L'Encyclopédie sur la mort


Brault Gérald

Anubis de l'autoroute romaineProfesseur de sciences (1967-1993), érudit et chercheur, écrivain et poète, peintre et sculpteur, artiste engagé, membre fondateur du Conseil de la peinture du Québec (1966), de la Société des arts visuels de Laval (1987), de la Commission consultative des arts de Laval et défenseur des droits des artistes, Gérald Brault a publié de nombreux textes sur les arts visuels. À la fin des années 1950, Gérald Brault s'intéresse au modelage et à la sculpture. C'est depuis le début des années 1970 qu'il se passionne pour la peinture. Plusieurs expositions individuelles et collectives jalonnent sa carrière artistique dont les plus importantes sont Québec 84 (1984) et Métapeinture II présentée à la Salle Alfred-Pellan de la Maison des arts de Laval en 1991. En 2003, cinq ans après sa mort, le Centre de créativité le Gesù à Montréal, lui dédit une rétrospective majeure: Dessin, dessein, destin. (Document accompagnant la rétrospective à la Salle Alfred-Pellan, Maison des arts de Laval, 2005).

Dans son livre Chercheurs de têtes 1, (Les Productions de l'Aurore, octobre 1996, p. 33), Gérald Brault consacre un poème à Paul-Émile Borduas, peintre (1905-1960). Afin de saisir davantage le regard de Gérald Brault sur Borduas, voici un portrait de celui-ci dans les années de tourments qui précèdent sa mort:

«Au début des années 1950, le monde de Paul-Émile Borduas s’effrite sous les coups du sort. Quelques-uns de ses disciples, Jean-Paul Riopelle en tête, remettent en question son autorité morale; bientôt sa famille le quitte. À New York, où son art est apprécié, sa production est intense, mais il crée sans joie. En 1954, le succès de l’exposition En route, qui lance la peinture abstraite à Montréal, est vite assombri par la défection de Fernand Leduc et la mort d’Ozias Leduc; après la perte de son père spirituel, c’est sa mère qui décède, en avril 1956. Puis, son indéfectible ami Claude Gauvreau tombe malade et doit être interné. Pour ajouter à sa tristesse, Paris, où il réside à ce moment, demeure indifférente à son talent. À cette époque, en comparaison des explosions de couleurs d’un Riopelle qui fait la grande vie, les toiles de Borduas semblent presque mortuaires et à la limite du vide absolu; mais comme tout grand artiste, il sait traduire les infidélités de la vie dans des formes picturales nouvelles, comme le montre L’Étoile Noire, qu’on dit être son chef-d’œuvre. La vie de Borduas se termine lorsque son œuvre arrive à un point limite; qu’aurait-il pu faire de plus, ou plutôt, devrait-on dire dans son cas, de moins?» (Les arts visuels de Montérégie, « Une vie d'artiste», www.chsth.com/culture/artsvisuel/Borduas)

Consulter : http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Borduas

Poème de Gérald Brault:

PAUL-ÉMILE BORDUAS

Ta mort approche avec L'ÉTOILE NOIRE
Cette percée décidée de l'enfer de la neige
T'amène au bord du gouffre Québec
Tu ne sais plus séparer la lumière
Le noir te guette comme corbeau
Affamé d'âme désolée d'être au cachot

La tourmente du pénible périple
S'achève dans un hoquet d'huile
Après avoir gâché tant de tableaux
Tu crains de nous quitter bêtement
Tu replies le noir sur le blanc manteau
Le bitume de la rue transpercera ta peau
Tu as mal à l'âme sans cerveau
L'existence te donne une chair d'eau

Tu as vu les noirs de Soulages
Cela t'a chagriné dans ta marche
Pointée sur l'avant du navire fou
Où replié sur ton moi tu cherches quoi
Grands dieux une chose à soi
Comme ton pays gelé tu demeures pensif
Face à ton frèle esquif de voyage
Car tu ne trouves plus le rivage ami

Seul sur le noir durci tu récites
Les vers de Rimbaud en enfer
Les océans séparent les captifs
Qui meurent sur les récifs
Nul ne s'occupe de s'enquérir
Si le voyageur a pu souffrir
Gérald Brault

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-16

Notes

Gérald Brault, Chercheur de têtes 1, Montréal, Les Productions de l'Aurore, 1996, p.33.

Reproduit avec l'autorisation de Madame Huguette Brault, dépositaire des oeuvres de feu Gérald Brault.

IMAGE
Gérald Brault, «Anubis de l'autoroute urbaine». 1990, Acrylique sur bois.

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