L'Encyclopédie sur la mort


Folklore

Autour du suicide socialement réprouvé s’est construit un imaginaire populaire qui accorde aux suicidés un pouvoir maléfique. Selon Serge Gagnon (Mourir, hier et aujourd’hui, p. 132-133), «dans la France de l’Ancien Régime, on craignait le retour du suicidé, qu’il ne revienne sur terre pour porter malheur aux vivants. […] En Bretagne, le suicidé commande le vent, la tempête, l’orage. Plusieurs scénarios ramènent à la conscience des suicides survenus au cours des déceptions amoureuses. Le paysan fabrique des suicidés malfaisants alors que les prêtres voient les malheureuses victimes condamnées au malheur éternel.» Dans une certaine campagne française, on raconte «que les âmes des suicidés sont affectées à l’éternel travail de retourner de grosses pierres qui encombrent le lit des torrents» (J. Delumeau, La peur en Occident, Paris, Fayard, 1978, p. 184). Version moderne du mythe de Sisyphe? Prenant appui sur ces représentations négatives, le prince «punissait» le corps des suicidés. Dans la France de Louis xiv et dans la Nouvelle-France, on traînait le corps du défunt devant les tribunaux qui «instruisaient le procès du cadavre comme s’il s’agissait d’un assassin bien vivant» (F. Lebrun, Les hommes et la mort en Anjou aux XVIIe et XVIIIe siècles, La Haye, Mouton, 1971, p. 418).

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-12