres issus de ses ordres fut très ambivalente. Ainsi, il aurait condamné la nuit de Cristal (1939), pogrom organisé par Goebbels* et dont le nom est inspiré par la multitude de vitrines brisées des boutiques juives à Berlin incluant l’incendie des synagogues. Il aurait considéré cet acte comme un scandale qui porterait un coup très rude au statut moral du parti. Il aurait eu en horreur les massacres des Juifs, «tâche pénible», qu’il fit exécuter sur l’ordre de Hitler*: «Les territoires occupés à l’Est seront débarrassés des Juifs. L’accomplissement de cette mesure sévère est une responsabilité qui m’est dévolue par le Führer. Personne ne peut me décharger de ce fardeau et j’interdis à quiconque de s’en mêler.» Triste consolation pour les victimes et les survivants: il aurait cherché à assassiner «avec miséricorde». Ainsi, il aurait recommandé aux techniciens de construire des chambres à gaz capables d’exterminer «humainement» et avec «efficacité», comme si c’était possible. Effectivement, on reconnaît qu’il a négocié, avec le comte Bernadotte de Suède, la libération des prisonniers scandinaves des camps de concentration. Selon les archives du service secret britannique, à la fin de la guerre, Himmler aurait été prêt à la «vente» de trois mille cinq cents Juifs à la Suisse en échange de l’asile politique de deux cents nazis de rang élevé. À cette fin, cinq millions de francs suisses auraient été déposés par des organisations juives dans un compte bancaire anonyme en Suisse. Ainsi, mille sept cents prisonniers auraient été libérés du camp de Terezin en Tchécoslovaquie et auraient traversé la frontière suisse. L’opération n’aurait pas pu se compléter, car Ernst Kaltenbrunner, chef du service de sécurité de l’Allemagne nazie, mis au courant de cet échange, aurait empêché un deuxième convoi, provenant du camp de Bergen-Belsen, d’arriver à bon port. Himmler avait l’apparence d’un homme placide qui, malgré une raison éthique relativement éclairée, aurait agi froidement contre sa propre conscience, par ambition politique. Dans toutes les opérations signées par lui, sa responsabilité éthique est d’autant plus compromise. Impliqué dans des complots contre Hitler, c’est lui qui a offert aux Américains la capitulation de l’Allemagne sans conditions et qui a été, pour cette raison et pour quelques autres, accusé par Hitler de «traître». Après la mort de Hitler, il s’enfuit en direction du Nord et osa demander à l’amiral Dönitz un poste dans le nouvel État allemand. Devant le refus du successeur de Hitler, il fut pris de désespoir et s’écria «Que vais-je devenir?» Il confia à quelques officiers, dont son aide de camp: «Quand je me serai empoisonné, il vous appartiendra, à vous jeunes officiers, de dire au monde ce qui s’est passé en Allemagne, ce que j’ai fait et ce que je n’ai pas fait.» Deux semaines plus tard, il tomba aux mains des Britanniques. Lors d’une visite médicale de routine, un médecin remarqua un objet dans sa bouche, et voulut le retirer, mais Himmler brisa l’ampoule de cyanure d’un coup de dents et mourut instantanément (J. To land, Hitler, Paris, Robert Laffont, 1983, p. 865).