Au Québec, Canada, D. P. de Boisbriand a provoqué deux accidents le lundi 24 mai sur la route 165 entre Plessisville et Saint-Ferdinand, entraînant avec lui dans la mort T., son fils de quatre ans dont il avait la garde unique, et deux frères de Laval, A. et S. F., respectivement 14 et 25 ans. Ces derniers se trouvaient à bord d'un véhicule de promenade en compagnie de deux jeunes filles qui ont subi des blessures. Un accident deviendrait ainsi un suicide homicide intra-familial (le suicide du père ayant pour effet recherché la mort de son fils (libéricide) et pour effet collatéral la mort de deux autres personnes extérieures à la famille et sans lien avec celle-ci.
D'après les informations reçues des médias*, cet accident d'une rare violence aurait été un acte volontaire. Un des voisins de D. P. aurait agi comme témoin lors de la signature de son testament deux jours avant le drame. Il aurait également contacté une amie il y a quelques jours afin de modifier le nom des bénéficiaires de son assurance-vie. Il aurait écrit une lettre à chacune de ses deux filles.
D. P. vivait une grande détresse depuis la fin avril 2010 à la suite d'une rupture amoureuse avec sa conjointe qui lui avait annoncé qu'elle souhaitait refaire sa vie avec un autre homme. Juste avant l'accident, il sortait d'une rencontre avec son ex-conjointe à qui il avait donné rendez-vous à Plessisville. À la fin de la rencontre, ils ont pris le volant de leur véhicule respectif et se sont tous deux engagés sur la route 165 en direction sud.
Il semble justifié d'interpréter cet acte en tant que manifestation d'une extrême détresse. L'homme ne disposait pas de ressources, intérieures et extérieures, pour faire face à la séparation et à l'effondrement de sa famille*. Sa fille V., âgée de 16 ans, a de son père une image favorable: «Il était un bon papa… il prenait beaucoup soin de nous… il n’était pas suicidaire ... C’est sûr qu'il avait de la peine ...C’est quand même 23 ans de sa vie».
La violence du geste à multiples effets néfastes peut être interprétée comme la résultante d'une souffrance devenue intolérable à la suite d'un deuil* insupportable. Par une tendance à l'identification, l'auteur du drame ne voulait pas que son très jeune fils souffrira comme lui. Cependant, cette violence - à la fois suicidaire et homicidaire causant la mort de quatre personnes - peut révéler aussi la présence d'un sentiment de colère intense et de vengeance (amour-haine) à l'égard de son ex-conjointe.
Cette mort volontaire s'impose à la collectivité, étonnée et choquée, comme un geste complexe où s'entremêlent de multiples enjeux d'ordre familial, social et psychologique ayant pour aboutissement une violence meurtrière, incontrôlée et incontrôlable. Nous sommes ici en face de ce qu'on appelle «Male mort»: une mort non naturelle qui choque par sa soudaineté, sa brutalité et son imprévisibilité. (P. Charlier, Male mort. Morts violentes dans l'Antiquité, Fayard, 2009, p. 11)
Ce type de suicide homicide sur la route n'est pas un cas isolé. Plusieurs investigations policières sur des accidents de la route parviennent à la constatation de la présence de mobiles suicidaires ou homicidaires. Ainsi, le 26 mai 2005, cinq personnes périssent dans un accident sur la route 55 à Saint-Nicéphore dans le comté de Drummond. (Québec) À la suite de son investigation, le coroner Gilles Campeau conclut que l'un des deux conducteurs avait délibérément percuté le véhicule qui venait en sens inverse, tuant ses deux occupants. Dans l'automobile du responsable, trois des quatre personnes qui s'y trouvaient ont péri, membres de la même famille. Dans son rapport, le coroner indique des problèmes conjugaux qui ont mené l'homme à poser ce geste suicidaire devenu triple homicide.
D. P. vivait une grande détresse depuis la fin avril 2010 à la suite d'une rupture amoureuse avec sa conjointe qui lui avait annoncé qu'elle souhaitait refaire sa vie avec un autre homme. Juste avant l'accident, il sortait d'une rencontre avec son ex-conjointe à qui il avait donné rendez-vous à Plessisville. À la fin de la rencontre, ils ont pris le volant de leur véhicule respectif et se sont tous deux engagés sur la route 165 en direction sud.
Il semble justifié d'interpréter cet acte en tant que manifestation d'une extrême détresse. L'homme ne disposait pas de ressources, intérieures et extérieures, pour faire face à la séparation et à l'effondrement de sa famille*. Sa fille V., âgée de 16 ans, a de son père une image favorable: «Il était un bon papa… il prenait beaucoup soin de nous… il n’était pas suicidaire ... C’est sûr qu'il avait de la peine ...C’est quand même 23 ans de sa vie».
La violence du geste à multiples effets néfastes peut être interprétée comme la résultante d'une souffrance devenue intolérable à la suite d'un deuil* insupportable. Par une tendance à l'identification, l'auteur du drame ne voulait pas que son très jeune fils souffrira comme lui. Cependant, cette violence - à la fois suicidaire et homicidaire causant la mort de quatre personnes - peut révéler aussi la présence d'un sentiment de colère intense et de vengeance (amour-haine) à l'égard de son ex-conjointe.
Cette mort volontaire s'impose à la collectivité, étonnée et choquée, comme un geste complexe où s'entremêlent de multiples enjeux d'ordre familial, social et psychologique ayant pour aboutissement une violence meurtrière, incontrôlée et incontrôlable. Nous sommes ici en face de ce qu'on appelle «Male mort»: une mort non naturelle qui choque par sa soudaineté, sa brutalité et son imprévisibilité. (P. Charlier, Male mort. Morts violentes dans l'Antiquité, Fayard, 2009, p. 11)
Ce type de suicide homicide sur la route n'est pas un cas isolé. Plusieurs investigations policières sur des accidents de la route parviennent à la constatation de la présence de mobiles suicidaires ou homicidaires. Ainsi, le 26 mai 2005, cinq personnes périssent dans un accident sur la route 55 à Saint-Nicéphore dans le comté de Drummond. (Québec) À la suite de son investigation, le coroner Gilles Campeau conclut que l'un des deux conducteurs avait délibérément percuté le véhicule qui venait en sens inverse, tuant ses deux occupants. Dans l'automobile du responsable, trois des quatre personnes qui s'y trouvaient ont péri, membres de la même famille. Dans son rapport, le coroner indique des problèmes conjugaux qui ont mené l'homme à poser ce geste suicidaire devenu triple homicide.