L'Encyclopédie sur la mort


Didon


Princesse mythique d’origine tyrienne, appelée aussi Elissa. Après l’assassinat de son époux Sychée par son frère Pygmalion, elle s’enfuit de Tyr en compagnie de sa sœur Anna et d’un groupe d’amis. En Afrique du Nord, sur les rivages de la Tunisie actuelle, elle bâtit la citadelle de Carthage. Selon l’historien Timée, Iarbas, roi du pays, la contraint à l’épouser. Or, Didon, ayant fait vœu de ne plus se marier, se jeta dans un bûcher en flammes pour échapper à ce mariage.

Dans les premiers livres de l’Énéide, Virgile* présente une autre version de la mort volontaire de Didon. Celle-ci accueillit à Carthage Énée, le Troyen, durant son périple sur la Méditerranée où il lui revenait de fonder Rome. Tombée passionnément amoureuse, elle se donna à lui da

 

ns une grotte et, oubliant son serment, elle le considéra désormais comme son époux. Or, lorsque Énée, sur l’ordre de Jupite

 

r, regagna de nouveau la mer, Didon se fit allumer un bûcher et, après avoir transpercé son corps grâce à l’épée qu’elle avait reçue en cadeau de son amant, elle se précipita dans les flammes. « Lors de sa descente aux Enfers, Énée croise l'ombre de son amante. Mal à l'aise, il l'appelle, essaie de se justifier, la supplie d'entendre ses raisons. "Par ces mots, Énée tentait d'adoucir ce coeur brûlant, ce regard farouche, d'émouvoir des larmes. Elle, s'étant détournée, tenait ses yeux fixés au sol et à cet essai d'entretien ne marque pas sur son visage plus de sentiment que si dur silex elle était, ou que fût là debout un marbre de Marpessos. Enfin, elle s'arracha et, hostile, s'enfuit dans le bois plein d'ombre" (Virgile. L'Enéide, VI). À la malheureuse Didon, si pleine de ressentiment, il est manifeste qu'il faudra un long séjour dans les profondeurs des Enfers pour se délier de cet amour, oublier une passion qui aura été jusqu'à lui coûter la vie et regagner sa sérénité. » (Alain Nadaud, Aux portes des Enfers, Arles, Actes Sud, « Aventures », 2004, p. 57-58)

Les fondements historiques de cette légende remonteraient au neuvième siècle avant notre ère.

Henry Purcell composa un opéra de chambre intitulé Didon et Énée (1689). C'e
st l'un des premiers opéras anglais et l'un des plus émouvants présentant l'histoire des amours contrariées du prince troyen Énée et de la reine de Carthage Didon.

Célèbre aussi le monologue de Didon dans Les Troyens (1863) de Hector Berlioz (1803-1869), Acte V, le monologue de Didon:

Ah! Ah!
(Elle s’arrête brusquement.)
Je vais mourir...
Dans ma douleur immense submergée
Et mourir non vengée!...
Mourons pourtant! oui, puisse-t-il frémir
A la lueur lointaine de la flamme de mon bûcher!
S’il reste dans son âme quelque chose d’humain,
Peut-être il pleurera sur mon affreux destin.
Lui, me pleurer!...
Énée!... Énée!...
Oh! mon âme te suit,
A son amour enchaînée,
Esclave, elle l’emporte en l’éternelle nuit...
Vénus! rends-moi ton fils!... Inutile prière
D’un cœur qui se déchire!... A la mort tout entière
Didon n’attend plus rien que de la mort.

IMAGE: anonyme de la France du XV° siècle, «Didon accueille Enée à Carthage» (miniature)
www.hberlioz.com/paintings/BerliozWorks2b.html

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-20

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