Ah ! comme la neige a neigé !
Ma vitre est un jardin de givre.
Ah ! comme la neige a neigé !
Qu’est-ce que le spasme de vivre
À la douleur que j’ai, que j’ai !
Tous les étangs gisent gelés,
Mon âme est noire : Où vis-je ? Où vai
Quelquefois je suis plein de grandes voix anciennes,
Et je revis un peu l'enfance en la villa;
Je me retrouve encore avec ce qui fut là
Quand le soir nous jetait de l'or par les persiennes.
Et dans mon âme alors soudain je vois groupées
Mes soeur
Quand les pastours, aux soirs des crépuscules roux
Menant leurs grands boucs noirs aux râles d'or des flûtes,
Vers le hameau natal, de par delà les buttes,
S'en revenaient, le long des champs piqués de houx;
Bohèmes écoliers, âmes vierges de
Mon âme a la candeur d'une chose étoilée,
D'une neige de février...
Ah! retournons au seuil de l'Enfance en allée,
Viens-t-en prier...
Ma chère, joins tes doigts et pleure et rêve et prie,
Comme tu faisais autrefois
Lorsqu'en ma chambre, aux
Le poète est fils de la poésie.
Des soirs, j'errais en lande hors du hameau natal,
Perdu parmi l'orgueil serein des grands monts roses,
Et les Anges, à flots de longs timbres moroses,
Ébranlaient les bourdons, au vent occidental.
Comme un berger-poète au coeur sentimental,
J'as
Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:
Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues
S'étalait à sa proue, au soleil excessif.
Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans l
Ce fut un grand Vaisseau taillé dans l'or massif:
Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;
La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,
S'étalait à sa proue, au soleil excessif.
Mais il vint une nuit frapper le grand écueil
Dans
Nostalgie de la jeunesse qui pourrait être celle du grand âge...
Douceur de l'enfance retrouvée en souvenir.
Clavier vibrant de remembrance,
J'évoque un peu des jours anciens,
Et l'Eden d'or de mon enfance
Se dresse avec les printemps siens,
Souriant de vierge espérance
Et de rêves musiciens...
Vous êtes morte tristement,
Ma muse des choses dorées,
E
De mon berceau d'enfant j'ai fait l'autre berceau
Où ma Muse s'endort dans des trilles d'oiseau,
Ma Muse en robe blanche, ô ma toute ma;tresse!
Oyez nos baisers d'or aux grands soirs familiers...
Mais chut! j'entends déjà la mégère Détresse
A
Nelligan a lu Rimbaud: «Pressentant violemment la voile...»
Émile Nelligan est le plus célèbre des poètes québécois, bien que son oeuvre s'étende sur 3 ans seulement.
Toi-même, éblouissant comme un soleil ancien
Les Regrets des solitudes roses,
Contemple le dégât du Parc magicien
Où s'effeuillent, au pas du Soir musicien,
Des morts de camélias, de roses.
Revisitons le Faune à la flûte fragile
Près des ba
Ma pensée est couleur de lumières lointaines,
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs.
Elle a l'éclat parfois des subtiles verdeurs
D'un golfe où le soleil abaisse ses antennes.
En un jardin sonore, au soupir des fontaines,
Elle a vécu