L'Encyclopédie sur la mort


Arbus Diane

 

Arbus DianeNée Nemerov, issue d’une famille d’immigrants polonais d’origine juive établie à New York, propriétaire d’une chaîne de grands magasins appelée Russeks. Avec son mari Allan Arbus, elle commence sa carrière dans la photographie de mode. Mais dès la fin des années 1950, elle mène une œuvre originale de photographe «moraliste» au sens où, à l’aide des techniques avancées de son art, elle observe et rend sans complaisance les profondeurs de la conscience de ses contemporains, en majorité des femmes. Au hasard de ses rencontres dans les rues et les parcs, les clubs et les bars, elle choisit ses personnages: danseuses de cabaret, travestis, nudistes, prostituées, femmes dans des maisons pour handicapés mentaux, mais aussi épouses et mères de familles «ordinaires», riches veuves. Avec férocité, elle dévoile l’image unique et inusitée que les gens révèlent à l’appareil photographique et qui est loin de correspondre à l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et qu’ils voudraient livrer. «Je n’aime pas arranger les choses, dit-elle. Lorsque je me trouve en face de quelque chose, au lieu de l’arranger à mon goût, je m’ajuste»; «Je n’ai jamais fait une photo que j’ai voulue. Elles ont été toujours meilleures ou pires.» De ses portraits parfois réalistes, parfois fantasmagoriques, se dégage un monde de solitude et de souffrance. Elle fixe sur la pellicule le vide et l’insignifiance de la vie quotidienne ou la différence et l’exception. Ses choix artistiques et son style de vie sont tous deux excentriques et convergent vers une synthèse qui révèle ses angoisses intérieures. «Les gens fantasques ou bizarres (freaks), dit-elle, naissent avec leurs traumatismes. Ils ont déjà passé leur test dans la vie. Ce sont des aristocrates.» Elle a rêvé une fois qu’elle était sur un paquebot immense, pâle et doré, joufflu, rococo comme un gâteau de noces. Il y avait de la fumée dans l’air. Les gens buvaient et jouaient. Elle savait que le bateau était en feu et qu’il sombrait lentement. Les autres aussi le savaient, mais ils continuaient à être joyeux, à danser, à chanter et à s’embrasser, comme en délire. Il n’y avait pas d’espoir. «J’étais terriblement exaltée et je pus prendre les photos que je voulais.» Ce rêve peut être interprété comme la parabole d’une humanité risquée qui, avec exaltation et désespoir, est entraînée dans une danse macabre à laquelle Diane Arbus dans toute sa subjectivité personnelle participe comme à distance et avec beaucoup de lucidité. Le 26 juillet 1971, elle meurt d’une dose excessive de barbituriques et d’une coupure des veines du poignet. La rupture de son mariage avec Allan a sans doute accru ses angoisses et contribué à sa crise* suicidaire fatale.

Arts et Lettres
Film «Fur: an imaginary portrait of Diane Arbus», 2007.

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Portrait de Diane Arbus par Alban Arbus

un test pour film, 1949

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-20