Selon la mythologie grecque exploitant le thème de l’éloignement et de la nostalgie, Héro était une jeune prêtresse d’Aphrodite, déesse de l’amour, du temple de Sestos. Lors des fêtes en l’honneur d’Aphrodite, grâce à des signes silencieux, naquit dans son cœur comme dans celui du jeune Léandre, venant d’Abydos, une ville située de l’autre côté de l’Hellespont, le « doux feu » de l’amour. Héro devient l’amante secrète de Léandre. Chaque nuit, franchissant à la nage l’Hellespont, d’Abydos à Sestos, Léandre retrouvait sa bien-aimée. Du sommet d’une tour, à l’aide d’un flambeau, Héro éclairait le chemin. À l’aube, il retournait à Abydos. Vint alors l’hiver où les vagues et les vents contraires empêchaient Léandre de venir rejoindre sa bien-aimée. Après plusieurs nuits de longue attente, celle-ci lui fit parvenir un message: « Je mourrai si tu tardes encore à venir! ». Léandre lui répondit: « Si pour quelques nuits encore, grosse est la mer, je tenterai de traverser les eaux agitées: ou bien chanceux et sauf, je serai récompensé de mon audace, ou bien la mort mettra fin à mon inquiet amour ». Encouragée par la lettre de Léandre, Héro décida, malgré une forte tempête qui secouait la mer, d’allumer le flambeau. Sur ce signal, Léandre n’hésita pas à se jeter à la mer, mais, malheureusement, il se noya et son corps fut ramené par les vagues sur le rivage de Sestos. Dès qu’elle l’aperçut, Héro, désespérée, se jeta de la tour et s’unit ainsi à son amant dans la mort.
Littérature
Le récit de la mort de ces deux jeunes amoureux, éloignés l’un de l’autre par un étroit bras de mer séparant l’Europe de l’Asie, fut conté par Musée (en grec ancien Μυσαῖος / Musaĩos), dit le grammairien, poète égyptien) dans un bref poème vers le cinquième siècle avant notre ère. À propos de cette même légende, Ovide écrit deux lettres d’amour dans les Héroïdes ( Lettres XVIII et XIX) et, dans Les Géorgiques, Virgile* parle du «feu cruel de l’amour qui brûle dans le corps» (C. Casalegno, Les plus grandes histoires d’amour de tous les temps, Montréal, Guérin, 1997, p. 22-26) :
Que n'ose un jeune amant qu'un feu brûlant dévore!
L'insensé, pour jouir de l'objet qu'il adore,
La nuit, au bruit des vents, aux lueurs de l'éclair,
Seul traverse à la nage une orageuse mer;
II n'entend ni les cieux qui grondent sur sa tête,
Ni le bruit des rochers battus par la tempête,
Ni ses tristes parents de douleur éperdus,
Ni son amante, hélas! qui meurt s'il ne vit plus.
(Géorgiques, III, 258)
Christopher Marlowe (1564 -1593), dramaturge anglais, publie en 1598 un poème, d'une émotion violente, «Hero and Leander». En 1599, ses oeuvres, inspirées par Ovide, furent condamnées et brûlées en public.
Peinture
Chauveau, François (1613-1676), Léandre et Héro, gravure sur cuivre, 1676, Montpellier, à la Médiathèque centrale d’agglomération Émile Zola.
Joseph Mallord William Turner (1775 - 1851) Héro et Léandre (avant 1837, Londres) Héro et Léandre , National Gallery Londres.
William Etty, Héro et Léandre, 1828. Tate Gallery, Londres.
Théodore Chassériau, Héro et Léandre, 1849, , dit Le Poète et la Sirène (Louvre).
Jean-Joseph Taillasson (1745-1809), Léandre et Héro, Musée des Beaux-Arts de Bordeaux