L'Encyclopédie sur la mort


«Un petit peu» et autres poèmes

Toon Hermans

Toon Hermans chante le vieillissement comme une fatigue croissante, une longue et vaine attente d'un regain de forces. C'est au vieillard lui-même de faire signe dans sa solitude et son vide ennui, de se prendre en main, de décider de l'issue de son existence. Il célèbre la mort non pas comme la fin d'une relation, de l'amour et de l'amitié, mais comme le lieu d'une solidarité posthume, ou d'une rencontre entre les vivants et les morts.
'n Beetje
Sterven doe je niet ineens,
maar af en toe 'n beetje
en alle beetjes die je stierf,
't is vreemd, maar die vergeet je,
het is je dikwijls zelfs ontgaan,
je zegt ik ben wat moe,
maar op 'n keer dan ben je aan
je laatste eindje toe.

[Traduction É.V.]

Un petit peu
Mourir, tu ne le fais en une seule fois,
mais de temps à autre un petit peu
et tous ces petits peu où tu mourrais,
c'est étrange, mais tu les oublies,
cela t'a échappé souvent,
tu te dis, je suis un peu fatigué,
mais tout d'un coup tu t'es rendu
à ta dernière petite fin.

[Traduction É.V.]

Voor een vriend
Nu 't rouwrumoer rondom jou is verstomd,
de stoet voorbij is, de schuifelende voeten,
nu voel ik dat er 'n diepe stilte komt
en in die stilte zal ik je opnieuw ontmoeten.
En telkens weer zal ik je tegenkomen,
we zeggen veel te gauw: het is voorbij.
Hij heeft alleen je lichaam weggenomen,
niet wie je was en ook niet wat je zei.
Ik zal nog altijd grapjes met je maken,
we zullen samen door het stille landschap gaan.
Nu je mijn handen niet meer aan kunt raken,
raak je mijn hart nog duidelijker aan.

À un ami
Maintenant le murmure du deuil s'est éteint,
le cortège a passé, le glissement des pieds,
je sens venir un profond silence
et dans ce silence, à nouveau je te rencontrerai.
Et chaque fois, je te reverrai,
nous disons trop vite: c'est passé.
Il a seulement ôté ton corps,
mais non qui tu étais ni ce que tu disais.
Je jouerai encore toujours avec toi des petits tours,
nous nous promènerons ensemble dans ce paysage de paix.
Maintenant que tu ne pourras plus toucher mes mains,
tu toucheras encore plus distinctement mon âme.

[Traduction É.V.]

Impasse
De man was moe, hij zag het leven niet meer zitten,
hij zag zichzelf alleen maar zitten op zijn stoel.
Hij had geen kracht meer om z'n tuintje om te spitten
en kreeg een grenzeloos, vereenzaamd, leeg gevoel.
Toen heeft hij heel lang aan zijn kamerraam gezeten,
alsof hij wachtte op een teken, een geluid
van buitenaf dat hem weer nieuwe kracht zou geven,
maar tevergeefs keek hij er elke dag naar uit.
Zo heeft hij héél lang aan dat stille raam gezeten,
de tuin werd groen en toen weer grijs en toen weer groen,
totdat hij godzijdank tenslotte heeft begrepen
dat er geen teken kwam... dat hij het zelf moest doen.

Impasse
L'homme était fatigué, il ne voyait plus d'assise à la vie,
il ne se voyait que seul assis sur sa chaise.
N'ayant plus la force de bêcher son jardin
il éprouva un sentiment de vide et de solitude infinie.
Alors il s'est assis devant la fenêtre de sa chambre,
comme s'il attendait un signe, un bruit
du dehors qui lui donnerait un pouvoir nouveau,
mais en vain il était aux aguets.
Ainsi devant cette morne vitre, il a été longtemps assis,
le jardin devint vert et puis gris, et de nouveau verdit,
jusqu'à ce que, Dieu soit loué, il a enfin compris
qu'aucun signe ne lui sera donné... qu'il devra le faire lui-même.

[Traduction É.V.]
Date de création:-1-11-30 | Date de modification:-1-11-30

Documents associés