Thomas Creech (1659-1700). Savant éditeur d’Oxford qui se pend après avoir achevé la traduction des œuvres de Lucrèce*. Son suicide s’inscrit dans une série de suicides, notamment de membres du clergé et d’hommes politiques, de sorte que l’on a pu parler de maladie anglaise*. On a voulu aussi faire de son geste le type même du suicide philosophique. La rumeur veut que Creech tenait le Biathanatos de Donne* dans une main et une corde dans l’autre. Il aurait ajouté une note à son manuscrit de Lucrèce: «Il faudra que je me pende quand j’aurai fini mon commentaire.» Ce qui provoquera le sarcasme de Voltaire*: «Il se tint parole pour avoir le plaisir de finir comme son auteur. S’il avait entrepris un commentaire sur Ovide, il aurait vécu plus longtemps» («De Caton, du suicide et du livre de l’abbé Saint-Cyran qui légitime le suicide», Dictionnaire philosophique, cité par G. Minois, Histoire du suicide, p. 211). De mauvaises langues prétendirent aussi que les erreurs qu’il avait commises dans sa traduction le plongeaient dans le désespoir. Mais, en réalité, l’éditeur se serait enlevé la vie à cause d’un chagrin d’amour, les parents de sa bien-aimée refusant d’approuver son mariage avec leur fille.
IMAGE
books.google.com