Moldavie

La Moldavie est une petite république indépendante depuis le 27 août 1991, issue de l'URSS, (34 000 km², soit la superficie de la Belgique), située entre la Roumanie et l'Ukraine. Elle est majoritairement peuplée de Roumains mais elle compte de fortes minorités nationales: Ukrainiens, Russes et Turcs.

La Moldavie est une terre roumanophone, sa langue officielle est le moldave, c'est-à-dire le roumain. Elle apparaît donc comme une avancée roumaine dans le monde slave. Sur 4,3 millions d'habitants, les Moldaves représentent 64 %, les Ukrainiens 14 %, les Russes 13 % et les Gagaouzes 3,5 %.

· Les 150 000 Gagaouzes, population de langue turque mais de confession chrétienne orthodoxe vivant sur un territoire réduit (1 500 km²) au sud-ouest, représentent l'une des deux minorités qui posent problème en Moldavie. Craignant d'être isolés en tant que minorité nationale après l'adoption par la Moldavie, le 23 juin 1990, de sa Déclaration de souveraineté, ils ont fondé, le 19 août 1990, une République Socialiste Soviétique de Gagaouzie autour de la ville de Komrat.

Aujourd'hui, le problème de la sécession gagaouze est considéré comme réglé grâce aux concessions de Chisinau (la capitale moldave): accord dans la Constitution moldave du 28 juillet 1994 de droits spécifiques aux Gagaouzes (trois langues officielles -gagaouze, russe et roumain-), possibilité d'élire le président de leur communauté au suffrage universel direct avec octroi du rang de ministre au sein du gouvernement central, élection d'une assemblée régionale législative de 35 députés aux pouvoirs étendus.
Cependant la tentation séparatiste n'a pas totalement disparu : en 1998, un projet de constitution gagaouze a été soumis aux experts du Conseil de l'Europe par le président de l'assemblée régionale.

· Il en va tout autrement de la Transdniestrie, dossier qualifié de très sensible. Cette région (5 000 km²) située à l'est du Dniestr est majoritairement peuplée de slaves (60 % de russophones: 28,9 % de Russes, et 28,3 % d'Ukrainiens sur 750 000 habitants, contre 40 % de roumanophones). En 1990, la Transdniestrie a fait sécession de facto autoproclamant la République Moldave de Dniestr. En 1992, un violent conflit armé a fait 500 morts et 2 000 blessés. Le 8 mai 1997, un mémorandum a été signé, avec le parrainage de l'OSCE, de la Russie et de l'Ukraine, affirmant l'intégrité territoriale de la Moldavie dans ses frontières de 1990. En 1998 le conflit n'était toujours pas réglé, les autorités de la République autoproclamée donnant une interprétation pro domo du mémorandum de 1997.

Cependant, après une longue période de statu quo, les négociations politiques ont repris pour trouver une solution de compromis concernant le statut futur de la région. Les médiateurs, dont le Président ukrainien M. Koutcham, avaient invité les parties en présence à une réunion au sommet à Kiev fin novembre 1998 mais elle a été reportée. Récemment, les efforts se sont intensifiés pour relancer le dialogue.

· Outre les minorités, un problème important subsiste: malgré l'accord conclu en 1994 prévoyant un retrait total sur trois ans (la Douma n'a pas ratifié cet accord), le maintien de troupes russes stationnées en Transdniestrie (XIVème armée russe, 2 800 soldats) et surtout l'existence de stocks d'armements et de munitions constituent le principal sujet de contentieux entre Chisinau et Moscou et une source de déstabilisation régionale. Seul un retrait partiel est intervenu.

Dans le cadre de l'OSCE, la France a proposé une aide bilatérale à la destruction des armes légères. La Suisse, les Pays-Bas, la Suède et la Roumanie ont fait des offres similaires.


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Souvent citée en exemple pour les résultats spectaculaires qu'elle a obtenus grâce aux réformes économiques engagées depuis 1993 avec le soutien des institutions financières internationales (stabilisation monétaire, maîtrise de l'inflation, vaste programme de privatisation et réformes structurelles), la Moldavie se trouve dans une situation économique préoccupante que la crise financière russe a brutalement aggravée au deuxième semestre 1998.

· Depuis 1989, le PIB a chuté de 65 % atteignant 2,144 milliards de dollars en 1998, année de la reprise de l'inflation (18,3 %).

Le déficit budgétaire a toutefois pu être ramené à 3,4 % du PIB alors que la dette extérieure est restée très pénalisante puisqu'elle représente 65 % du PIB (1,3 milliard de dollars sur les onze premiers mois de 1998). La dette intérieure atteint 209,57 millions de dollars.

La population vit d'expédients car les salaires sont faibles (43 dollars par mois) et sont souvent versés avec retard. Le taux de chômage officiel était de 1,8 % de la population active pour 1997 mais en réalité se rapproche probablement de 15 %.

· Cette mauvaise situation économique est essentiellement due à des handicaps structurels. D'une part, la Moldavie souffre d'une absence quasi totale de ressources énergétiques, ce qui la place dans une très forte dépendance vis-à-vis de la Russie (pétrole, gaz). Le pays est relativement peu industrialisé : un peu d'industrie légère (micro-électronique, informatique, audiovisuel) et surtout 35 % du potentiel industriel est concentré en Transdniestrie. D'autre part, le secteur agricole est étroitement spécialisé.
L'agriculture représente les deux tiers du revenu national. Cette république rurale (53 % de ruraux) a longtemps été considérée comme le "jardin" de la partie européenne de l'Union soviétique (production viti-vinicole, agrumes, primeurs : 19 % du raisin, 11 % des fruits et 30 % du tabac de l'ex-URSS).

Actuellement, la Russie est l'un de ses principaux partenaires (62 % des exportations moldaves, soit 533 millions de dollars, 29 % des importations moldaves, soit 336 millions de dollars) avec l'Ukraine (fournisseur d'électricité et de produits pétroliers raffinés), la Roumanie, l'Allemagne, la Biélorussie, la Bulgarie. La Russie, l'Ukraine et la Biélorussie absorbent 80 % du total des exportations moldaves. Or ce sont les principaux pays touchés par la crise financière, ce qui contribue à une contraction des débouchés moldaves et donc à une forte dégradation de la balance commerciale (déficit de 365 millions de dollars en 1998).

source: Assemblée nationale française. Commission des Affaires étrangères. Rapport (no 1521) fait sur le projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Moldavie sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements. Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 1er avril 1999. Rapporteur: Pierre Brana

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