Pensées tirées de ses écrits

Pensées tirées des oeuvres de Richelieu

La Paix et la Guerre

Faire mal une paix, c’est préparer une nouvelle guerre et quelque fois pire que celle qu’on veut finit.

Ceux qui violent la foi publique manquent autant à eux comme à autrui.

Un ami abandonné est ennemi plus irréconciliable que ceux qui de tout temps ont été ennemis.

Toute la prudence politique ne consiste qu’à prendre l’occasion la plus avantageuse qu’il se peut de faire ce qu’on veut.

Le temps est le plus précieux trésor non seulement de la guerre mais de toutes les glorieuses entreprises.

Il n’y a point d’autre conseil à prendre que de se résoudre à continuer fortement la guerre, jusques à ce que les ennemis soient réduits à vouloir une juste paix.

Plus on va en avant, plus reconnaît-on qu’il ne faut qu’un chef en une armée et point de conseils publics.

Le soldat qui tue en une juste guerre par le commandement de son capitaine n’est non plus coupable que l’épée qui poussée de sa main perce le cœur de celui à qui il ôte la vie.

Jugements sur les peuples

La légèreté ordinaire des Français leur fait désirer le changement à cause de l’ennui qu’ils ont des choses présentes.

Toutes les affaires de France n’ont rien de chaud que les commencements.

Notre grande ville se perdra par sa trop grande grandeur, son accroissement en bâtiments, l’abord pour y habiter de toutes sortes de nations. Ces étrangers se font courtisanes, vêtues à la française, qui ont quitté l’Italie et l’Espagne, qui ont une suite de gens inconnus : ce sont Allemands, Suisses et Anglais, qui ne sont reconnus étrangers que par la langue; et si ces nouveaux bâtiments continuent, Paris sera le refuge de toutes sortes de nations à l’exclusion des naturels parisiens, un abrégé de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Suisse et du Palatinat.

L’Angleterre ne saurait se passer de la France à cause des vins, huiles et des sels, et si la France ne tire d’eux que des draps, de l’étain et du fer dont on se peut bien passer si on veut…(…)

Les Anglais ne veulent jamais ce qu’on leur propose.

L’État et les hommes publics

La première condition de celui qui a part au gouvernement des États est de se donner du tout au public et ne penser point à soi-même.

On souffre des gens qui, faisant du bien au public, s’en procurent beaucoup à eux-mêmes; on tolère encore, quoiqu’à regret, des personnes qui, étant peu utiles à l’État, ne le sont pas beaucoup à leurs maisons; mais ceux-là sont du tout insupportables qui ne s’agrandissent que par la perte de l’État et qui ne trouvent leur accroissement que dans les confusions publiques.

Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir au gouvernement d’un État.

Il faut en certaines rencontres, où il s’agit du salut de l’État, une vertu mâle qui passe quelquefois par-dessus les règles de la prudence ordinaire.

Beaucoup se sauveraient comme personnes privées qui se damnent en effet comme personnes publiques.

On s’unit volontiers pour mal faire et ceux qui font bien trouvent d’ordinaire plus d’envieux que de protecteurs.

Les vraies louanges du ministre d’État sont les plaintes que les méchants font de lui.

Il n’y a rien si caché que les effets de la prudence parce qu’ils consistent principalement à éviter les maux en les prévenant et, quand ils n’arrivent pas pour avoir été prévenus, peu de gens peuvent connaître qu’ils fussent arrivés

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