L'Encyclopédie sur la mort


Toxicomanie

Les toxicomanes constituent une catégorie de la population à haut risque pour le suicide ou les tentatives de suicide*. Par toxicomanie.on entend: «État d’intoxication engendrée par la prise répétée de substances toxiques […], créant un état de dépendance physique et psychique à l’égard de ses effets» (Le Petit Robert). Les rapports entre l’alcool et les drogues dures avec le suicide sont intimes. Baechler* propose trois hypothèses afin de saisir ces rapports: 1. «L’intoxication détermine chez le sujet des changements psychiques et physiques, qui peuvent mener à une issue suicidaire, soit par l’intermédiaire d’une modification des humeurs, soit en l’acculant à une situation objective sans issue autre que la mort»; 2. «L’intoxication est une solution alternative, moins extrême, à un problème qui aurait pu se résoudre en suicide»; 3. «L’intoxication est une solution alternative, mais c’est une mauvaise solution, en ce qu’elle n’est que provisoire et mène à un état où le problème resurgit avec encore plus d’acuité, d’autant plus qu’une solution intermédiaire vient d’échouer: le risque d’une solution suicidaire devient très grand» (Les suicides, p. 426). En tant que solution à un problème, la drogue procure du plaisir, elle crée des paradis artificiels qui font oublier les situations de conflit dans la famille* ou à l’école, avec soi-même et avec les autres, elle intègre dans des réseaux d’échange (copains, dealers) et de protection (bénévoles et policiers). Mais le manque se fait sentir cruellement: faim de la drogue et du délire euphorique qui y est associé, recherche d’argent pour s’en procurer. Le sujet entre dans un cercle de type maniaco-dépressif et passe par des phases d’exaltation et de dépression. Sa personnalité se rompt dans un moi intoxiqué, relativement bien dans sa peau, et un moi délirant et déprimé, qui cherche à fuir dans la mort. Derrière le problème de la drogue, il y a sans doute un problème plus fondamental ou plus existentiel que la psychothérapie doit traiter en premier lieu, si possible. On peut se demander: «Dans quelle mesure l’adolescent à problèmes arrivera-t-il aux conduites suicidaires par un simple détour de la drogue, ou bien le détour par la drogue constitue-t-il un facteur d’aggravation? La question n’est pas de pure rhétorique. En effet, dans le premier cas, la drogue est somme toute secondaire […]. Dans le second, la mode peut provoquer artificiellement des évolutions dramatiques» (p. 443). Par «mode», Baechler* entend les habitudes des consommateurs et les disponibilités sur le marché.

Date de création:-1-11-30 | Date de modification:2012-04-18