Toponymie


Définition

«La toponymie est l'ensemble des noms de lieux d'une région ou d'une ville. C'est aussi une activité qui consiste à nommer les lieux publics, c'est-à-dire les voies de communication, les parcs, les places publiques de même que les équipements et les édifices publics.»

Source: site Web de la ville de Montréal

«Science qui a pour objet l'étude et la gestion des noms de lieux. Ce terme désigne aussi l'ensemble des noms de lieux d'une région»

Source: Commission de toponymie du Québec

Voir la notice de l'Encyclopédie Hachette (Yahoo! France)

Essentiel

« [N]ommer, c'est identifier, définir, caractériser. Nommer un pays, individuellement et collectivement, au fil du temps, c'est le reconnaître, c'est exprimer progressivement son identité, c'est emmagasiner dans la toponymie nationale une mémoire qui se prolongera au-delà même de l'existence physique des lieux dont elle aura enregistré les noms. La consignation des faits de la nature et de l'homme qui entourent la dénomination des lieux constitue une tâche essentielle dans l'agenda des peuples conscients de leur identité. »

(...)

«[...] les noms géographiques ne constituent pas seulement des codes de localisation des innombrables lieux et espaces qui composent un territoire [...], mais aussi des témoins pour ainsi dire permanents de phénomènes naturels, d'événements ou de sentiments individuels ou collectifs. De ce fait, la toponymie est comme une mémoire qui enregistre les circonstances de la dénomination des lieux [...]. Rien d'étonnant, alors, que la toponymie constitue une réserve très riche d'éléments d'illustration et d'explication de notre passé collectif, de notre présent et même de notre vision du futur, simple ou antérieur. La toponymie est donc un mode d'expression identitaire (...)»

Source: Henri Dorion, "Présentation" de: Commission de toponymie du Québec, Noms et Lieux du Québec, Québec, Les Publications du Québec, 1994/1996, 978 p.

Enjeux

La toponymie, à notre époque, est devenue en plusieurs coins du monde un champ de bataille idéologique. Très souvent, cela se traduit par ce que nous qualifierons de volonté d'«épuration toponymique». Pour les «épurateurs toponymiques», il faut au premier chef nettoyer la toponymie, la décontaminer, et ce afin de supprimer du champ de la mémoire tout ce qui pourrait aller à l'encontre de la définition qu'ils donnent aujourd'hui du Bien. Ce qui apparaît troublant dans leur démarche, c'est leur désir, non pas d'enrichir la toponymie par de nouveaux noms qui reflèteraient davantage nos valeurs actuelles (ce qui est tout à fait légitime), mais bien celle d'effacer le passé en faisant disparaître ce qui dérange. Qu'on fasse une place plus grande à des personnages historiques méconnus, qui, par exemple, ont fait avancer la cause du progrès social et des droits de la personne, n'est certes pas un mal. Mais qu'on fasse disparaître les traces des personnages qui ont marqué l'histoire de nos sociétés et ont souvent été honorés en leur temps, sous prétexte qu'ils sont rétrogrades, réactionnaires ou dépassés, est une toute autre chose.

«Dans un (...) essai consacré à l'art du roman (Les testaments trahis), Milan Kundera a donné un nom à cette force accusatrice et moralisatrice, dont Kafka fit la caricature dans Le procès. C'est ce qu'il a appelé l'esprit de procès, soit cette manie vengeresse qui s'est emparée de plusieurs esprits, pour qui le passé doit rendre des comptes au présent, et chaque homme, même mort, prouver son innocence. Aux dires de Kundera, l'esprit de procès qui agite l'Europe depuis plus de soixante-dix ans ne prend pas, à proprement parler, la forme d'une procédure juridique. Il s'agit plutôt d'un procès moral, que l'auteur intente dans l'absolu. (...) Comme l'a souligné Kundera, "le procès est absolu en ceci encore qu'il ne reste pas dans les limites de l'accusé", la culpabilité de l'individu entraînant celle de la société qui l'a bercé. "L'esprit de procès ne reconnaît aucune prescriptibilité; le passé lointain est aussi vivant qu'un événement d'aujourd'hui; et même une fois mort, tu n'échapperas pas: il y a des mouchards au cimetière." Il ajoute: "Car on intente un procès non pas pour rendre justice mais pour anéantir l'accusé [...]. Même quand on intente un procès à des morts c'est afin de pouvoir les mettre une seconde fois à mort: en brûlant leurs livres; en écartant leurs noms des manuels scolaires; en démolissant leurs monuments; en débaptisant les rues qui ont porté leur nom."» (Marc Chevrier et Stéphane Stapinsky, L'esprit de procès, L'Agora)

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