Philosophe grec né à Athènes ou dans l’île de Samos. Au cours de ses jeunes années et, plus tard, pendant ses voyages, il s’instruit à des écoles issues de l’enseignement de Platon*, d’Aristote* et de Démocrite*. Établi définitivement à Athènes, il fonde une communauté philosophique appelée école du Jardin où, loin des agitations de ce monde, on mène une vie sobre, on se nourrit de manière frugale et on cultive l’amitié. Le plaisir simple est le commencement et la fin de la vie heureuse. La sagesse (phronésis) est le plus grand des biens, car elle est la source de toutes les autres vertus puisqu’elle nous enseigne qu’on ne peut pas être heureux sans être sage, honnête et juste, ni être sage, honnête et juste sans être heureux. Dans ses «Définitions», Alain affirme que «l'épicurisme, souvent ramené injustement au plus bas égoïsme, est un matérialisme volontaire, qui a pour fin de guérir les superstitions, les illusions, enfin toutes les folies passionnées, ce qui laisse en l'âme les vrais biens, le savoir lui-même, la paix avec soi, et l'amitié.» (Les arts et les dieux, Paris, Gallimard, «Bibliothèque de la Pléiade», 1958, p.1055)
Dans sa Lettre à Ménécée sur la morale, Épicure écrit: «Maintenant habitue-toi à la pensée que la mort n’est rien pour nous, puisqu’il n’y a de bien et de mal que dans la sensation et que la mort est absence de sensation. […] Ainsi le mal qui nous effraie le plus, la mort, n’est rien pour nous, puisque lorsque nous existons la mort n’est pas là et lorsque la mort est là, nous n’existons pas. […] Le sage, lui, ne craint pas de vivre: car la vie n’est pas un poids pour lui; mais il ne considère pas non plus le fait de ne pas vivre comme un mal» (Paris, Hatier, 1999, p. 9-10). La foule, tantôt fuit la mort comme le plus grand des maux, tantôt la désire comme le terme de ses misères. Le sage, par contre, ne fait pas fi de la vie et ne craint pas la mort, car la vie ne lui est pas à charge et il ne considère pas la non-existence comme un mal. La conscience du fait que la mort n’est rien et que la vie est éphémère nous ôte le désir de l’immortalité. Cependant, il convient à l’homme de mourir au moment opportun. Cicéron* voit juste dans la pensée d’Épicure lorsqu’il affirme au sujet de celle-ci: «Nous sommes maîtres des douleurs, maîtres de les supporter, si elles sont tolérables, et dans le cas contraire, maîtres de quitter avec une âme égale, comme le théâtre, la vie qui ne nous plaît pas» (De finibus, ii, xv, p. 49). De même, lorsque les injustices du destin nous affectent: «Si l’on n’est pas de force à les subir, il faut s’en dégager par la fuite» (Cicéron, Tusculanes, xli). Le sage n’hésitera pas à sortir de la vie quand cela lui semble opportun. Dans le choix de la mort volontaire, Épicure recommande l’ataraxie, c’est-à-dire la réflexion calme et sereine. Mais une fois la décision prise, il n’hésite pas à faire le grand pas: «Nous ne devons rien entreprendre à ce sujet sans méditation, sans calme et surtout sans opportunité. Mais lorsque le moment tant désiré sera arrivé, oh! alors, plus d’hésitation! Celui qui veut faire ce grand pas ne doit pas douter de trouver son salut au milieu même des situations les plus difficiles, pourvu qu’il ne se hâte pas trop et qu’il sache s’y prendre à temps» (P. Gassendi, Syntagmata philosophiae Epicuri, III, XXI ; Y.Grisé, « L’épicurisme » dans Le suicide dans la Rome antique, p. 177). L’amitié et les conversations, douces et spirituelles, avec ses amis sont pour Épicure le plus grand bonheur de la vie. Il n’est donc pas étonnant qu’il conseille au sage de mourir pour ses amis lorsque l’occasion se présente et que lui-même, pourtant accablé de douleurs indicibles, s’éteignit, sans perdre sa paix intérieure, en buvant du vin dans un bain chaud et en se souvenant avec joie des discussions agréables en bonne compagnie.
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