Tragédie en 5 tableaux et en vers, mêlée de chœurs, de Schiller (1803). L'auteur dit avoir pris ses libertés: «J'ai employé la religion chrétienne et la mythologie grecque, en les mêlant ensemble: j'ai même rappelé quelques souvenirs des superstitions mauresques; mais le lieu de l'action est à Messine où ces trois religions croissaient ensemble et parlaient au sens, soit par leur présence, soit par leurs monuments.» («Introduction», Oeuvres dramatiques, vol. V, Paris, Ladvocat, 1821, p. 20)
«Le rôle du Destin est plus considérable encore dans la Fiancée de Messine qu'on a souvent comparée à l'Oedipe* roi de Sophocle. Schiller y peint la tragique destinée de la famille princière de Messine, sur qui pèse une malédiction analogue à celle qui s'appesantit sur les Labdacides. L'ancêtre de la lignée a jadis maudit son fils parce qu'il a épousé la femme qu'il aurait convoitée pour lui-même. Les fruits de cette union seront maudits, et la malédiction ne s'éteindra que quand toute la lignée aura péri. C'est en vain que les parents, avertis par des rêves des calamités qui menacent leurs enfants, essaient de conjurer le péril qui les guette; comme dans le drame antique, les précautions mêmes qu'ils prennent se retournent contre eux et ne servent qu'à assurer l'accomplissement des oracles.
Une implacable fatalité met en oeuvre les fautes commises par les divers acteurs du drame - dissimulation d'Isabelle, dissensions des deux frères ennemis, allures mystérieuses de don Manuel, violence irréfléchie de don César, imprudence de Béatrice - pour les précipiter dans un effroyable abîme de calamités. Ils périssent ainsi non pas innocents - Oedipe lui aussi n'est pas entièrement innocent dans le drame de Sophocle - mais chargés de crimes qu'ils n'ont pas voulus, victimes par conséquent de cette sombre et mystérieuse puissance qui a prise sur quiconque s'est écarté de la voie droite du devoir, et qui, d'un acte blâmable, d'une « mauvaise semence », peut faire naître les conséquences les plus effroyables, les catastrophes les plus inouïes.» (Dictionnaire biographique)
http://www.cosmovisions.com/Schiller07.htm
Extraits
UN HOMME DU CHOEUR
Laisse parler la voix de la douleur. Vaillant, jeune homme, te voilà étendu sans vie, frappé dans la fleur de l'âge, saisi par la nuit de la mort, sur le seuil de la chambre nuptial; faites retentir un gémissement sans fin près de celui qui dort dans le silence éternel.
UN SECOND
Nous venons; nous venons avec la pompe d'une fête, pour recevoir l'épouse. Les jeunes hommes apportent les riches vêtements, les présents nuptiaux; tout est prêt, les témoins sont là, mais l'époux n'entend plus rien; les chants joyeux ne le réveillent pas, car le sommeil de la mort est profond.
TOUT LE CHOEUR
Il est triste et profond le sommeil de la mort; il ne sera point réveillé par la voix de la fiancée; il n'entendra plus le son éclatant de la trompe. Immobile et insensible, il est gisant sur la terre.
UN TROISIÈME
Où sont les espérances, où sont les projets que construit l'homme périssable? Aujourd'hui vous vous embrassiez comme frères, vous étiez unis de coeur et bouche, ce soleil, qui maintenant s'abaisse, éclairait votre amitié; et maintenant tu es couché sur la poussière, frappé de la main meurtrière de ton frère, le sein percé d'une horrible blessure. Où sont les espérances, où sont les projets que l'homme, ce fils de l'heure fugitive, a bâtis sur d'infidèles fondements.
LE CHOEUR
Je veux te rapporter à ta mère. Quel triste fardeau! Abattons avec la hache meurtrière les branches de cyprès pour en former un brancard; jamais rien de vivant ne doit être produit par l'arbre qui aura porté les fruits de la mort, jamais il ne doit croître, jamais il ne doit prêter son ombre au voyageur; tout ce qui a été nourri par le sol du meurtre doit être dévoué au service de la mort.
Musique
SCHUMANN, Robert: La Fiancée De Messine. Ouverture pour Orchestre Opus 100, (1851-1852)
Une implacable fatalité met en oeuvre les fautes commises par les divers acteurs du drame - dissimulation d'Isabelle, dissensions des deux frères ennemis, allures mystérieuses de don Manuel, violence irréfléchie de don César, imprudence de Béatrice - pour les précipiter dans un effroyable abîme de calamités. Ils périssent ainsi non pas innocents - Oedipe lui aussi n'est pas entièrement innocent dans le drame de Sophocle - mais chargés de crimes qu'ils n'ont pas voulus, victimes par conséquent de cette sombre et mystérieuse puissance qui a prise sur quiconque s'est écarté de la voie droite du devoir, et qui, d'un acte blâmable, d'une « mauvaise semence », peut faire naître les conséquences les plus effroyables, les catastrophes les plus inouïes.» (Dictionnaire biographique)
http://www.cosmovisions.com/Schiller07.htm
Extraits
UN HOMME DU CHOEUR
Laisse parler la voix de la douleur. Vaillant, jeune homme, te voilà étendu sans vie, frappé dans la fleur de l'âge, saisi par la nuit de la mort, sur le seuil de la chambre nuptial; faites retentir un gémissement sans fin près de celui qui dort dans le silence éternel.
UN SECOND
Nous venons; nous venons avec la pompe d'une fête, pour recevoir l'épouse. Les jeunes hommes apportent les riches vêtements, les présents nuptiaux; tout est prêt, les témoins sont là, mais l'époux n'entend plus rien; les chants joyeux ne le réveillent pas, car le sommeil de la mort est profond.
TOUT LE CHOEUR
Il est triste et profond le sommeil de la mort; il ne sera point réveillé par la voix de la fiancée; il n'entendra plus le son éclatant de la trompe. Immobile et insensible, il est gisant sur la terre.
UN TROISIÈME
Où sont les espérances, où sont les projets que construit l'homme périssable? Aujourd'hui vous vous embrassiez comme frères, vous étiez unis de coeur et bouche, ce soleil, qui maintenant s'abaisse, éclairait votre amitié; et maintenant tu es couché sur la poussière, frappé de la main meurtrière de ton frère, le sein percé d'une horrible blessure. Où sont les espérances, où sont les projets que l'homme, ce fils de l'heure fugitive, a bâtis sur d'infidèles fondements.
LE CHOEUR
Je veux te rapporter à ta mère. Quel triste fardeau! Abattons avec la hache meurtrière les branches de cyprès pour en former un brancard; jamais rien de vivant ne doit être produit par l'arbre qui aura porté les fruits de la mort, jamais il ne doit croître, jamais il ne doit prêter son ombre au voyageur; tout ce qui a été nourri par le sol du meurtre doit être dévoué au service de la mort.
Musique
SCHUMANN, Robert: La Fiancée De Messine. Ouverture pour Orchestre Opus 100, (1851-1852)