L'Encyclopédie sur la mort


Prévention du suicide chez les aînés : le financement n'est pas au rendez-vous

En 2007, dans le cadre de la Journée internationale des aînés, l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) recommande au Gouvernement du Québec qu’un financement spécifique et récurrent soit attribué à la prévention du suicide chez les aînés. L’AQPS tient à s’exprimer dans le cadre de la consultation publique portant sur les conditions de vie des aînés car les statistiques nous démontrent une forte croissance du taux de suicide chez les aînés au Québec au cours des dernières années. (



Les données de l’année 2007 provenant du Réseau québécois de recherche sur le vieillissement nous démontre que :

• Le taux de décès par suicide chez les aînés s’est multiplié par 3 au cours des cinquante dernières années (RQRV, 2007)

• Ce sont les jeunes de 20-24 ans et les personnes de 70 ans et plus qui ont donné lieu à la plus forte augmentation de suicides déclarée au Québec entre 1965 et 1985 (Vézina et coll., 1994) ;

• Entre 1996 et 1999, le taux moyen de suicide chez les personnes âgées de 65 ans et plus était 30% plus élevé que chez les 10-19 ans (RQRV, 2007) ;

• Chez les hommes âgés, le taux est passé de 18,2 par 100,000 de population en
1976 pour se situer à 30 par 100,000 en 2005 (Données du Bureau du Coroner du Québec, 1979 et 2007) et cela malgré l’amélioration des conditions de vie et de santé de ces personnes.

« Malgré cette évolution, aucune action prioritaire aux niveaux national, régional ou local s’adresse à cette problématique chez les aînés dans le Plan d’action en santé mentale 2005-2010 (MSSS,2005) ou même dans les orientations relatives aux aînés. Les sommes consacrées présentement à la prévention du suicide chez les aînés au Québec ne sont pas du tout en corrélation avec l’ampleur du problème. Une série de moyens doivent être mis en place pour contrer ce problème social », explique Louise Lévesque, présidente de l’Association québécoise de prévention du suicide.

Des budgets récurrents et spécifiques doivent être dévolus à la prévention du suicide chez les aînés

L’AQPS croit que le financement dévolu à la prévention du suicide chez les aînés devrait être récurrent et rattaché à un programme précis pour s’assurer qu’il soit utilisé aux fins recherchées. À cet effet, les budgets pourraient être attribués en tenant compte du pourcentage de la population d’aînés dans les régions.

Il existe une disparité importante d’une région à l’autre dans ce que nous pourrions qualifier de services de base en prévention du suicide malgré les efforts consentis par le MSSS pour corriger ce problème. Ainsi, plusieurs organismes disposent de peu de ressources pour répondre aux nombreux besoins de services et de concertation. Cette situation de surcharge ne peut que précariser davantage l’expertise qui s’y est développée en terme de risque de problème de santé mais aussi en terme de mobilité des effectifs. Sur ce dernier point, le réseau public représente souvent pour les professionnels du milieu communautaire des opportunités d’augmenter substantiellement leurs conditions salariales privant ainsi les organismes communautaires de continuer à bénéficier de l’expertise des intervenants qu’ils ont formés.

Pour plusieurs organismes, cet état de fait rend donc difficile une réponse spécifique aux aînés sans disposer de nouveaux budgets. La réponse spécifique à une clientèle requiert une étude de besoins, l’élaboration de stratégies, et d’outils, la formation des intervenants ainsi que la concertation parfois avec de nouveaux partenaires.
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30