Biographie de Honoré de Balzac
Tourmenté dès lors par des rêves de spéculations qui eurent sur sa vie entière la plus désastreuse influence, Balzac se fit éditeur, imprimeur et fondeur. Le premier, il imagina des éditions compactes d'auteurs classiques et il écrivit les notices de Molière et de La Fontaine (1825-1826); mais le succès ne répondit pas à cette innovation et ses deux autres entreprises ne réussirent pas mieux ; il dut bientôt abandonner le matériel de son imprimerie à son associé et céda celui de sa fonderie à MM. Laurent et de Berny qui surent en tirer meilleur parti que lui. Pour payer les dettes qu'il avait contractées envers son père et sa mère, il ne lui restait que sa plume. Or, à cette époque (1827), il n'avait à son avoir littéraire, en dehors des romans de début, qu'une brochure sur le Droit d'aînesse (févr. 1824), une Histoire impartiale des jésuites (avr. 1824, in-18), un Code des gens honnêtes (1825, in-18) et un Petit dictionnaire des enseignes de Paris (1826, in-32) ; encore n'est-il pas certain qu'il n'ait pas été plutôt l'éditeur que l'auteur de ces écrits de circonstance pour lesquels il eut au moins un collaborateur, Horace Raisson, mais qui ont cependant été réimprimés dans l'édition définitive de ses Oeuvres complètes. Le premier roman de Balzac lui fut inspiré par un séjour de quelques mois auprès de Fougères, dans la famille du général de Pommereul: Le Dernier Chouan ou la Bretagne en 1800 (1829, 4 vol. in-12) est, comme son titre l'indique, un épisode de cette terrible guerre civile. Il eut assez de succès pour que l'auteur, à peu près inconnu la veille, trouvât désormais un débouché aux conceptions qu'enfantait son cerveau et dont la moitié au moins n'a pas vu le jour ou ne subsiste qu'à l'état de notes et d'ébauches. A peine achevait-il la Physiologie du mariage (1830, 2 vol. in-8), qu'il écrivit ses premières nouvelles : El Verdugo, l'Usurier (fragment de Gobseck), la Paix du ménage, la Maison du chat qui pelotte, le Bal de Sceaux, la Vendetta, Une double famille, le Colonel Chabert, etc. En même temps il collaborait, sous quatre pseudonymes : Alfred Coudreux, le Cte Al. de B..., Henri B..., E. Morisseau, à la Caricature que venait de fonder Philippon, à la Silhouette, au Feuilleton littéraire des journaux politiques (1830), etc., et il écrivait ses premiers Contes drolatiques. Bientôt, la Peau de chagrin et la Femme de trenteans (1831), le mettaient hors de pair, Eugénie Grandet (1833) le plaçait à la tête des romanciers contemporains. Sauf une velléité électorale dans l'arr. de Fougères (1831) précédée de la publication d'une brochure d'actualité (Enquête sur la politique des deux ministères) et un voyage en Sardaigne à la recherche des scories d'argent que les Romains devaient y avoir abandonnées (supposition justifiée, mais dont Balzac, trop confiant, ne put tirer parti), sa vie appartient désormais tout entière à la littérature; il se cloître durant des semaines et même des mois, fermant sa fenêtre à la lumière du jour et sa porte aux visiteurs, renversant les lois les plus élémentaires de l'hygiène en s'imposant douze ou quinze heures de travail coupées par un sommeil fiévreux à des heures anormales ou par un bain quotidien, et soutenant sa verve par d'innombrables tasses de café. Lorsque la lassitude physique et cérébrale l'emporte sur sa volonté, il fait en province quelques rapides séjours, ou même pousse jusqu'en Allemagne et en Russie. Cette période est véritablement d'ailleurs celle de sa maturité intellectuelle; il suffira de rappeler ici les titres du Médecin de campagne (1833), de l'Histoire des Treize (1833) de Seraphita (1835), de la Recherche de l'absolu (1835), du Père Goriot (1835), du Lys dans la vallée (1836), des Illusions perdues (1837), de l'Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau (1838), du Cabinet des Antiques (1838), etc. C'est en 1833 qu'il avait conçu la pensée d'unir par la parenté ou par l'amitié les divers personnages de ses romans et de former de leurs aventures un cycle qu'il appela la Comédie humaine, s'identifiant à ses personnages au point d'en parler à ses amis comme d'êtres vivants et de faire dresser par le comte de Gramont un armorial dont le précieux album a été retrouvé. Malgré un labeur acharné, Balzac était loin alors d'avoir acquitté toutes ses dettes, et ses publications mêmes étaient le plus souvent une nouvelle source d'ennuis et de frais; c'est ainsi que Seraphita et le Lys dans la vallée furent l'objet de deux procès, l'un contre Buloz et la Revue des Deux-Mondes, l'autre contre Amédée Pichot et la Revue de Paris : il gagna l'un et perdit l'autre. Les remaniements innombrables qu'il exécutait, non sur le manuscrit, mais sur les épreuves, entraînaient pour les éditeurs un surcroît de dépenses que la plupart d'entre eux laissaient à sa charge; enfin il avait, plus qu'aucun autre peut-être, à se défendre contre l'audace des contrefacteurs belges et allemands qui reproduisaient ses livres dès leur apparition en feuilletons ou dans une revue et qui entravaient ainsi le débit, alors si précaire, des in-8 de cabinet de lecture auxquels la librairie française n'avait pas encore renoncé. Il eut du moins le mérite d'attirer l'un des premiers sur cet état de choses l'attention des législateurs, et de contribuer à le faire cesser soit par ses démarches auprès de la Société des gens de lettres, soit par une Note remise à MM. les Députés composant la commission de la loi sur la propriété littéraire (mars 1841).
Balzac, comme tant d'autres, demanda au théâtre la gloire et la fortune : là encore toutes deux lui furent rebelles. Vautrin (Porte Saint-Martin. 14 mars 1840), drame en cinq actes, dont le principal personnage appartenait à la série intitulée : Splendeurs et Misères des courtisanes, était joué par Frédérick Lemaître. Vautrin dut précisément à une fantaisie de cet acteur l'interdiction qui le frappa le soir de la première et unique représentation : Frédérick s'était avisé de s'affubler du toupet légendaire et caricatural de Louis-Philippe. Les Ressources de Quinola (Odéon, 19 mars 1842), comédie en cinq actes où l'auteur attribuait à un mécanicien espagnol du XVIe siècle la découverte de la vapeur, ne furent pas mieux accueillies ; la composition de la salle, où Balzac avait entendu ne laisser pénétrer que les spectateurs de son choix, la suppression systématique des claqueurs, enfin l'attitude de la presse, avec qui l'auteur virait en état d'hostilité déclarée depuis la publication d'une Monographie (1841) où il avait assouvi plus d'une rancune, ne contribuèrent pas peu à ce résultat. Paméla Giraud (Gaîté, 26 sept. 1843), drame en cinq actes, et la Marâtre (Théâtre-Historique, 25 mai 1848), autre drame « intime » en cinq actes, n'eurent guère un sort moins éphémère. Seul, le Faiseur, comédie en cinq actes, devait, sous le titre de Mercadet et avec les remaniements discrets et habiles de M. d'Ennery, obtenir, après la mort de l'auteur, au Gymnase d'abord (24 avril 1851), puis au Théâtre-Français (1869), un éclatant et durable succès : il est resté dès lors au répertoire.
Il ne fut pas plus heureux quand il voulut créer un organe indépendant: La Chronique de Paris (1835) ne dura guère plus d'une année; la Revue parisienne (1840), dont il fut l'unique rédacteur, n'eut que trois numéros; s'il y passa toute mesure dans l'appréciation du Port-Royal de Sainte-Beuve, il y salua la Chartreuse de Parme comme un chef-d’œuvre, à la grande surprise de Beyle dont personne n'avait encore publiquement reconnu la haute valeur.
Les déboires que lui causaient ces tentatives et la perte de temps qui en résultait n'empêchaient pas ce prodigieux travailleur de poursuivre l’œuvre à laquelle il s'était voué et dont il indiquait les grandes lignes dans l'Avant-propos général de la première édition collective de la Comédie humaine (1842). Ursule Mirouet (1842); les Mémoires de deux jeunes mariées (1842) ; Une ténébreuse affaire (1843); Albert Savarus (1844), de tous ses livres celui où, de l'aveu de ses intimes, Balzac s'est le plus abandonné aux confidences autobiographiques; Un début dans la vie (1844), dont l'idée première appartenait à Mme Surville; la Muse du département (1844); Modeste Mignon (1844), où les contemporains n'eurent pas de peine à reconnaître Lamartine dans le portrait peu flatté du poète Canalis comme ils avaient reconnu dans Beatrix (1840) ceux de George Sand, de Mme d'Agoult, de Liszt, etc., vinrent tour à tour prendre place dans les subdivisions du tableau de la Comédie humaine, que l'auteur avait fait imprimer en 1845, et dont il avait remis un exemplaire signé à son ami Laurent Jan. Presque toutes sont restées incomplètes, surtout les Scènes de la vie militaire, qui l'avaient pourtant préoccupé dès sa jeunesse et dont il ne subsiste que les Chouans et Une passion dans le désert. Les trois derniers épisodes qu'il lui fut permis d'achever, les Parents pauvres (la Cousine Bette, le Cousin Pons et les Paysans) doivent être comptés au premier rang de ses chefs-d’œuvre; cependant les Paysans durent être interrompus par la Presse devant la menace d'un désabonnement général! Quand Balzac partit pour la Russie au mois de sept. 1848, il laissait incomplet un dernier roman, le Député d'Arcis, terminé sur ses indications par Ch. Rabou, ainsi que le Comte de Sallenauve et la Famille Beauvisage, qui en forment le complément.
Dès 1833, il avait entretenu avec une grande dame d'origine polonaise, Mme Hanska, née Rzewuska, une correspondance, suivie bientôt de diverses rencontres à Vienne. à Genève, et enfin à Saint-Pétersbourg, où il s'était rendu en 1840. Devenue veuve, Mme Hanska consentit à un mariage que retardèrent l'établissement de sa fille et le règlement de ses affaires d'intérêt. Enfin, après un long séjour au château de Vierchovnia (gouvernement de Kiev), séjour pendant lequel Balzac faillit succomber à l'hypertrophie du cœur qui le minait, il épousa celle qu'il appelait son « étoile » et pour laquelle il meublait depuis plusieurs années, avec tous les raffinements du luxe et du bien-être, un petit hôtel de la rue Fortunée (aujourd'hui rue Balzac). Le mariage fut célébré le 14 mars 1850 à Berdytcheff; mais après un voyage des plus pénibles, Balzac ne revint à Paris deux mois plus tard que pour y mourir.
Cette fin, qui, en d'autres temps, eût pris l'importance d'un deuil national, passa presque inaperçue, Balzac n'appartenait pas à l'Académie, près de laquelle il avait fait d'inutiles démarches, et qui l'avait écarté sans doute par cette puérile accusation d'immoralité qu'on lui avait tant de fois prodiguée. Victor Hugo se chargea, au nom de la Société des gens de lettres, de prendre la parole sur sa tombe et caractérisa en quelques paroles éloquentes « ce livre merveilleux que le poète a intitulé Comédie et qu'il aurait pu appeler Histoire, qui prend toutes les formes et tous les styles, qui dépasse Tacite et va jusqu'à Suétone, qui traverse Beaumarchais et qui va jusqu'à Rabelais... » Sainte-Beuve, oubliant un moment le ressentiment légitime que lui inspirait l'article sur Port-Royal, loua en bons termes l'artiste et l'observateur, tout en formulant plus d'une réserve sur l'écrivain. Philarète Chasles, qui avait jadis écrit une introduction pour la Peau de chagrin et qui depuis avait poursuivi l'auteur de sarcasmes et de critiques imméritées, l'appela (dans les Débats) « un voyant » et cette épithète, dont on a depuis tant abusé, est une de celles qui définissent le mieux le génie de l'homme à qui elle s'appliquait. En dehors de ce discours et de ces deux articles, il n'y a rien à citer parmi les témoignages immédiatement contemporains: Balzac n'avait jamais permis aux indifférents de pénétrer dans sa vie privée, et quelques excentricités passagères, telles que sa fameuse canne, ciselée par Froment-Meurice sur un modèle de Louis Cavelier, son habit bleu à boutons d'or, sa livrée et sa voiture aux armes des d'Entraigues, avaient seules défrayé pendant vingt ans les petits journaux. Depuis, il faut le reconnaître sans nous en plaindre, la postérité a largement pris sa revanche et aucun autre écrivain de notre siècle n'a été l'objet d'un plus grand nombre d'études ou de révélations ; on en trouvera plus bas l'indication forcément abrégée.
L'examen, même sommaire, d'une oeuvre telle que la Comédie humaine dans son ensemble et dans ses détails, de l'influence qu'elle a exercée, des personnages qui la peuplent et des milieux où elle se déroule, dépasserait de beaucoup les limites de cet article; tout au plus pouvons-nous essayer de caractériser en peu de mots le génie de l'auteur. Si Balzac ne fut pour la plupart de ses contemporains que « le plus fécond de nos romanciers » ou « l'auteur d'Eugénie Grandet », — qualifications banales qui l'irritaient, paraît-il, plus qu'elles ne le flattaient —, il nous apparaît aujourd'hui comme le chef incontesté de l'école littéraire, appelée tour à tour réaliste et naturaliste, qui s'est proposé de substituer aux fadeurs et aux invraisemblances du roman sentimental et du roman d'aventures l'étude des trivialités et des misères de la vie humaine. Le premier, en effet, comme l'a remarqué Th. Gautier, il a osé peindre des héros qui nettoyaient leurs gants blancs avec de la mie de pain, vivaient du frugal ordinaire des pensions bourgeoises de la rue de la Clé, et n'avaient pas toujours quarante sous en poche pour offrir un fiacre à la femme aimée. Le premier aussi, il a compris l'importance de l'argent dans le monde moderne et il a su passionner le lecteur avec les transes d'un débiteur insolvable, les angoisses d'un négociant à la veille de la faillite ou les conceptions d'un « faiseur » de génie. Doué d'une extraordinaire puissance d'analyse, il semble, au reste, avoir vécu l'existence de chacun des personnages qu'il introduit dans ses livres, tant il excelle à démonter les rouages qui les font agir. Aussi les types de la plupart d'entre eux nous sont-ils encore familiers, alors même que les passions politiques ou religieuses qui agitaient quelques-uns d'entre eux nous laissent indifférents, ou que nous devons faire effort pour reconstituer le décor où il se meuvent. Si nous n'avons pas vu, comme lui, les derniers survivants de l'ancien régime et de l'émigration, si les transformations matérielles et sociales ont porté un coup mortel à « l'illustre Gaudissart » et à quelques-uns de ses congénères, si, de loin en loin, un portrait de cette vaste galerie s'écaille ou s'efface, de quel éclat brille encore l'ensemble ! Les femmes surtout, - et de leur propre aveu, - n'ont pas trouvé un plus grand peintre, depuis la plus altière grande dame jusqu'à la plus humble servante. - De longtemps encore l'avarice s'incarnera pour nous dans le père Grandet, le brasseur d'affaires dans Mercadet, le vieillard dégradé dans le baron Hulot, le banquier fastueux dans Nucingen, la fille de théâtre dans Coralie, la courtisane dans Esther, la bourgeoise dépravée dans Mme Marneffe. Et combien d'autres de ses types appartiennent à l'éternelle humanité ! Qui n'a présents à la mémoire les beaux, comme de Marsay ou Paul de Manerville, les héros du devoir comme Bianchon ou Daniel d'Arthez, les débauchés comme Crevel ou Philippe Bridau, les bourgeois comme Goriot, Birotteau, Poiret, Matifat, les rêveurs comme Pons ou Balthazar Claes, les artistes comme Léon de Lora, Pierre Grassou, Bixiou, Steinbock, les journalistes comme Nathan, Loustau, Blondet, Claude Vignon, et cent autres dont l'état civil, les parentés, les destinées diverses ont fourni à deux patients chercheurs la matière d'un véritable dictionnaire biographique? Par le nombre, la puissance et la variété des types qu'il a observés et saisis, Balzac est de la famille de Molière et de Shakespeare.
Si cette glorieuse parenté ne lui est plus sérieusement disputée aujourd'hui, il n'en est pas de même de ses dons d'écrivain et c'est par la langue, en effet, que l'oeuvre de Balzac est surtout vulnérable. Malgré des études philologiques très approfondies, telles qu'avait dû en faire l'auteur des Contes drolatiques, il n'avait pas, comme Gautier, un vocabulaire inépuisable et la technique de tous les métiers; puis pour peindre les nuances les plus fugitives du sentiment moderne, il lui a souvent fallu suppléer à la pauvreté relative de notre langue classique. De là des phrases surchargées d'incidentes, des accumulations d'épithètes, de hardis accouplements de mots et d'assez fréquents néologismes; mais aussi de ces luttes contre un instrument rebelle sont sorties des pages véritablement rythmiques, comme le début de la Fille aux yeux d'or, ou les paysages éblouissants de Seraphita.
Sans parler de réimpressions partielles multiples, les oeuvres de Balzac ont été réunies en quatre éditions collectives : celle de Furne et Dubochet (1842-1848, 17 vol. in-8), surveillée par l'auteur lui-même, illustrée par T. Johannot, Henry Monnier, Travès, Meissonier et complétée par trois volumes dans l'édition Houssiaux (1855 ; nombreux tirages); celle de la Librairie nouvelle (1856-1857, 45 vol. in-16), la plus accessible à tous par son format et par son prix ; enfin, l'édition dite « définitive » (1869-1876, 24 vol. in-8) où se trouvent rassemblés pour la première fois sous le titre d'Oeuvres diverses les fragments, fantaisies, études critiques, etc., que Balzac n'avait jamais recueillis, et sa Correspondance, indispensable à qui veut le bien connaître. Encore à cette édition, pour laquelle aucune recherche n'avait été négligée, manquent l'Ecole des ménages, comédie en cinq actes dont une épreuve (l'une des douze tirées) a été retrouvée depuis; quelques articles (insignifiants ou médiocres) de la Caricature, enfin les épaves que les ventes judiciaires de Mme de Balzac ont fait tomber en des mains dignes d'en apprécier la valeur, telles que le début de Sœur Marie des Anges, roman vingt fois annoncé et qui semblait n'avoir jamais été écrit. Les saisies, provoquées par les créanciers de Mme de Balzac, ont également dispersé les manuscrits et les épreuves de quelques-uns des romans les plus célèbres de son mari, tandis que le superbe meuble en bois incrusté qui renfermait sa bibliothèque était acquis à vil prix par un fervent amateur.
Les portraits originaux de Balzac ne sont pas très nombreux, mais tous sont importants : le musée de Tours doit à la générosité du baron Larrey un fort beau dessin à la sépia exécuté par Louis Boulanger vers 1828, antérieur de dix ans au portrait à l'huile exposé par le même artiste au Salon de 1837 et que M. Alex. Dumas fils a prêté, en 1878, à l'exposition des Portraits nationaux; David d'Angers avait modelé un médaillon du romancier qu'on peut voir aujourd'hui au Louvre (dans la série offerte au musée par le fils de l'auteur) et un buste dont un exemplaire en marbre se dresse sur le tombeau du Père-Lachaise; Bertall avait dessiné à la mine de plomb d'après nature le portrait qui a été reproduit sur acier pour les éditions Furne et Houssiaux; M. Edmond Hédouin a gravé d'après ses propres souvenirs une excellente eau-forte servant de frontispice au volume de Th. Gautier (V. la bibl.); parmi les desiderata iconographiques les plus regrettables, il faut compter une autre eau-forte esquissée par Gavarni et biffée sur le cuivre avant le tirage et un portrait à l'huile par Meissonier, dont l'ébauche aurait été recouverte par un autre sujet. Un daguerréotype, donné à M. Ch. Yriarte par le fils de Gavarni, auquel il avait longtemps appartenu, a été détruit, en 1874, lors du pillage de Saint-Cloud par les Prussiens. Moins bien partagé à ce point de vue que la plupart de ses contemporains, Balzac attend encore sa statue, mais, au moment où s'imprime cette notice, la ville de Tours, soucieuse de rendre un tardif hommage au plus illustre de ses enfants, organise une souscription dont les fonds viendront grossir ceux qu'a déjà recueillis dans le même but la Société des gens de lettres (sept. 1887).