La Lettre de L'Agora, 21 décembre 2019
Vol 12 No 3 Incarnation, admiration, civilisation, atmosphère, Brexit
Joie de Noël ! Trève de la colère : des peuples, des enfants, des couples ? Pour nous, invitation à réfléchir sur un sentiment proche de la joie et de la compassion, l’admiration, sur ses liens avec l’incarnation, la civilisation, la terre, l’amour.
Notre dossier Noël est toujours bien vivant. Vous pouvez y déposer vos cadeaux.
Écrit il y a plus de cent ans, ce Noël des animaux est bien de notre temps.
[...]
Enfin, chacune à qui mieux mieux
De ces naïves bêtes,
Faisait sa cour au roi des Cieux
Quand sur ces entrefaites
Paraît un être sur le seuil...
Il avait l'air du singe
Et suait le vice et l'orgueil;
Avec ça trop de linge.
L'Enfant pensa se trouver mal
Se blottit dans sa couche:
- Non, non, pas de cet animal!
(Dit-il d'un ton farouche)
C’est l’homme! Je sais que c’est lui
À mon cœur qui se serre,
D’où me viendra tout mon ennui
Et toute ma misère.
A propos des livres récents de Jacques Dufresne et Marc Chevrier
La raison et la vie. Cinquante ans d'action intellectuelle, par Jacques Dufresne
Lancement avec conférence de l’auteur et discussion dans le cadre de la reprise des Samedis de l’Agora à Magog. 18 janvier 2020 à compter de 16h.
L’empire en marche: Des peuples sans qualités, de Vienne à Ottawa, par Marc Chevrier
à la librairie La Liberté à Québec, le 7 février prochain.
Appel aux dons - La campagne 2019-2020
Pour faire un don
Abonnement
Vous avez reçu cette lettre d'un ami ? Cliquez ici pour vous y abonner et pour trouver les archives de la Lettre
Dons, par Internet ou par la poste
Regards sur notre temps
L’honneur d’un peuple ou le désaveu du parti de la critique
par Marc Chevrier
Il en va de l’honneur du peuple britannique lui-même qui, lorsqu’il est consulté par référendum, agit en peuple souverain et qui, au besoin, prend sur lui de faire respecter ses propres engagements en lieu et place de ses élites défaillantes. Au Royaume-Uni, les référendums sont rares, mais quand le peuple statue, le parlement, qui dispose certes d’une souveraineté législative, doit s’incliner devant lui.
Le Brexit ou l’Empire britannique 2.0
par Marc Chevrier
Dans un ouvrage publié peu avant les élections générales qui ont eu lieu au Royaume-Uni le 12 décembre dernier, le juriste Marc Chevrier s’est penché sur l’idée d’empire et sur la résurgence de cette forme politique en Occident. Il rappelle que le Royaume-Uni, malgré la perte de ses nombreuses colonies, est demeuré essentiellement un empire, sans jamais devenir à proprement dit un État-nation. Ce fait fondamental, quoique souvent incompris, éclaire le sens du Brexit, choisi par une courte majorité des électeurs britanniques lors du référendum de juin 2016, qui a profondément divisé la classe politique et paralysé le parlement de Westminster. Cette impasse traduisait au vrai un conflit d’allégeance chez les Britanniques eux-mêmes, les uns voulant renouer avec l’indépendance de leur empire historique, les autres s’amarrer au projet de l’Empire européen.
Les dérèglements climatiques 3, L’atmosphère et les océans
par Robert Mailhot
Voici le troisième volet de Belle et fragile, la fresque scientifique de Robert Mailhot sur l’état de la terre. Témoignage unanime de quelques proches qui ont lu cet article : «J’Ignorais que l’on savait tant de choses sur le climat et que les dérèglements climatiques extrêmes étaient si intimement liés les uns aux autres. ». Rigoureux et exhaustif, l’article exige un effort d’attention spécial et quelques détours par les dictionnaires. Conseil aux militants écologistes ayant compris comme Socrate, que le mal c’est l’ignorance : organisez des réunions de cuisine… et de parlement pour étudier et commenter ce texte.
99
par Pierre-Jean Dessertine
« Il y a bien plus dans l’échange que les choses échangées » (Cl. Levi-Strauss, 1949.) Quand le prix passe de 1,00 €, 0,99 €., les ventes s’accroissent de 5 %. 99, c’est ce que les marketeurs appellent le prix psychologique. Quelle psychologie ? « Qu’est-ce qui pousse ou incline les psychologues à se faire, parmi les hommes, les instruments d’une ambition de traiter l’homme comme un instrument ? »
Montréal, plaque-tournante du rire universel…et numérique
par Jacques Dufresne
Je viens d’entendre, comme chaque année, au temps de la guignolée, les rires et les chants joyeux des enfants rassemblés autour du docteur Julien dans divers quartiers de Montréal. Le sens de l’humanité ne nous a donc pas abandonnés. Puisse notre métropole être aussi réputée comme paradis des enfants que comme plaque-tournante mondiale de l’intelligence artificielle. C’est la publicité faite à une recherche en IA sur le rire programmé qui m’a incité à formuler ce souhait. Voici un coup d’œil sur cette recherche.
Recette de la joie
par Daniel Laguitton
Si le bonheur intérieur brut (BIB) ne remplace pas le produit intérieur brut (PIB), nos sociétés devront se contenter du RIP d’un requiem pour une civilisation accro. Renoncer au règne de la quantité et renouer avec la joie du règne de la qualité, telle est bien la révolution individuelle et collective à réaliser pour redonner un sens à la notion pervertie de « progrès ».
Alter dictionnaire médico-pharmaceutique
par Pierre Biron
Trois mises à jour récentes
Vaccinologie
Documentation
Histoires édifiantes
Admiration
L’éternel retour de l’admiration
par Stéphane Stapinsky
L’idolâtrie a causé tant de malheurs dans le monde, au XXème siècle notamment, qu’elle a entraîné dans son discrédit l’admiration, dont elle est la caricature. La grandeur, premier objet de l’admiration, y a été trop souvent réduite à la volonté de puissance de quelques névrosés. Elle l’est encore aujourd’hui dans quelques grands pays. Conséquences : cynisme ou indifférence. Mais n’est-ce pas à l’aune de la vraie grandeur qu’on peut juger de la fausse? C’est par comparaison avec Churchill ou Gandhi, ou avec les Antonins admirés de Marguerite Yourcenar à la même époque, que l’on pouvait le mieux prendre la mesure ou plutôt la démesure des dictateurs ivres d’Idéologie. D’où la nécessité de réhabiliter l’admiration authentique, d’en rappeler les plus beaux exemples, d’en cerner les objets les plus dignes.
Michel Lessard, révélateur et gardien du patrimoine québécois
par René Bouchard
Incarnation, admiration, civilisation, l’œuvre de l’ethnohistorien Michel Lessard correspond parfaitement à ces trois thèmes de la présente lettre. L’âme d’un peuple s’incarne d’abord dans ce quelque-chose de plus, beauté, forme, caractère dont ses artisans auréolent les objets de la vie quotidienne, des simples outils aux vases sacrés. Cette âme s’appauvrit toutefois si elle perd de vue les œuvres qui l’on exprimée et l’expriment encore. Il faut alors qu’un regard d’aigle nous les redonne à admirer. Au Québec, Michel Lessard a été l’un de ces regards, le plus perçant peut-être. Ce faisant il révélait sa civilisation à un peuple qui a trop longtemps cru qu’il n’était qu’à demi civilisé. L’hommage que lui rend ici un autre excellent ethnologue, René Bouchard, ajoute quelque-chose de plus à cette civilisation.
Pierre Vadeboncoeur, un homme civilisé
par Jacques Dufresne
Ne serait-ce que parce qu’il a porté en lui les principales contradictions du Québec du XXème siècle et qu’il en a témoigné dans un style que l’on a comparé à celui de Péguy et de Valéry, cet écrivain devrait susciter au Québec une admiration générale et enthousiaste, semblable à celle que Péguy, un modèle pour lui, a connu et connaît toujours en France. Ce miracle pourrait se produire si le dossier que vient de lui consacrer la revue L’Inconvénient connaissait le succès qu’il mérite.
Civilisation
Vers la civilisation de l’universel, par un sentier africain
par Jacques Dufresne
Un sentier qui part de Dany Laferrière et remonte à Léopold Senghor, en traversant l’Académie française
L'amitié cosmopolite et l'élargissement de nos horizons de pensée
par Georges-Rémy Fortin
Le dialogue entre les civilisations est-il possible? Que pouvons-nous faire concrètement pour l’amorcer? L’enseignement de la philosophie au collégial est le plus souvent concentré sur les grands penseurs de l’Occident. Cela empêche-t-il le cursus philosophique du collégial de contribuer à l’interaction entre les cultures? Dans ce texte paru dans la revue Bios, je défends l’idée que l’enseignement de la tradition philosophique occidentale, loin d’être un repli sur soi, est une condition de possibilité de la compréhension interculturelle.
Une renaissance du christianisme est-elle possible?
par Georges-Rémy Fortin
Les grandes idéologies se sont effondrées. L’espoir qui les animait est-il mort? Le philosophe français Jean-François Mattéi soutien l’idée que les grandes utopies sont les fruits de la sécularisation de l’espoir chrétien en la venue du royaume de Dieu. L’échec de ces idéologies était inévitable, parce qu’elles traitent comme absolu ce qui n’est que relatif: les biens matériels, l’identité nationale. Le christianisme, et peut-être plus largement, la spiritualité, met l’humain en relation avec l’absolu. Mattéi entretient l’espoir que le retour du christianisme est possible, parce que le christianisme est en définitive la possibilité du retour de l’espoir.
Incarnation
L’incarnation, remède au refroidissement de la planète humaine
par Jacques Dufresne
« L'incarnation consiste dans le fait d'avoir une chair - davantage peut-être: d'être chair.» (Michel Henry). Ainsi comprise, l’incarnation c’est la vie, du moins aux yeux de ceux qui ne réduisent pas cette dernière à ses composantes soumises aux lois de la physique. L’incarnation est aussi, sous une forme sublime, au cœur du christianisme. Il serait bien dommage que, sous prétexte d’éviter de faire du prosélytisme, les chrétiens, de religion ou de spiritualité, s’abstiennent de célébrer cette union irréductible d’une âme et d’un corps. Que peut-on opposer d’autre au rouleau compresseur qui minéralise tout sur son passage? Cet article va droit à l’essentiel. Cet essentiel est explicité dans d’autres articles de cette lettre.
Grandeurs et misères de l’incarnation
par Jacques Dufresne
La prolifération des machines autour de nous, dans le cadre d’une vision du monde elle-même mécaniste, nous met constamment en présence de deux nouveaux principes, l’un abstrait, l’autre matériel, caricaturant si bien l’âme fait corps que nous en venons à considérer les machines comme des images de nous-mêmes, voire comme des modèles. Ce que nous faisons lorsque, sans sourciller, nous employons le mot intelligence à propos des ordinateurs.
La technique et la chair
par Daniel Cérézuelle
De l’ensarkosis logou à la critique de la société technicienne chez Bernard Charbonneau, Jacques Ellul et Ivan Illich
Célébrations de l’incarnation, notre lettre de Noël 2013
Un extrait : Frédéric Back ou la vie plus forte que l’envie.
Mort de Frédéric Back. Cet artiste surtout connu par ses films d’animation qui lui ont valu deux Oscars, était pour nous un ami et une source d’inspiration. Dans son film le plus connu, il a adapté au cinéma un texte de Jean Giono intitulé L’homme qui plantait des arbres. Aucune œuvre ne correspond mieux que la sienne à nos Célébrations de l’incarnation. On admire d’abord en lui le militant écologiste doublé d’un dessinateur génial, mais il était aussi un métaphysicien comme le montrent deux de ses films d’animation, trop peu connus : Tout-rien et Illusions. Dans Tout-rien, il nous présente l’être humain comme une créature dévorée par l’envie. D’où le titre de l’article que sa mort nous a inspiré : Frédéric Back ou la vie plus forte que l’envie.
Amour, poésie, musique
Albert Camus 1913 1960
par Hélène Laberge
Il a écrit : " En vérité personne ne peut mourir en paix s’il n’a pas fait tout ce qu’il faut pour que les autres vivent. " Et il a lutté, souvent seul, contre toute forme d’oppression. L’oppression peut être étatique, et facilement reconnaissable, mais elle est aussi dans l’air du temps : " Il y a terreur parce que les valeurs humaines ont été remplacées par les valeurs de mépris et d’efficacité, la volonté de liberté par la volonté de domination (...)." " La poursuite de la réussite conduit les hommes à se servir des autres comme des moyens."
Sous le charme
par Nicolas Bourdon
Comment qualifier ce texte dont l’écriture suscite dès les premières lignes notre attention ? Une analyse à la troisième personne qui n’est ni une confession, ni une psychanalyse, mais la constatation d’une « longue traversée ». Le héros jette sur lui-même un regard sans complaisance, sans accusation, sans émotion. Voilà, nous dit-il, ce que j’ai été, voilà ce que j’ai fait. J’ai tout appris anonymement sur les gestes de l’amour et cherché le sentiment comme la solution d’un problème de géométrie. Et voici ce que je désire : me retrouver sous le charme: inventer des gestes uniques et inimitables qui ne tueront pas l’amour.
Le feu de la neige
par Pierre Paquin
Pierre Paquin, l’auteur du recueil Le feu de la neige, dont je tire ici une courte anthologie a le profil d’un avocat destiné à la haute administration. Il fut notamment D.G. d’Air Canada à Paris. Je l’ai pourtant connu poète à 15 ans et je le retrouve poète quelques décennies plus tard, n’abusons pas des gros chiffres. Entre temps, nous ne sommes revus que très brièvement, à l’occasion de réunions de confrères. Je suis donc quelque peu étonné de retrouver une pensée commune à ces penseurs si longtemps séparés, y compris par des océans. Belle synchronicité entre deux parcours différents d'une génération en voie d'être oubliée ou sonnant une alerte méritant d'être entendue? (J.D)
Du désir de PMA et autres désirs technologiquement éclos
par Pierre-Jean Dessertine
Où il s'agit moins d'approuver ou de condamner, que de comprendre.
Livres
Quelques livres reçus, en quête de lecteurs et de commentateurs
À suivre dans nos prochaines lettres
Jean Hus, un visionnaire au cœur de la Bohême médiévale
Renée Joyal, Del Busso, Montréal 2018
Histoire naturelle de la traduction
Charles Le Blanc, Les Belles Lettres, Paris 2019
Les grands récits occidentaux, 1.Le pilier gréco-romain
Sous la direction de Jean-Claude Maes, Liber, Montréal 2018
Les grands récits occidentaux, 2.Le pilier judéo-chrétien
Sous la direction de Jean-Claude Maes, Liber, Montréal 2019
Le rapt ontologique, penser l’être des singularités
Thomas Dommange, Nota Bene, Montréal 2019
Détours vers le futur, des muses et des zombies
Aurélien Fouillet, Liber, Montréal 2019
La raison et la vie
La raison et la vie, livre de Jacques Dufresne
L'auteur a toujours été, dans sa pensée comme dans son action, à la recherche d'une maturité reposant sur l'harmonie entre la raison et la vie, avec la conviction croissante que toutes les zones d'interaction de l'une et de l'autre sont interdépendantes. Ces zones d'interaction, il les appelle paysages : naturel, intérieur, social. « Par exemple, écrit-il, entre le sol brutalisé par une certaine agriculture industrielle, le psychisme individuel colonisé par les experts et soumis au conditionnement et une société civile réduite à une peau de chagrin parce que coincée entre un marché tentaculaire et un État interventionniste, l'analogie est frappante. Ce qui veut dire qu'advenant un déséquilibre qui défavorise la vie dans le paysage naturel, comme c'est le cas aujourd'hui, on ne saurait remédier à un tel mal sans lutter contre le même déséquilibre dans les deux autres paysages. Quel que soit le paysage auquel on s'intéresse d'abord, la prise en compte des deux autres s'impose.
Extraits du livre sur les principaux thèmes
Écologie
Éducation
Politique
Religion
Santé
Science
Coordonnées
Abonnement: http://lalettredelagora.org/
Désabonnement: http://lalettredelagora.org/desabonnement
Questions ou commentaires: editeurs@agora.qc.ca
L'Encyclopédie de L'Agora
190 chemin Corey
Ayer's Cliff (Québec)
J0B 1C0 Canada