Le cyprès
Tu peux
Dormir tranquille
Vincent
Pose ta palette lourde
et ferme tes yeux de hibou
Les soleils ne dansent
Plus dans les cataractes du ciel
Les cris des corbeaux
Se sont évanouis dans les blés
Penchés sous le vent
Toi, tu auras versé dans les sillons
Noirs des roches de Britannie
Tes larmes généreuses
Et touché en tremblant
La poitrine bleue
Des collines de Provence
Tu ne te briseras plus
Sur le tronc tordu
Des oliviers du jardin
Tu feras pleuvoir la lumière
Dans la douleur des iris
Et dans la peine voilée
De tes pauvres tournesols, blessés
Dans l'âme - Galaxies de silence !
Une lueur déjà veille dans la pénombre
De ta chambre Elle émane
Des mots fiévreux Que tu traças la nuit
Dans la poussière Sur l'humble table basse
Du chevet de ton lit
Ces mots qui jetteront des encens
Dans le coeur des damnés
Toi, tu seras le Maître des Étoiles
Et tu garderas ton nom
Au jour venu de partir
Chez la Mort