Fondée en 1980 à Los Angeles par Derek Humphry, Ann Wickett, Gerald A. Larue et Richard S. Scott, cette société, dont la devise est «Bien vivre et bien mourir», a pour but de promouvoir le droit au libre choix de la mort pour les malades en phase terminale. Elle publie des bulletins et des livres, organise des conférences et des réunions publiques, produit des matériaux audiovisuels et informatiques à des fins éducatives et organise des campagnes pour obtenir des réformes législatives qui autorisent l’euthanasie volontaire et le suicide assisté*. Dans Jean’s Way (1978), son fondateur principal Derek Humphry fait le récit de l’aide euthanasique qu’il a lui-même apportée à sa première femme, atteinte d’un cancer en phase terminale. Parmi ses autres livres, retenons surtout Final Exit (1990), traduit en français sous le titre Exit final. Pour une mort dans la dignité (Montréal, Le Jour, 1991). L’ouvrage se présente comme un guide qui renseigne le public et les professionnels de la santé sur les techniques à même de procurer une mort digne et sur les conditions les plus favorables selon lesquelles les personnes désireuses de mourir peuvent se donner la mort. On y trouve ainsi un tableau intitulé «Posologie des médicaments à utiliser pour l’auto-délivrance d’une maladie à issue fatale» (p. 160-161) et le sommaire des méthodes recommandées par l’auteur (p. 203-223), qui en écarte d’autres. Le premier chapitre du livre est consacré à la justification éthique de l’euthanasie et du suicide assisté, le troisième, aux implications juridiques. Dès la première page du livre, on est averti que l’«ouvrage présuppose que le lecteur reconnaît et accepte le principe moral selon lequel un malade en phase terminale a le droit de décider de mettre volontairement un terme à ses souffrances. […] Si vous croyez que Dieu est le seul maître de votre destin, ne poursuivez pas votre lecture. Cherchez plutôt la meilleure façon d’atténuer vos souffrances et prenez les dispositions nécessaires pour être accueilli dans un hospice» (p. 25-26). L’auteur fait allusion aux soins palliatifs préconisés par l’Église catholique et certaines autres religions opposées à l’euthanasie ou au suicide assisté.
La préface de l’édition française est de l’astrophysicien Hubert Reeves, qui rappelle que «si la mort est un épisode normal de la nature» et si les fleurs «meurent en douceur», il n’y a aucune garantie que «cela se passe bien» chez les humains. Trop souvent, on feint d’ignorer la mort des humains en tant que «réalité difficile». Réalité difficile, parce que les humains sont capables de reconnaître la mort en tant que mort, c’est-à-dire en tant que fin et rupture. Mais réalité devenue encore plus difficile à cause des nouvelles technologies capables de prolonger, contre le cours normal de la nature, une vie qui n’a plus de sens. C’est pourquoi Reeves applaudit à l’effort de ceux qui «ont osé sortir de la clandestinité la possibilité d’un recours à l’euthanasie quand la mort est prochaine, que les souffrances sont intolérables ou que la détérioration du corps rend la vie dégradante» (p. 13).