La Lettre de L'Agora, 14 février 2020
Vol 12 No. 4 - Épidémies, travail, éducation, les Sentiers du savoir, motoneige
Merci de nous être fidèles, y compris par vos dons. Nous progressons dans la refonte de nos sites. Nous franchirons une étape importante en septembre 2020, à l'occasion du lancement du site d'un nouveau partenaire, le Centre Justice et Foi, sur le christianisme social au Québec. Ce nouveau partenariat illustrera les formes nouvelles de collaboration que rendra possibles la nouvelle version du logiciel de L'Encyclopédie actuellement en cours de développement.
Dans ce contexte, et toujours en vue d'assurer la pérennité de nos sites, nous prenons les mesures nécessaires pour les rendre encore plus accessibles aux familles et aux maisons d'enseignement à des fins éducatives. Après les analyses, les synthèses. Nous continuerons à enrichir nos bases de données, mais nous mettrons l'accent sur les synthèses, dans une perspective historique, comme nous le faisons déjà dans nos Lettres et comme nous le ferons de plus en plus. Voir à ce propos Les grandes étapes, le premier de nos Sentiers du savoir.
Samedis de l'Agora
Merci à Chantal Doré qui a pris en charge, avec Bernard Lebleu, l'organisation des samedis de l'Agora.
Jacques Laberge, 22 février, 16h
La sagesse que l'on peut retirer de l'observation de la nature
Marc Chevrier, 4 avril, 16h
Empires et peuples sans qualités
Renée Joyal, 25 avril, 16h
Jan Hus, Germaine de Staël et George Sand, leur engagement social et politique: les transpositions possibles dans un monde globalisé et connecté.
Chantal Doré, 23 mai, 16h
Regard sociologique critique sur le phénomène du recours aux mères porteuses
Détails, présentation des conférenciers et résumés de conférences, cliquez ici : Samedis de l'Agora
Endroit: Auberge de jeunesse Magog-Orford, 111, rue Merry, Magog.
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Travail
Lewis Mumford, un maître pour notre temps. Son point de vue sur le travail
par Jacques Dufresne
La Grèce du 5ème siècle avant Jésus-Christ a été unie par une pensée commune aux philosophes, aux écrivains et aux artistes. Le Moyen Âge européen également. Le monde actuel est uni non par une pensée commune mais par des techniques: de recherche, de fabrication, d'administration, de transport, de communication. La seule pensée commune est celle du libre choix des biens de consommation et des opinions, deux univers aussi éclatés l'un que l'autre. Le premier devoir des intellectuels d'aujourd'hui est de susciter l'émergence et la prééminence des auteurs les plus aptes à unir leurs contemporains. Lewis Mumford est l'un d'eux. On vient tout juste de publier en France une nouvelle traduction de sa grande synthèse : Le Mythe de la machine, technique et développement humain, aux Éditions de l'Encyclopédie des Nuisances. Nous tirons de ce livre, sur le thème du travail notamment, des passages d'une portée universelle.
Le précariat à l'ère du numérique: ubérisation, “gig economy” et travailleurs du clic
par Stéphane Stapinsky
Du travail enchaîné des esclaves , on est passé au travail à la chaîne bien rémunéré. Voici le travail déchaîné : place au moi, tous entrepreneurs, sans maître ni horaire, mais dans une concurrence féroce, 24/24, sous écran, souvent en laisse électronique, au service d'une plateforme numérique, avec l'espoir de gagner ainsi le gros lot à cette loterie où l'on paye son billet de son temps.
Le monastère et le travail de l'esprit
par Simon Nadeau
Simon Nadeau est l'auteur d'un roman, L'art de rater sa vie, qui a suscité notre admiration. Suite à notre demande de participer à notre réflexion sur le travail, il nous a envoyé un chapitre de son prochain livre où, après une allusion aux propos de Hegel sur la dialectique du maître et de l'esclave, il propose, pour l'accès à une liberté compatible avec le travail, un ailleurs monastique semblable à celui dont Mumford souligne l'importance dans sa grande fresque historique, Le mythe de la machine, technique et développement humain. Le prochain livre de Simon Nadeau a pour titre Le monastère buissonnier.
La légende dorée des personnes handicapées
par Jacques Dufresne
Dans un livre intitulé The Power of Disability, Al Etmanski, un chef de file dans l'innovation sociale au Canada, présente une galerie de personnes handicapées qui non seulement ont pu travailler, mais qui, à l'instar de Stephen Hawking ou de Greta Thunberg, ont excellé dans le domaine où elles ont choisi d'œuvrer. Al est un ami de l'Agora, avec qui nous avons travaillé pendant de nombreuses années dans le cadre du projet Philia. Nous souhaitons que son livre soit traduit en français, c'est pourquoi nous donnons tout de suite un aperçu de la version anglaise.
Gaétan Beaudin artisan créateur
par Hélène Laberge
L'argile fut la première matière plastique. Elle était recyclable. Le façonnage et la cuisson de cette terre en vue d'en faire des récipients a marqué une étape importante dans l'histoire des civilisations. La céramique a conservé une aura qu'elle tire de ses lointaines origines. Chaque pot était une chose unique à l'image de l'humain qui le fabriquait, un objet qui, tout en étant utile, exprimait l'identité des individus et des peuples. Le nom et l'œuvre de Gaétan Beaudin sont à jamais associés à la céramique québécoise.
Paradoxale motoneige. Le repos du travailleur ?
par Jacques Dufresne
Rien de plus facile que de trouver sur Internet de l'information sur la motoneige. Mais que penser du sport dont elle est l'outil, un sport paradoxal où la vie sociale la plus authentique gravite autour de la machine la plus prédatrice et la plus dépassée sur le plan technologique.
Épidémies
Histoire culturelle des épidémies : quelques leçons à en tirer
par Jacques Dufresne
Rien de plus instructif pour comprendre la condition humaine que de la redécouvrir sous l'angle de l'histoire culturelle des maladies, des épidémies en particulier. Se tissent alors de nouveaux liens entre les guerres, les idées, les croyances, les arts, l'économie, la politique. Les épidémies sont des situations limites qui révèlent les sommets que les hommes peuvent atteindre dans le bien comme les bas-fonds auxquels ils peuvent descendre dans le mal.
Les épidémies à la lumière de la culture médicale
par Jacques Dufresne
Un peu de culture médicale est nécessaire pour faire face adéquatement à une épidémie. Si la vigilance s'impose, un excès de prudence peut déclencher des campagnes de vaccination coûteuses…et plus nuisibles qu'utiles. Ce fut le cas en 2009 lors de la grippe AH1N1. En cas de contagion grave, la littérature peut être d'un grand secours.
On peut mesurer l'importance de la peste dans l'histoire à la place qu'elle occupe dans la littérature. Thucydide, l'un des premiers grands historiens, a raconté la peste d'Athènes survenue en 429. Laure, que le poète italien Pétrarque chanta dans ses poèmes, -- lesquels devaient avoir une grande influence sur la Renaissance française-- mourut pendant la peste de 1348. Georges Simenon, Thomas Mann et Roland Cailleux ont un point commun : avoir fait de la tuberculose le personnage principal de plusieurs de leurs romans. Le plus célèbre de ces romans est La montagne magique de Thomas Mann.
Manzoni, romancier, historien et épidémiologiste
Extraits
Dans Les fiancés, le plus grand roman italien, Manzoni (1785-1873) raconte l'histoire de la peste de Milan (1629-31) avec la rigueur d'un historien et celle d'un épidémiologiste. Dans un autre ouvrage, moins connu, un essai intitulé L'histoire de la colonne infâme, il s'élève contre la barbare injustice commise à l'endroit des boucs émissaires de Milan, avec une indignation que l'on a comparée à celle de Voltaire dans L'affaire Calas. Voici des extraits de ces deux livres. Y aura-t-il des boucs émissaires en Chine ? Le maire de Wuhan n'est-il pas sur la liste ?
120 citations de La Peste de Camus
Le surdiagnostic du cancer dans un pays développé
Un message de Pierre Biron
Une nouvelle étude publiée dans The Medical Journal of Australia révèle que près d'un cancer sur quatre chez les hommes et près d'un sur cinq chez les femmes pourraient être des surdiagnostics.
Éducation
L'enseignement de la philosophie dans les cégeps, baromètre de l'identité culturelle des Québécois
Par Jacques Dufresne
Quand il vend en anglais à Montréal des certificats d'étude collégiale au rabais, comme on vendait naguère des indulgences, le cégep de Gaspé ne semble pas se soucier de la formation fondamentale commune. Dans le même esprit, le ministre de l'éducation du Québec autorise le cégep de St-Laurent, une institution francophone, à substituer les humanities à la philosophie.
Les humanities dans les cégeps francophones à la place de la philosophie, une vieille idée récurrente qui refait surface en ce moment. L'histoire de cette idée jette une lumière singulière sur des questions fondamentales qui se posent aujourd'hui avec encore plus d'acuité qu'en 1972. Cette année-là, le gouvernement de Robert Bourrassa annonça son intention de réduire de quatre à deux le nombre de cours de philosophie obligatoires. Il s'ensuivit un vif débat à l'occasion duquel la revue Critère publia, en janvier 1973, un numéro entièrement consacré à l'enseignement collégial. Le premier article, signé Fernand Dumont et Guy Rocher, un article largement inspiré de Kant, illustre bien l'entrée du Québec dans la modernité. Nous donnons enfin accès à cet article, L'expérience des cégeps, urgence d'un bilan ainsi qu'à deux autres du même numéro. Le gouvernement retira son projet et le statu quo dura 20 ans.
L'expérience du CEGEP: urgence d'un bilan
par Fernand Dumont, Guy Rocher
Dans L'expérience des cégeps, urgence d'un bilan, article paru dans la revue Critère en 1973, Guy Rocher et Fernand Dumont s'élèvent d'abord contre une spécialisation prématurée contraignant les étudiants à s'engager dans une carrière dès le secondaire. À la concentration liée à cette spécialisation avant l'heure, ils opposent un choix de cours, une polyvalence semblable à celle du secondaire. Tournant le dos à ce qu'ils appellent la « défunte culture générale » réduite, à leurs yeux, à une compilation encyclopédique, ils proposent une culture fondamentale, axée sur la critique de même que sur le transfert des connaissances et fondée sur quatre dimensions : l'histoire, l'expression, l'Entendement (et son langage, les mathématiques) , la transcendance ( et son lieu, la philosophie).
All' épi paideia
par Olivier Reboul
En donnant à son article un titre grec, All' épi paideia, Olivier Reboul disait son attachement à la culture classique. Il allait ensuite de soi que sa préférence aille à un corpus unique plutôt qu'à une polyvalence, une optionnalité, dissolvantes à ses yeux. Voir aussi à ce propos notre dossier Paideia
Notre dossier Paideia
Paideia est un mot grec signifiant éducation. Le philologue allemand Werner Jaeger lui a donné un sens plus précis et plus évocateur dans son grand ouvrage: Paideia ou la formation de l'homme grec. La paideia est pour lui une formation donnée à la fois par la cité et par un enseignement formel qui est lui-même en harmonie avec ce qu'enseigne la cité de façon informelle: on imagine un philosophe grec expliquant l'idée d'harmonie à ses disciples devant une musique ou un temple qui sont eux-mêmes des incarnations de cette idée. On pourrait résumer ainsi la paideia: nous ne pouvons former (au sens de concevoir) que les idées par lesquelles nous avons été formées (au sens de modeler)... et inversement. Commentant Platon et Protagoras, Jaeger écrit: "l'harmonie et le rythme de la musique doivent être communiqués à l'âme pour que, à son tour, celle-ci devienne harmonieuse et obéisse aux lois rythmiques." (Paideia, p.361)
Le règne des objectifs ou la taylorisation de l'éducation
par Jacques Dufresne
Au plus fort de la réforme de l'enseignement collégial, au début de la décennie 1970, les objectifs envahissaient la pédagogie. Dans « Le règne des objectifs ou la taylorisation de l'éducation », ( revue Critère, janvier 1973 ) Jacques Dufresne a rappelé, à partir d'une distinction entre les fins et les objectifs, que l'éducation est un art orienté vers une fin et non une technique visant des objectifs.
L'optionalité, l'une des causes du dogmatisme universitaire
par Jacques Dufresne
L'optionalité, que nous avons au Québec appelé polyvalence, ne serait-elle pas l'une des causes lointaines et profondes de ce dogmatisme universitaire qu'un groupe d'étudiants dénonçaient dans un manifeste publié dans Le Devoir du 30 janvier 2020?
Discipline scolaire et pédagogie de l'enfant, un héritage méconnu
Paul-André Turcotte
À l'occasion d'une visite officielle au Japon, en 1982, le Premier ministre du Québec, René Lévesque, demanda à ses hôtes de lui faire visiter l'une des meilleures écoles secondaires du pays. On lui ouvrit les portes de l'école Rakusei à Kyoto, une maison fondée par les Clercs-de-Saint-Viateur et dirigée par un gaspésien, le père Allard. Quand René Lévesque lui demanda de lui expliquer l'extraordinaire réussite de son institution, il répondit: «Nous avons conservé les méthodes que nous utilisions au Québec en 1940 ou 1945 ». Voici un aperçu de ces méthodes. Aujourd'hui, l'école Rakusei est une source d'inspiration pour le collège de Rigaud.
Les grandes étapes
par Jacques Dufresne
En marge du débat sur le cours d'éthique et de culture religieuse et sur la question plus large de la formation intégrale, voici l'ébauche d'un cheminent qui pourrait inspirer parents et enseignants dans leurs efforts pour initier les jeunes à leur humanité.
Panorama de la vie intellectuelle dans les cégeps,
par l'Agora
Le cégep, une croisée de chemins
par Georges-Rémy Fortin
Bioéthique et écoéthique
Le don d'organe et la question de l'identité
par Pierre-Jean Dessertine
Don d'organe. Peut-on donner sans intention de donner ? Y a-t-il une propriété légitime du cadavre ? Le propriétaire serait-il la famille ou la collectivité ? Jusqu'où faut-il vouloir continuer à faire vivre un humain au moyen de « pièces détachées » ? Le donneur continue-t-il à « vivre » dans le receveur ? Par nécessité technique, le prélèvement d'un organe est resserré au plus près du diagnostic de la mort ; or ce diagnostic est ambigu – mort cérébrale, arrêt de l'irrigation sanguine, avec des cas de réversibilité – qu'est-ce alors que la mort ? Qu'est-elle, cette mort qui laisse perdurer la vie d'un organe ?
Une convention citoyenne à contre-emploi
Pierre-Jean Dessertine
Et après restera le même et lancinant problème, le véritable problème de l'épisode historique actuel. Où trouver la volonté politique, le courage de responsables élus, de contraindre, par la loi et les sanctions qui l‘imposent, les grands affairistes de se soumettre au Bien commun
Livres
La raison et la vie, livre de Jacques Dufresne
Un écho dans le journal Le Devoir
L'auteur a toujours été, dans sa pensée comme dans son action, à la recherche d'une maturité reposant sur l'harmonie entre la raison et la vie, avec la conviction croissante que toutes les zones d'interaction de l'une et de l'autre sont interdépendantes. Ces zones d'interaction, il les appelle paysages : naturel, intérieur, social. « Par exemple, écrit-il, entre le sol brutalisé par une certaine agriculture industrielle, le psychisme individuel colonisé par les experts et soumis au conditionnement et une société civile réduite à une peau de chagrin parce que coincée entre un marché tentaculaire et un État interventionniste, l'analogie est frappante. Ce qui veut dire qu'advenant un déséquilibre qui défavorise la vie dans le paysage naturel, comme c'est le cas aujourd'hui, on ne saurait remédier à un tel mal sans lutter contre le même déséquilibre dans les deux autres paysages. Quel que soit le paysage auquel on s'intéresse d'abord, la prise en compte des deux autres s'impose.
Extraits du livre sur les principaux thèmes
Écologie
Éducation
Politique
Religion
Santé
Science
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