Amérique latine

"L'Amérique latine n'est qu'une abstraction, disait Henry Kissinger. Quand on la regarde de près, elle apparaît comme un ensemble de diversités, de particularités sans véritable unité. C'est comme si on voulait apprécier la beauté d'une fleur en l'observant sous un microscope très puissant. Si l'on recule dans l'histoire, une nouvelle image apparaît : l'Amérique latine est surtout la promesse d'un nouveau monde, promesse qui n'a pu se concrétiser. Mais c'est aussi la destruction des civilisations qui n'a pas été accomplie. Le drame de cette Amérique, mais aussi sa force, se situe dans ce double trajet inachevé. (...)

L'Amérique latine est, comme toute unité, formée de diversités. Même la désignation d'Amérique dite latine ne vient pas d'elle-même. Elle provient du français: elle a été utilisée pour la première fois au siècle dernier, lors de l'expédition de Napoléon III au Mexique. La sémantique n'a pas été naïve: c'était une façon de légitimer l'action militaire, de s'assurer une appropriation par la parole. Cette Amérique latine est devenue latine une deuxième fois à l'occasion des politiques menaçantes des États-Unis. (...) Les efforts du Groupe Confadora et du Groupe de Rio, ainsi que les sommets ibéro-américains, qui ont débuté en 1991 au Mexique, ont joué un rôle très important dans la construction d'une identité propre.

L'Amérique latine: une unité faite de diversités, c'est vrai, mais aussi d'inégalités, ce qui ne veut pas dire la même chose. Elle reproduit, sur ce vaste sous-continent, la réalité de chacune de ses composantes. (...)"

Luis Montaño, L'Amérique latine devant les défis d'Internet. Communication présentée lors du séminaire de l'Agora sur les aspects politiques des inforoutes, Way's Mills, Québec (15 juin 1997)

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